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Sénégal : information sur les groupes ethniques en Casamance : 1) noms, 2) liens avec la Casamance, 3) position quant à l'indépendance de la Casamance, 4) façon de reconnaître les ethnies par le nom ou le lieu de résidence, 5) appartenance ethnique dans le cas de mariages inter-ethniques, 6) activités récentes touchant les ethnies en Casamance

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Author Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié, Canada
Publication Date 16 July 1992
Citation / Document Symbol SEN11164
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Sénégal : information sur les groupes ethniques en Casamance : 1) noms, 2) liens avec la Casamance, 3) position quant à l'indépendance de la Casamance, 4) façon de reconnaître les ethnies par le nom ou le lieu de résidence, 5) appartenance ethnique dans le cas de mariages inter-ethniques, 6) activités récentes touchant les ethnies en Casamance, 16 July 1992, SEN11164, available at: https://www.refworld.org/docid/3ae6ad8b4.html [accessed 2 June 2023]
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1) Les principales ethnies qui se trouvent dans la région administrative de Ziguinchor, la région la plus peuplée de la Casamance, sont, d'après le recensement de janvier 1990, les Diola (60,7 % de la population totale de la région), les Manding (9,2 %), les Peul (6,3 %), les Wolof (4,5 %), les Manjaag (3,8 %), les Mancagne (2,6 %), les Balant (2,5 %), les Serer (2,4 %), les Toucouleur (2,3 %) et autres (5,7 %) (Afrique contemporaine oct.-déc. 1991, 28). Les Diola dominent dans la Basse Casamance, les Peul dans la Haute Casamance, les Manding et les Balant dans la Moyenne Casamance, et les Manjaag et Mancagne sur la frontière avec la Guinée-Bissau (ibid.). Une autre source ajoute que sont également présents en Casamance les Soninké (Jeune Afrique Plus janv.-fév. 1991, 27).

2) Bien que les Diola considèrent la Casamance comme leur patrie, le peuplement primitif de la région était semble-t-il formé par les Balant qui s'étaient installés aux alentours du site de la ville de Ziguinchor (ibid., 33). Les Manding, Peul, Manjaag, Mancagne, et Sérère ont immigré à des époques diverses; les Wolof, quant à eux, ont toujours eu beaucoup de mal à se faire accepter des Casamançais, car ils ne sont arrivés dans la région qu'avec la colonisation française (Jeune Afrique Plus janv.-fév. 1991, 27). C'est surtout dans les années 1970 qu'ont afflué les «Nordistes», pour la majeure partie des Toucouleur qui se sont engagés dans le commerce, aujourd'hui particulièrement souvent la cible des attaques des indépendantistes diola (ibid.). En fait, tous les « Hal Pulaar » (ethnies reliées aux Peul, tels les Toucouleur), sont plus spécifiquement les cibles des indépendantistes (FBIS 11 déc. 1990, 25).

3) Le séparatisme diola a récemment pris une « dérive ethniste » qui pousse les indépendentistes à chasser tous les non-Diola de la Casamance, surtout par des attentats qui augmentent le degré de terreur chez ces derniers (Jeune Afrique Plus janv.-fév. 1991, 26). Le danger que représente par la montée de violence en Casamance a fait dire récemment à nombre de Toucouleur: « Si les Diola[s] veulent nous chasser de la Casamance, nous partirons vers le Fouta Toro. Mais sur notre chemin, nous tuerons tous les Diola[s] que nous recontrerons » (ibid.). C'est dire que l'aliénation de nombreuses ethnies face à l'irrédentisme diola est grande, bien que le Front Nord du MFDC (voir SEN11165) se montre plus ouvert à un séparatisme pan-casamançais et qu'il puisse ainsi inclure des éléments non-diola. Il reste que les militants du MFDC s'en prennent désormais aux civils aussi bien qu'aux militaires, parfois même à des gens originaires de la région (Libération 8-9 sept. 1990).

4) Il est possible, dans une certaine mesure, d'établir des liens entre certains noms et certains groupes ethniques. Par exemple, les noms Sow, Sy, Diallo, Ly, Bâ, Kâ ou Diallo caractérisent surtout les poulophones (Peul et Toucouleur), alors que les noms Diatta, Kouli, Sonku ou Sagna se retrouvent en général plutôt chez les Diola (Maison d'Afrique, 13 juill. 1992; Ambassade du Sénégal, 13 juill. 1992). Cependant, les noms mentionnés ci-dessus peuvent avoir été adoptés par des membres d'ethnies autres que celles auxquelles ils sont le plus souvent associés, en raison de l'important brassage ethnique qui caractérise le Sénégal (ibid.).

5) Les mariages inter-ethniques ont été et sont toujours fréquents au Sénégal, ce qui fait qu'il est difficle de distinguer parfois un Toucouleur d'un Wolof, par exemple (The New Encyclopaedia Britannica 1989, 917). La jeune fille diola, quant à elle, a semble-t-il le droit de choisir librement son époux (Jeune Afrique Plus janv.-fév. 1991, 27). Ainsi, « la primauté du lignage matriarcal a transformé en diola[s] tous les enfants nés d'une mère diola » (ibid.). Les individus issus de mariages inter-ethniques implicant des Diola ne sont cependant pas tous indépendantistes et leurs affiliations ethniques peuvent varier selon les ethnies ou bien encore être multiples. L'identité ethnique des enfants nés de mariages mixtes varie également selon le milieu, la région et la langue dominante de la famille, bien qu'en droit coutumier, ce soit l'ethnie du père qui prime (Maison d'Afrique, 13 juill. 1992; Ambassade du Sénégal, 13 juill. 1992). Par exemple, les enfants d'une mère diola et d'un père peul pourront s'identifier comme des Peul s'il demeurent dans une région, un quartier ou un milieu social peul, ou encore se considérer plutôt comme des Diola s'ils utilisent la langue diola et vivent dans une région diola (ibid.).

6) Environ la moitié des personnes tuées au cours des dernières années en Casamance sont des « Nordistes » (voir SEN11165) et l'autre moitié des natifs de la Casamance (FBIS 31 août 1990, 58). Voici une liste des activités récentes en Casamance reliées à la violence inter-ethnique:

-Le sous-préfet de Nyassia est blessé lors d'une attaque par des séparatistes casamançais le 21 avril 1990 (FBIS 4 juin 1990, 29).

-Le 28 avril 1990, les villages de Biouloulou, Seleti, Gaol, Gnadiou, Laki, Djibonker et Bendiona sont attaqués au cours desquels de nombreux civils y perdent la vie (FBIS 22 juin 1990, 30; 12 juill. 1990).

- la mi-mai 1990, un attentat à la grenade fait 4 morts et 70 blessés lors d'une cérémonie religieuse musulmane (Libération 29-30 déc. 1990; FBIS 21 mai 1990, 14).

-Dans la nuit du 25 au 26 mai 1990, des rebelles diola ont attaqué, dans le but de tuer tous les instituteurs non diola des villages de Laty, Niadhour et Niagisse (Jeune Afrique Plus janv.-fév. 1991, 25; FBIS 4 juin 1990, 29).

-Six civils sont blessés lors de l'attaque du village de Boutoute par des militants du MFDC en juin 1990 (FBIS 22 juin 1990, 30).

-Le poste douanier de Tanar est attaqué par les rebelles le 26 juillet 1990, dans le cadre d'une vague de violence dans le département de Sedhidou (FBIS 27 juillet 1990, 53).

-Le 31 juillet 1990, l'attaque du poste frontière de Mback fait trois morts parmi les soldats (FBIS 1(er) août 1990, 42; 28 sept. 1990, 59).

-A la mi-août 1990, d'autres rebelles ont attaqué et brûlé le village de Boudiédiate, brûlé vif deux vieillards et égorgé le chef du village, d'origine sérère (Jeune Afrique Plus janv.-fév. 1991, 25; FBIS 20 août 1990, 30).

-Le 22 août 1990, les séparatistes casamançais, apparemment aidés par les villageois diola de Kahem, ont complètement rasé le village peul de Djirack (Jeune Afrique Plus janv.-fév. 1991, 25).

-Un village manjaque est attaqué le 31 août 1990 par les sécessionnistes (FBIS 30 oct. 1990, 27).

-En septembre 1990, les villages de Koutengho, Kaparan, Nema, Binoko, Badiana, Belay, Bignona et Diouloulou sont la scène de violents combats entre l'armée et les rebelles (FBIS 27 nov. 1990, 44).

-Le 6 septembre 1990, au moins 40 personnes perdent la vie lors d'affrontements entre les séparatistes et l'armée dans une région frontalière avec la Guinée-Bissau, ce qui entraîne la fuite de Guinéens se trouvant en Casamance (FBIS 7 sept. 1990, 27; 28; 12 fév. 1991, 43).

-Après une attaque du village de Kanor par les troupes sénégalaises le 21 septembre 1990, les villageois fuient vers la Gambie (FBIS 27 sept. 1990, 28).

-Cinq villageois soupçonnés de fournir soutien et armes aux séparatistes ont été abattus par les forces de l'ordre (Amnesty International 16 oct. 1990).

-En octobre 1990, le village de Banganga (aussi épellé Banana ou Baghagha) était brûlé et huit personnes de l'ethnie toucouleur (poular) étaient froidement assassinées (Jeune Afrique Plus janv.-fév. 1991, 25; FBIS 15 oct. 1990, 30). Deux autres poular étaient tués dans le village de Camaracounda (FBIS 11 déc. 1990, 26).

 -Toujours en octobre 1990, deux personnes présumées membres du MFDC ont été battues à mort par des membres des forces armées dans le village de Kaguitte (Amnesty International 31 oct. 1990).

-En novembre 1990, un Casamançais ayant fui vers la Gambie est mort des suites de la torture aux mains des autorités sénégalaises auxquelles il avait été remis par les autorités gambiennes (Amnesty International 14 nov. 1990).

-Fin novembre 1990, un civil et deux soldats sont tués à Zinguinchor par des indépendantistes (FBIS 3 déc. 1990, 29).

-En décembre 1990, des rebelles attaquent un autobus près de la ville de Tatakalouse, tuant le conducteur et blessant trois passagers (FBIS 31 déc. 1990. 58).

-La nuit du 20 décembre 1990, les séparatistes attaquent l'Institut sénégalais de la recherche agricole à Ziguinchor (FBIS 5 mars 1991, 86).

-En février 1991, le village balant de Simbandi a été incendié, causant la mort de deux personnes (Libération 5 mar. 1991).

-Un échange de tirs entres séparatistes et forces de l'ordre fait six morts parmi les civils au coeur même de la capitale régionale Ziguinchor (quartier de Boutoute) au mois de mars 1991 (ibid.).

-Le 18 mars 1991, cinq séparatistes qui venaient d'attaquer le village de Kaguit, de même que trois civils, ont été tués par l'armée (Le Monde 24-25 mars 1991).

-Un accord de paix est signé le 31 mai 1991 entre le gouvernement sénégalais et le MDFC (Africa Research Bulletin 1-31 janv. 1992, 104310.

-Un député et un conseiller agricole sont tués par un groupe de rebelles près du village de Joey le 22 décembre 1991 (FBIS 24 déc. 1991, 26; Africa Research Bulletin 1-31 janv. 1992, 10431). L'accord de paix est brisé (Africa Confidential 17 avril 1992).

-Au début de janvier 1992, des villageois fuient les régions frontalières avec la Gambie suite à des attaques par les séparatistes, ayant pris pour cible, entre autres, un chef du village de Tambacounda; ces événements font suite à l'établissement d'une commission de paix (FBIS 3 fév. 1992, 27; Africa Research Bulletin, 1-31 janv. 1992, 10431; ibid. 1-29 fév. 1992, 10472).

-Les séparatistes sont toujours actifs mais les divisions au sein du MFDC limitent les activités, tout en étant présage des luttes intestines en Casamance (Africa Confidential 17 avril 1992).

Références et documents annexés

Africa Confidential [Londres]. 17 avril 1992. « Casamance Won't Go Away ».

Africa Research Bulletin [Londres]. 1-29 février 1992. «Senegal: Casamance Attack», p. 10472.

. 1-31 janvier 1992. « Selegal: Casamance Joint Commission », p. 10431.

Afrique contemporaine [Paris]. Octobre-décembre 1991. « Pour une solution définitive du conflit en Casamance ».

Ambassade du Sénégal, Ottawa. 13 juillet 1992. Entretien téléphonique avec un représentant pour les affaires culturelles.

Amnesty International. 10 janvier 1991. Senegal: Torture Escalates in South, Extrajudicial Executions Reported for the First Time in Recent Years. Londres: AI Index AFR/49/03/91.

. 14 novembre 1990. Urgent Action. Londres: AI Index AFR 49/07/90.

. 31 octobre 1990. Urgent Action. Londres: AI Index AFR 49/06/90.

. 16 octobre 1990. Urgent Action. Londres: AI Index AFR 49/05/90.

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Jeune Afrique Plus [Paris]. Janvier-février 1991. « Violence en Casamance ».

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.29-30 décembre 1990. « Psychose indépendantiste en Casamance ».

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Maison d'Afrique, Montréal. 13 juillet 1992. Entretien téléphonique avec un représentant pour le Sénégal.

Le Monde [Paris]. 24-25 mars 1991. « Sénégal: au moins cinq séparatistes de Casamance tués ».

The New Encyclopaedia Britannica. 1989. Vol. 29 (Macropaedia). Londres: Encyclopaedia Britannica.

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