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République démocratique du Congo : information sur l'Église de Joseph Mukungubila et sur les attaques du 30 décembre 2013, y compris les personnes impliquées; traitement réservé par les autorités aux membres de l'Église ainsi qu'à la famille de M. Mukungubila (2006-avril 2014)

Publisher Canada: Immigration and Refugee Board of Canada
Publication Date 30 April 2014
Citation / Document Symbol COD104863.F
Related Document(s) Democratic Republic of Congo: Joseph Mukungubila's church and the 30 December 2013 attacks, including the individuals involved; treatment of the church members and of Mr. Mukungubila's family by the authorities (2006 April 2014)
Cite as Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, République démocratique du Congo : information sur l'Église de Joseph Mukungubila et sur les attaques du 30 décembre 2013, y compris les personnes impliquées; traitement réservé par les autorités aux membres de l'Église ainsi qu'à la famille de M. Mukungubila (2006-avril 2014), 30 April 2014, COD104863.F, available at: https://www.refworld.org/docid/577b693e4.html [accessed 31 May 2023]
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Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Église de Joseph Mukungubila

Des sources présentent Joseph Mukungubila [aussi appelé Paul-Joseph Mukungubila Mutombo et Gideon Mukungubila] comme un « prophète » autoproclamé (France 24 30 déc. 2013; Jeune Afrique 30 déc. 2013). Il est aussi connu comme le leader d'un mouvement politico-religieux, « le Ministère de la restauration à partir de l'Afrique noire » (ibid.; France 24 30 déc. 2013). Le siège de ce mouvement se trouverait à Lubumbashi [province du Katanga, République démocratique du Congo (RDC)] (Afrikarabia 6 mars 2014). France 24 - un regroupement de trois chaînes de télévision d'information continue - signale par ailleurs qu'il serait un ancien militaire (France 24 30 déc. 2013).

Selon le site de nouvelles en ligne Afrik.com, M. Mukungubila serait connu comme un « illuminé » (Afrik.com 30 déc. 2013). Il aurait pour objectif de libérer le peuple congolais de « l'esclavage rwandais » (Jeune Afrique 30 déc. 2013). Dans le site Internet du Ministère de la restauration à partir de l'Afrique noire, M. Mukungubila est décrit comme « le Prophète de l'Éternel »; son message est d'« annonce[r] l'évangile, [de] proclame[r] un jour de vengeance de l'Éternel notre Dieu », et sa mission est de « rétablir toutes choses avant le retour du Seigneur Jésus » (Ministère de la restauration à partir de l'Afrique noire s.d.). Des sources présentent cette Église comme « l'Église des sacrificateurs des saints des derniers jours » (La Prospérité 6 janv. 2014; Xinhua 4 janv. 2014). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés pour la présente réponse, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres appellations pour l'Église de M. Mukungubila que celle mentionnée ci-dessus et ainsi que le « Ministère de la restauration à partir de l'Afrique noire ».

Dans une entrevue accordée à France 24, un journaliste congolais a affirmé que M. Mukungubila est connu pour avoir [traduction] « toujours condamné et insulté le gouvernement » (30 déc. 2013). Des sources affirment qu'avant les attaques du 30 décembre 2013 (relatées ci-dessous), M. Mukungubila avait écrit une lettre ouverte [ou deux (Jeune Afrique 31 déc. 2013)] exprimant son mécontentement au sujet du président Kabila (Jeune Afrique 31 déc. 2013; The Telegraph 30 déc. 2013), l'accusant d'entretenir des relations [traduction] « trop étroites » avec le Rwanda (ibid.). Selon des sources, M. Mukungubila a été candidat à l'élection présidentielle de 2006 (ibid.; Jeune Afrique 31 déc. 2013).

2. Attaques du 30 décembre 2013

Selon des sources, le 30 décembre 2013, la ville de Kinshasa, capitale de la RDC, a subi de multiples attaques, attribuées à des groupes armés dirigés par M. Mukungubila (France 24 30 déc. 2013; Jeune Afrique 31 déc. 2013; Afrik.com 30 déc. 2013). Ils s'en sont pris au siège de la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC), à l'aéroport de Kinshasa et au camp militaire de Tshatshi (ibid.; Le Soir avec AFP 30 déc. 2013). D'autres sources affirment que le siège du ministère de la Défense aurait aussi été attaqué (Jeune Afrique 30 déc. 2013; The Telegraph 30 déc. 2013).

Des sources rapportent que des hommes armés sont entrés au siège de la RTNC et qu'ils ont pris deux journalistes en otage; ensuite, une déclaration qui aurait été écrite par M. Mukungubila a été lue en ondes, promettant la libération du peuple congolais de [traduction] « l'esclavage rwandais » (ibid.; France 24 30 déc. 2013). Peu après cette prise de contrôle, des « tirs intenses » auraient éclaté à l'aéroport international de Kinshasa (Afrik.com 30 déc. 2013).

On peut lire dans un article d'Afrik.com publié le jour même des attaques que les autorités affirmaient avoir repris le contrôle de la situation à Kinshasa, « y compris à l'aéroport » (ibid.).

Selon des articles de presse publiés dans les jours suivant l'événement, les attaques qui se sont produites dans la capitale auraient entraîné la mort d'une quarantaine (The Telegraph 30 déc. 2013; France 24 30 déc. 2013; Jeune Afrique 30 déc. 2013) à plus d'une centaine de personnes (Reuters 31 déc. 2013; Xinhua 4 janv. 2014). Un article d'Afrikarabia précise que « [l]'assaut des forces de sécurité congolaises » aurait fait 43 morts parmi les adeptes de M. Mukungubila (6 mars 2014). Cependant, en mars 2014, Afrikarabia rapportait aussi que d'après un rapport produit par des ONG locales, 214 personnes auraient été « tuées par balle » (Afrikarabia 6 mars 2014). Ces ONG auraient également dénoncé « "l'usage excessif et disproportionné de la force létale, en utilisant notamment des armes de guerre" » (ibid.).

Au cours d'un entretien avec France 24 le 30 décembre 2013, M. Mukungubila aurait admis que certains de ses adeptes se trouvaient parmi les assaillants. Puis, dans une entrevue accordé à Jeune Afrique le 31 décembre 2013, M. Mukungubila a déclaré que ses adeptes ont commis ces attaques parce qu'il « venai[t] d'être attaqué pour la cinquième fois par le pouvoir en place à Kinshasa ». Il a affirmé que l'attaque n'avait pas été préméditée, et qu'il s'agissait plutôt d'un « mouvement de colère » qu'il a qualifié de « spontané » (Jeune Afrique 31 déc. 2013). Il a aussi affirmé que les attaquants n'étaient pas armés (ibid.). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés pour la présente réponse, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autre information allant en ce sens.

3. Traitement réservé aux fidèles de M. Mukungubila

Un rapport publié en 2006 par la Mission de l'Organisation des Nations Unies en RDC (MONUC) affirme ce qui suit :

Un candidat à la présidentielle, le pasteur Paul Joseph Mukungubila, a été menacé et 18 de ses sympathisants ont été arbitrairement arrêtés à Kinshasa le 5 avril et illégalement détenus pendant trois jours. Quatre minibus et deux camions chargés de militaires et de policiers sont arrivés à la résidence privée du pasteur pour procéder à leur arrestation (Nations Unies 27 juill. 2006).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés pour la présente réponse, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autre information allant en ce sens.

3.1 Traitement réservé aux fidèles de M. Mukungubila après les attaques du 30 décembre 2013

Selon des médias, les autorités gouvernementales de la province du Katanga ont fermé l'Église de M. Mukungubila à la suite des attaques du 30 décembre 2013 (Xinhua 4 janv. 2014; La Prospérité 6 janv. 2014).

Selon un article publié par Jeune Afrique, Déborah Nkulu, fille de M. Mukungubila, a affirmé qu'après les attaques du 30 décembre 2013, les adeptes de M. Mukungubila ont été « "traqués" » par les forces de l'ordre, puis que « "[c]ertaines femmes de l'Église du pasteur Mukungubila ont été même violées, avant d'être arrêtées. D'autres fidèles ont été enterrés vivants" » (11 mars 2014). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés pour la présente réponse, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant en ce sens.

Selon un article publié par Afrikarabia, un site Internet sur l'actualité en RDC et en Afrique centrale, un rapport d'ONG locales affirme que « plusieurs centaines de sympathisants du pasteur Mukungubila auraient été fait[s] prisonniers à Lubumbashi et [à] Kolwezi » (Afrikarabia 6 mars 2014). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés pour la présente réponse, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant en ce sens.

4. Traitement réservé aux membres de la famille de Joseph Mukungubila

Selon des sources, la famille de M. Mukungubila a fui Lubumbashi en janvier 2014 après les attaques du 30 décembre 2013 (ibid.; Jeune Afrique 11 mars 2014). On peut lire dans l'article d'Afrikarabia que « sept de ses femmes [celles de M. Mukungubila], avec leurs soeurs et leurs enfants, fuient Lubumbashi et se réfugient en Zambie voisine [...] au plus fort de la répression policière » (Afrikarabia 6 mars 2014). Des sources affirment que 11 ou 12 proches du pasteur Mukungubila ont été arrêtés en Zambie le 14 janvier 2014 et qu'ils sont détenus dans la capitale, Lusaka (ibid.; Jeune Afrique 11 mars 2014). Ces proches de M. Mukungubila, sans papiers ou avec de fausses identités, demandent l'asile à la Zambie, craignant la « "persécution" » s'ils sont renvoyés en RDC (ibid.). Des sources affirment que les autorités zambiennes ont rejeté ces demandes à deux reprises (ibid.; Afrikarabia 6 mars 2014). Selon l'article d'Afrikarabia, ces demandes d'asile politique ont été soumises avec l'aide du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (ibid.).

Un article de Jeune Afrique affirme que Déborah Nkulu a identifié sa mère, cinq autres femmes de M. Mukungubila, un garçon de quatre mois, une fille de quatre ans, une cousine, deux soeurs d'autres femmes du pasteur ainsi qu'une femme qui est membre de l'Église de M. Mukungubila comme étant les personnes qui ont fui vers la Zambie (11 mars 2014).

Dans une entrevue accordée à Afrikarabia, Rossi Ampion, membre de la Ligue des droits de l'homme (LDH) et « proche du mouvement de Mukungubila », a déclaré qu'il y a « une vraie chasse à l'homme au Katanga [province de la RDC] pour traquer les membres de notre mouvement de Mukungubila » (Afrikarabia 6 mars 2014). Selon Afrikarabia, les relations politiques entre la Zambie et la RDC sont « excellentes » : le président de la Zambie est « l'un des meilleurs alliés de Joseph Kabila dans la région » (ibid.). Selon Rossi Ampion, c'est pour cette raison que la Zambie refuse d'accepter les membres de la famille Mukungubila comme réfugiés (ibid.). De même, Déborah Nkulu, dans une entrevue qu'elle a accordée à Jeune Afrique, affirme que le refus de la Zambie n'est qu'une « machination politique » :

Lorsqu'on sait que le président zambien et son homologue congolais sont en bonnes relations, la position de Lusaka dans ce dossier nous inquiète, car les autorités zambiennes menacent même de renvoyer ces proches du pasteur Mukungubila en RDC [...] Toutes ces personnes risquent d'être éliminées, si la Zambie les renvoie en RDC (Jeune Afrique 11 mars 2014).

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés pour la présente réponse, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autre information allant en ce sens.

Selon Jeune Afrique, un conseiller du ministre de l'Intérieur de la RDC a affirmé que « le fait d'être membre de [la] famille de cette personne [Joseph Mukungubila] [...] ne constitue pas une infraction » et que ses proches « n'ont rien à se reprocher, sont les bienvenu[s] sur leur territoire national » (ibid.).

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Références

Afrik.com. 30 décembre 2013. Assanatou Baldé. « Tentative de coup d'État en RDC, 40 morts ». [Date de consultation : 14 avr. 2014]

Afrikarabia. 6 mars 2014. Christophe Rigaud. « Des proches du pasteur Mukungubila menacés d'expulsion en Zambie ». [Date de consultation : 24 avr. 2014]

France 24. 30 décembre 2013. Leela Jacinto. « Who Is Congo's Mukungubila: 'Prophet' or Coup Mastermind? ». [Date de consultation : 14 avr. 2014]

Jeune Afrique. 11 mars 2014. Trésor Kibangula. « RDC : détenues en Zambie, six femmes du pasteur Mukungubila craignent pour leur vie ». [Date de consultation : 22 avr. 2014]

_____. 31 décembre 2013. Trésor Kibangula. « RDC - Paul-Joseph Mukungubila : "Ils nous ont massacrés pour rien" ». [Date de consultation : 23 avr. 2014]

_____. 30 décembre 2013. Mathieu Olivier et Trésor Kibangula. « RDC : quatre choses à savoir sur Paul-Joseph Mukungubila ». [Date de consultation : 22 avr. 2014]

Ministère de la restauration à partir de l'Afrique noire. S.d. « Accueil ». [Date de consultation : 29 avr. 2014]

Nations Unies. 27 juillet 2006. Mission de l'Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC). « La situation des droits de l'homme en République Démocratique du Congo (RDC) au cours de la période de janvier à juin 2006 ». [Date de consultation : 28 avr. 2014]

La Prospérité [Kinshasa]. 6 janvier 2014. Grace Ewawa. « Katanga : l'église de Mukungubila fermée ! ». [Date de consultation : 28 avr. 2014]

Reuters. 31 décembre 2013. « Congo "Prophet" Mukungubila Says Criticism of Kabila Prompted Violence ». [Date de consultation : 24 avr. 2014]

Le Soir [Bruxelles] avec Agence France-Presse (AFP). 30 décembre 2013. « Prise d'otages en RDC : la tentative de coup d'État est peu plausible ». [Date de consultation : 16 avr. 2014]

The Telegraph. 30 décembre 2013. Aislinn Laing. « Kinshasa on Edge as Attempted Coup Put Down in Democratic Republic of Congo ». [Date de consultation : 14 avr. 2014]

Xinhua. 4 janvier 2014. « RDC : l'Église du prophète Mukungubila fermée jusqu'à nouvel ordre ». [Date de consultation : 28 avril 2014]

Autres sources consultées

Sources orales : Les tentatives faites pour joindre des représentants de l'organisation suivante ont été infructueuses : Reporters sans frontières.

Sites Internet, y compris : Africa Confidential; Africa Time; Afrik.com; AllAfrica; Amnesty International; British Broadcasting Corporation; ecoi.net; États-Unis - Department of State; Fédération internationale des ligues des droits de l'homme; Human Rights Watch; International Crisis Group; Nations Unies - MONUSCO, Refworld; Small Arms Survey.

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