Les États exhortés à capitaliser sur les progrès accomplis depuis le Forum mondial sur les réfugiés
Un partage accru des responsabilités par les gouvernements est essentiel pour maintenir l'élan dans la recherche de nouvelles solutions face aux déplacements au niveau mondial, rappelle Filippo Grandi, Haut Commissaire du HCR, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés.
Des progrès encourageants ont été réalisés par les gouvernements et d'autres parties prenantes dans le respect de leurs engagements à trouver de nouveaux moyens de soutenir les 84 millions de personnes déplacées de force dans le monde et les communautés qui les accueillent, a déclaré Filippo Grandi.
Ce bilan a été dressé à l'issue d'une réunion de deux jours réunissant des hauts fonctionnaires, des réfugiés, des représentants du secteur privé et d'autres parties prenantes pour faire le point sur les progrès accomplis dans la réalisation des engagements pris lors du Forum mondial sur les réfugiés de 2019. Plus de 1 400 promesses ont été formulées lors du Forum - et 200 autres depuis - pour transformer le Pacte mondial sur les réfugiés de 2018 en actions concrètes.
Filippo Grandi a salué les résultats obtenus depuis lors, malgré l'impact dévastateur de la pandémie de Covid-19. Il a également exhorté les gouvernements et autres parties prenantes à redoubler d'efforts dans un esprit « de véritable partage des responsabilités et de solidarité » avant le prochain Forum, dans deux ans.
« J'ai été très impressionné par une grande partie de ce que j'ai entendu en termes de progrès réalisés malgré tous les défis », a-t-il déclaré aux participants à la réunion virtuelle de haut niveau. « Si vous n'êtes pas convaincus, regardez les déclarations des pays hôtes... Nous avons entendu déclaration après déclaration la mise à jour des engagements qu'ils ont pris il y a deux ans », a-t-il renchéri.
« Les donateurs ont également indiqué que, de leur point de vue, le partage des responsabilités était en cours. Financièrement, oui - et bien sûr, nous devons toujours en faire plus - mais aussi en termes de politiques, de lois et de soutien pratique. »
Pour maintenir cette dynamique, Filippo Grandi a déclaré qu'il fallait maintenant faire davantage pour trouver des solutions pour les réfugiés, les personnes déplacées à l'intérieur de leurs pays et les apatrides. Il a également souligné la nécessité d’alléger la pression sur les pays disposant de moins de ressources et qui sont ceux qui accueillent le plus ces personnes.
« L'appel des pays d'accueil est très clair : ils ont besoin de meilleures ressources. Ils ont besoin de plus d'aide humanitaire et de développement », a rappelé le Haut. « Nous devons le faire dans un esprit de solidarité - faire passer les gens avant la politique. Sans un véritable partage des responsabilités, il nous sera difficile de concrétiser cette solidarité. »
Deux des voies les plus visibles par lesquels les nations peuvent démontrer leur engagement en faveur d’un partage des responsabilités consistent à garantir l'accès à l'asile aux personnes contraintes de fuir et d'offrir davantage de places de réinstallation aux réfugiés, a également souligné Filippo Grandi.
Ce message a également été mis en avant par Ignazio Cassis, de la Suisse, l’un des hôtes de l’événement : « La réalisation des objectifs fixés par le Pacte mondial sur les réfugiés... exige une plus grande prévisibilité et une plus grande équité dans la répartition des personnes déplacées entre les pays. »
Bien que la conférence n'ait pas été destinée à recueillir des promesses, plus de 50 nouvelles promesses et initiatives ont été annoncées par des États, des organisations internationales, des organisations non gouvernementales, des groupes confessionnels, le secteur privé, des réseaux de villes entre autres acteurs. Les États-Unis et la Belgique se sont notamment engagés à augmenter le nombre de places de réinstallation et d'autres voies d'entrée pour les réfugiés.
De nouveaux engagements ont également été pris pour s'attaquer à la question de l'apatridie, notamment une promesse des États-Unis d'adopter une procédure de détermination pour donner aux personnes sans nationalité dans le pays un statut juridique et des droits plus importants. D'autres initiatives sur l'apatridie ont été annoncées par l'Islande, la Belgique, le Burundi et l'Eswatini.
D'autres engagements dans des domaines tels que le financement, la délivrance de documents d'état civil, le soutien à la capacité d'asile et l'accès à l'éducation, aux soins de santé et à d'autres services ont été pris par des pays comme l'Autriche, le Burundi, les Pays-Bas et le Kirghizstan.
Parmi les autres initiatives menées par des villes, des ONG et le secteur privé, le HCR a signé un protocole d'accord avec la Communauté de Sant'Egidio - une organisation confessionnelle active dans 73 pays - afin d'établir un cadre pour un meilleur accès humanitaire et des réponses opérationnelles renforcées aux crises des réfugiés.
Bien qu'il se soit tenu virtuellement en raison des préoccupations liées au Covid-19, l'événement a rassemblé plus de 1 300 participants. Plus de 130 réfugiés ont été invités à participer, et ils ont fréquemment demandé à être davantage impliqués dans les prises de décision qui affectent leur vie et leur avenir.
« Les crises de réfugiés ne sont pas insurmontables. »
« Nous avons déjà prouvé que nous sommes des acteurs importants, et pas seulement des bénéficiaires », a souligné Nathaly Raquel Machado Velasco, membre du Réseau d'étudiants réfugiés du Salvador dans l’enseignement tertiaire, qui vit actuellement au Mexique, dans une déclaration au nom de 30 organisations dirigées par des réfugiés.
« La participation des réfugiés n'est pas seulement un impératif éthique mais elle nous permet d'apporter nos connaissances et notre expérience dans la formulation des politiques et la prise des décisions », a-t-elle ajouté.
Jeune chercheuse et réfugiée afghane vivant au Pakistan, Asma Rabi a exhorté les décideurs à considérer les jeunes réfugiés comme des alliés pour relever le défi du déplacement dans le monde.
« Je crois fermement que les crises de réfugiés ne sont pas insurmontables - c'est gérable », a-t-elle déclaré. « Cela nécessite des politiques, et cela nécessite des solutions. Tant que nous avons accès à ces conversations, nous pouvons aider. »
« Nous pouvons influencer positivement la vie des gens. »
Outre les engagements individuels, plusieurs nouvelles initiatives conjointes ont été annoncées, notamment le Fonds pour la protection de l'environnement des réfugiés, qui contribuera au financement de projets innovants de reforestation et de production de carburants propres dans les zones d'accueil des réfugiés. Le Refugee Connected Education Challenge, visera quant à lui la stimulation de l'apprentissage numérique et la connectivité pour les réfugiés et les étudiants déplacés.
L'initiative conjointe de la Société financière internationale et du HCR sur les solutions du secteur privé pour les personnes déplacées et leurs hôtes facilitera la participation des entreprises comme partenaires et investisseurs dans les opportunités économiques pour les réfugiés et leurs communautés d'accueil.
Dans la perspective du prochain Forum mondial sur les réfugiés, prévu en décembre 2023, Filippo Grandi a prévenu que le discours politique sur l'asile dans de nombreux pays, ainsi que les conséquences économiques de la pandémie, ne garantissaient pas des résultats positifs.
« Mais si nous travaillons ensemble, nous pouvons influencer positivement la vie des gens », a-t-il assuré. « Si nous venons au Forum mondial sur les réfugiés ... avec un plus grand partage des responsabilités, avec un plus grand esprit de solidarité, nous n’obtiendrons peut-être pas tout, mais nous garderons espoir. Et c'est ce qui compte le plus - pour nous, mais surtout pour les personnes en déplacement. »