Des statistiques mettent en lumière le sort des réfugiés et des migrants vénézuéliens expulsés de leurs logements au cours de la pandémie
Après avoir perdu leurs revenus à cause du Covid-19, les réfugiés et les migrants vénézuéliens expulsés de leurs habitations se retrouvent plus exposés que jamais, comme en témoignent des statistiques présentées sous un format graphique.
L'effondrement des activités économiques informelles et la perte d'emplois dans toute l'Amérique latine suite aux confinements liés au Covid-19 l'année dernière ont empêché de nombreux réfugiés et migrants du Venezuela de payer leur loyer. Nombreux sont ceux qui se sont retrouvés sans-abris, comme le révèlent des données publiées ce lundi 25 octobre 2021.
À ce jour, la combinaison de la violence, de l'insécurité et du manque de nourriture, de médicaments et d'autres services au Venezuela a déjà contraint plus de 5,9 millions de personnes à fuir le pays. Cela a créé l'une des plus graves crises de déplacement au monde. Plus de 80% de ces personnes ont fui vers d'autres pays d'Amérique latine et des Caraïbes, la Colombie et le Pérou en accueillant la majorité.
Une version graphique de ces données - Exilés et sans toit - a été produite par les partenaires de la Plateforme régionale de coordination inter-agence pour les réfugiés et les migrants du Venezuela (R4V), avec le soutien du HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés. Les données présentées s’appuient sur une enquête menée en 2020 auprès de vénézuéliens déplacés qui avaient été expulsés ou s'étaient vu signifier un avis d'expulsion. Les trois quarts de ceux qui ont perdu leur logement vivent désormais dans la rue. Une proportion considérable, soit 80% des personnes expulsées étaient des femmes, dont plus de la moitié étaient les seules pourvoyeuses de ressources de leur famille.
« La pandémie de COVID-19 a aggravé les conditions de vie déjà précaires des réfugiés et des migrants du Venezuela. Outre de graves répercussions sur la santé, la crise sanitaire a provoqué des perturbations économiques et exacerbé les risques en matière de protection », déclarait en décembre dernier Eduardo Stein, représentant spécial conjoint HCR-OIM pour les réfugiés et les migrants vénézuéliens.
En plus de la perte de leurs logements, de nombreuses familles expulsées ont été exposées à un risque accru de contamination par le virus et ont eu plus de mal à accéder aux services de base, notamment à l'eau et à l'assainissement. Parmi les autres risques associés, figurent notamment la discrimination et la xénophobie - notamment à l'encontre de ceux qui sont contraints de vivre dans la rue -, l'exposition à la violence et l'abandon de l'école par les enfants ou leur recrutement par des groupes armés et le crime organisé.
Outre la précarité de leurs moyens de subsistance, l'absence de contrats de location formels pour plus de trois quarts des personnes interrogées est un facteur clé de vulnérabilité des vénézuéliens déplacés qui se retrouvent exposés à l'expulsion forcée, à l'exploitation et aux abus des propriétaires.
Les données présentées révèlent que seul un tiers des familles expulsées et un cinquième de celles qui risquent de perdre leurs logements ont bénéficié d’aides au logement ou d’une assistance juridique pour leur éviter l'expulsion.
Sur la base de ces statistiques, les organisations membres de la plateforme R4V appellent les donateurs internationaux à allouer des ressources pour une amélioration de l'accès à des logements adéquats pour les vénézuéliens déplacés, et les organisations sur le terrain à concentrer l'aide sur les familles qui ont été expulsées ou celles qui sont en danger imminent.