Une famille ukrainienne trouve un nouveau foyer en Moldavie
Nadejda et Vitalie, deux entrepreneurs, ont converti leurs bureaux en un lieu d'accueil pour les réfugiés, parmi lesquels Veronika, six ans, et sa famille originaire d'Odessa.
Veronika, une réfugiée ukrainienne de 6 ans, est photographiée à l'extérieur du logement de sa famille situé dans les bureaux reconvertis d'une entreprise de fabrication de palettes en Moldavie. © HCR/Caroline Bach
Nadejda Grosu et Vitalie Ovcearenco venaient d'emménager dans leurs nouveaux bureaux à Ialoveni, près de la capitale moldave Chisinau, lorsque les images de réfugiés fuyant la guerre en Ukraine ont envahi les chaînes d'information.
L'entreprise du couple est spécialisée dans la fabrication de palettes en bois pour les marchés locaux et l'exportation. Ils étaient en train d'étendre leurs activités lorsque des milliers de personnes, principalement des femmes et des enfants, ont commencé à arriver à la frontière. Émus par les souffrances dont ils étaient témoins, ils ont immédiatement décidé d'accueillir autant de personnes que possible.
« Nous ne pouvions plus nous concentrer sur l'expansion de notre entreprise alors que des gens souffraient sous nos yeux », a expliqué Vitalie. « Nous avons donc commencé à convertir notre bureau en un centre d'hébergement pour les réfugiés. »
Cela a nécessité le déménagement de tout leur équipement dans le petit bureau qu'ils avaient récemment quitté, et la transformation du nouveau bureau par l'ajout de cloisons, l'installation de toilettes et de la plomberie, et l'achat de lits et d'autres meubles pour le rendre aussi confortable et accueillant que possible.
Moins de deux semaines après le début du conflit, le 24 février, Nadejda Karpenko et ses filles Oleksandra, 15 ans, et Veronika, 6 ans, ont été les premières occupantes du bureau nouvellement réaménagé. Elles avaient fui après des jours de bombardements incessants à proximité de leur maison dans la ville portuaire d'Odessa sur la mer Noire, laissant derrière elles le mari de Nadejda et son fils de 20 ans.
« Le trajet ne nous a pris que deux heures, mais une fois arrivés à la frontière, je ne connaissais personne en Moldavie à qui demander de l'aide », raconte Nadejda. Mais grâce à des informations partagées par des bénévoles sur les réseaux sociaux, elle est entrée en contact avec ses nouveaux hôtes et s'est rendue à son nouveau logement.
Nadejda Grosu (à gauche) a noué une forte amitié avec Nadejda Karpenko depuis qu'elle et son mari ont accueilli la mère de famille ukrainienne et ses filles. © HCR/Caroline Bach
« C'est ainsi que nous avons été mis en relation avec Nadejda et Vitalie, et nous avons beaucoup de chance d'avoir été accueillis par cette famille incroyablement généreuse », confie Nadejda au sujet de son homonyme et amie moldave et de son mari.
Depuis le début de la guerre, environ 480 000 réfugiés sont entrés en Moldavie. La plupart d'entre eux ont poursuivi leur route vers d'autres pays, mais quelque 100 000 personnes - principalement des femmes et des enfants - se trouvent encore en Moldavie, la grande majorité dans des familles d'accueil.
La Moldavie a répondu à la crise par une mobilisation massive des citoyens, des associations communautaires, de la société civile et des services gouvernementaux pour venir en aide aux nouveaux arrivants.
Des plateformes virtuelles ont vu le jour pour mettre en relation les personnes fuyant l'Ukraine et celles qui proposent leur aide. Cependant, face à la prolifération des initiatives de ce genre au début de la crise, le gouvernement a mis en place une plateforme centralisée - dopomoga.gov.md - pour diffuser des informations sur des questions telles que le logement, le transport et les soins médicaux, et pour assurer une meilleure protection des réfugiés.
« Nadejda et Vitalie incarnent l'accueil chaleureux que les Moldaves réservent aux réfugiés ukrainiens depuis le premier jour », a déclaré Francesca Bonelli, la représentante du HCR, l'agence des Nations Unies pour les réfugiés, en Moldavie. « Je tiens à remercier le gouvernement et le peuple moldave d'avoir ouvert leurs frontières, leurs maisons et leurs cœurs aux personnes fuyant l'Ukraine. »
En Moldavie, le HCR propose des aides en espèces aux réfugiés tels que Nadejda et sa famille, leur permettant de donner la priorité à leurs besoins les plus urgents, ainsi qu'une gamme d'autres services d'assistance et de protection. Francesca Bonelli a réaffirmé l'engagement du HCR à travailler en étroite collaboration avec le gouvernement pour s'assurer que les réfugiés reçoivent tout l'appui dont ils ont besoin.
Le Programme alimentaire mondial apporte un soutien similaire aux familles d'accueil comme celle de Nadejda et Vitalie, afin de les aider à supporter une partie des coûts. « Nos hôtes ont reçu leur premier versement et nous avons également reçu une aide exceptionnelle en espèces, ce que nous apprécions », confirme Nadejda.
Si la famille a accueilli jusqu'à 20 personnes à la fois, Nadejda et ses filles sont les seules à être restées sur place : « Nous aimerions rester près de chez nous et parmi nos amis jusqu'à ce que nous puissions rentrer. »
Nadejda et Vitalie se disent prêts à aider les réfugiés « tant qu'ils en auront besoin », mais ajoutent qu'au fil du temps, il faudra mettre en place davantage d'activités pour les occuper. « J'apprécierais qu'une aide vienne de quelque part afin de permettre à nos hôtes de s'occuper pendant la journée, alors que nous sommes tous pris par notre routine quotidienne », a indiqué Nadejda.
Le HCR collabore avec les autorités en vue de créer des opportunités socio-économiques pour les réfugiés et les jeunes moldaves afin qu'ils puissent se prendre en charge et contribuer à l'économie nationale.
- Voir aussi : Mon conseil aux autres enfants en tant que réfugiée d’Ukraine : appréciez la vie au jour le jour
Veronika, la fille cadette de Nadejda, n'a quant à elle aucun mal à trouver de quoi s'occuper. Elle passe ses journées à jouer avec Bars, le chien de sa famille d'accueil, ses nombreux jouets et son précieux télescope, qu'elle a fièrement montré lors de sa conversation vidéo avec Ben Stiller, Ambassadeur de bonne volonté du HCR.
Cependant, la mère de Veronika a confié à l'acteur que c'était la nuit que les conséquences de leur situation pesaient le plus lourdement sur sa plus jeune enfant. « Son frère, sa grand-mère et son père lui manquent. Elle pleure parfois beaucoup la nuit », avait confié Veronika.
« Je veux rentrer à la maison », insiste Veronika. « Mes camarades de jeu Maxim, Andal, Vishnurat me manquent et j'aimerais jouer à nouveau avec eux. »
En attendant, elle et sa famille sont en sécurité chez Nadejda et Vitalie, dont la réactivité face à cette situation illustre l'aide offerte par tant de personnes en Moldavie. Ben Stiller l’a résumée en leur disant : « Votre générosité est une source d'inspiration pour beaucoup dans le monde entier. »