Des programmes de protection essentiels pour les déplacés en RDC

Dans l'est de la RDC, où un conflit sans fin a provoqué le déplacement de millions de personnes, le HCR collabore avec des organisations locales pour fournir une aide juridique et psychosociale aux communautés.

Rosette*, une victime de violences sexuelles, et son père devant leur maison à Masisi, en République démocratique du Congo.
© HCR/Sanne Biesmans

Rosette* n'a que 15 ans mais fait preuve d'un grand courage lorsqu'elle évoque le jour où elle a été attaquée en plein jour par un homme armé.


« Il est apparu soudainement et a exigé mon téléphone. Quand je le lui ai donné, il m'a poussée au sol », raconte Rosette qui était en train d'apporter de la nourriture à sa famille qui travaillait dans les champs à Masisi, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC).

Lorsqu'elle a tenté de s'échapper, l'homme a commencé à la frapper avec un bâton et l'a blessée avec un couteau.

« J'ai commencé à crier quand il a essayé de me violer », ajoute-t-elle.

Des personnes travaillant dans les champs voisins ont entendu ses appels à l'aide et sont venues à son secours. Elles ont maîtrisé l'homme et l'ont remis aux autorités.

« J'ai commencé à crier quand il a essayé de me violer. »

« C'était une expérience très traumatisante. Aujourd'hui encore, je suis sous le choc, mais je suis soulagée de savoir qu'il est en prison maintenant. »

Grâce à des initiatives locales soutenues par le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, l'adolescente a reçu un soutien psychologique et juridique et a été orientée vers des soins médicaux pour l'aider à surmonter le traumatisme et, plus tard, à témoigner devant le tribunal.

  • Rosette* (à gauche), une victime de violence sexuelle, et son père en compagnie d'une travailleuse communautaire devant leur maison à Masisi, en République démocratique du Congo.
    Rosette* (à gauche), une victime de violence sexuelle, et son père en compagnie d'une travailleuse communautaire devant leur maison à Masisi, en République démocratique du Congo.  © HCR/Sanne Biesmans
  • Neema, 35 ans, supervise une initiative de femmes qui aide à mobiliser un soutien en faveur des victimes de violences ou d'abus à Masisi, en République démocratique du Congo.
    Neema, 35 ans, supervise une initiative de femmes qui aide à mobiliser un soutien en faveur des victimes de violences ou d'abus à Masisi, en République démocratique du Congo.  © HCR/Sanne Biesmans
  • Asiteri Nyirasinamanye, 52 ans, pose à l'extérieur, avec les terres agricoles de Masisi en arrière-plan.
    Asiteri Nyirasinamanye, 52 ans, pose à l'extérieur, avec les terres agricoles de Masisi en arrière-plan.  © HCR/Sanne Biesmans
  • Le HCR travaille avec diverses agences pour fournir des services de protection tels que l'assistance juridique dans des centres comme celui-ci à Masisi, en République démocratique du Congo.
    Le HCR travaille avec diverses agences pour fournir des services de protection tels que l'assistance juridique dans des centres comme celui-ci à Masisi, en République démocratique du Congo.  © HCR/Sanne Biesmans

Des milliers de femmes et d'enfants qui, comme Rosette, ont été déplacés par le conflit en cours dans le nord-est de la RDC sont régulièrement exposés à de graves formes de violence et d'abus sexuels.

Pour soutenir les survivants, qu'il s'agisse de femmes, d'hommes ou d'enfants, le HCR s'est associé à des initiatives locales dans la région pour leur fournir une aide juridique et des soins psychosociaux. Cette année, près de 200 femmes et hommes ont bénéficié d'une assistance juridique dans le Nord-Kivu et plus de 500 femmes ont reçu un soutien psychosocial grâce à des programmes conçus et mis en œuvre par des partenaires locaux. Les victimes de violences sexuelles et sexistes sont également orientées vers des structures médicales appropriées.

« Je suis très reconnaissante pour le soutien que nous avons reçu par l'intermédiaire des partenaires du HCR. Ils se sont vraiment battus pour que notre fille obtienne l'aide dont elle avait besoin », confie Ngiko, le père de Rosette.

Mais la situation dans laquelle ils se trouvent est encore loin d'être stabilisée. En juin 2021, Rosette et son père ont dû fuir leur maison avec le reste de la famille. Des groupes armés ont attaqué leur village et ont pris tout ce qu'ils pouvaient - animaux, nourriture, téléphones portables.

« Le peu que nous avions a été emporté », explique Ngiko.

Neema, 35 ans, est à la tête d'une initiative de femmes à Masisi qui est soutenue par le HCR et qui vise à mobiliser une action sociale, en particulier pour les femmes qui sont touchées par la violence ou les abus.

« Tous les jours, on assiste à des massacres et on voit des gens chassés de chez eux. Les femmes et les enfants sont particulièrement vulnérables », confie-t-elle lors d'une visite où elle prend des nouvelles de Rosette et de sa famille.

« Beaucoup croient que la justice est pour ceux qui ont de l'argent et de grands moyens. »

Elle ajoute que les femmes déplacées sont souvent exposées à de graves abus, comme le viol, au cours de leur déplacement, et que rares sont celles qui parviennent à obtenir justice.

« Beaucoup pensent que la justice est pour ceux qui ont de l'argent et de grands moyens, pas pour les personnes les plus vulnérables », ajoute-t-elle.

Mais grâce aux formations dispensées par le HCR et ses partenaires, des leaders communautaires comme Neema sont devenus les moteurs du changement et les défenseurs des droits humains au sein de leurs communautés, permettant aux personnes déplacées d’accéder à une aide juridique et à un soutien psychologique indispensables.

Lorsque des injustices telles que des cas de violence domestique lui sont signalées, son organisation oriente les femmes concernées vers des services psychosociaux et juridiques et les accompagne jusqu'à ce qu'elles trouvent une solution pour aller de l'avant. 

Alors que les besoins humanitaires et socio-économiques vont croissant dans la région, le partenariat entre le HCR et AVSI, une organisation à but non lucratif, permet aux communautés d'identifier des réponses durables au niveau local, mais l'accès à la justice reste un défi pour beaucoup.

Asiteri, 52 ans, a perdu l'accès à ses terres après le décès de son mari qui était malade et que ses voisins et sa belle-famille aient commencé à cultiver ses terres. Mais avec l'aide du partenaire local du HCR, elle a retrouvé ses droits fonciers. Aujourd'hui, elle et sa famille peuvent cultiver la terre, qui leur fournit de la nourriture comme des haricots, du manioc et du maïs.

« En nous appuyant sur les capacités locales et en améliorant l'accès à la justice, nous sommes en mesure de mieux protéger les droits des personnes », explique Jules Katsurana, agent du HCR chargé de la protection à Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu.

Ayant grandi à Bunia, Jules a pu constater de ses propres yeux l’impact des différents conflits dans la région.

« J'ai été témoin de meurtres, de massacres et de violences depuis mon plus jeune âge, je comprends donc combien il est important de s'appuyer sur les capacités existantes des communautés qui accueillent les personnes déplacées», poursuit-il.

Il ajoute que les efforts du HCR et d'autres agences humanitaires sont cruciaux et nécessitent un soutien accru, car ils contribuent à renforcer les droits des personnes déplacées dans l'est de la RDC en formant davantage de travailleurs dans les domaines juridique et psychosocial afin qu'ils puissent continuer à soutenir des personnes comme Rosette et Asiteri.