Six athlètes composeront l'équipe paralympique des réfugiés aux Jeux de Tokyo

Des athlètes réfugiés – dont la première femme réfugiée paralympique – s'apprêtent à participer aux Jeux paralympiques de Tokyo 2020 dans quatre disciplines après avoir surmonté les pires épreuves durant leur déplacement forcé.

Le réfugié burundais Parfait Hakizimana lors d'une séance d'entraînement de taekwondo au stade Amahoro de Kigali, la capitale du Rwanda.

Parfait lors d'une séance d'entraînement au stade Amahoro de Kigali, la capitale du Rwanda.   © HCR/Anthony Karumba

Six athlètes ont été sélectionnés pour concourir sur la plus grande scène sportive au monde en tant que membres de l'équipe paralympique des réfugiés aux Jeux paralympiques de Tokyo 2020, dans les disciplines de la natation, de l’athlétisme, du canoë et du taekwondo.


L'équipe annoncée mercredi par le Comité international paralympique (CIP) est composée d'une femme et de cinq hommes, qui ont tous excellé dans leur sport de prédilection alors qu'ils vivaient en exil. Certains ont été blessés pendant la guerre, d'autres ont connu des accidents ou des problèmes de santé qui ont changé leur vie alors qu'ils vivaient en exil.

Parmi eux se trouve la première para-athlète réfugiée et plus jeune membre de l'équipe, Alia Issa, 20 ans, une réfugiée syrienne vivant en Grèce qui concourra dans le lancer de massue - une épreuve spéciale pour les athlètes qui sont dans l’incapacité de pratiquer le lancer de javelot, de poids ou de disque.

Alia a contracté la variole à l'âge de quatre ans, ce qui a entraîné des lésions cérébrales qui lui ont laissé des déficiences physiques et intellectuelles. Après avoir perdu son père à la suite d'un cancer, elle a découvert le sport il y a trois ans dans son école en Grèce. Elle participe désormais à des compétitions internationales et s'est récemment classée quatrième aux Championnats du monde 2021 de para-athlétisme.

Alia a déclaré que la pratique sportive est fondamentale pour elle, et lui permet de se sentir plus forte et de renforcer son estime de soi. « J'aimerais dire aux gens que, s'ils ont un enfant handicapé comme moi, ne le gardez pas caché à la maison. Encouragez-le à faire du sport », a-t-elle déclaré.

Abbas Karimi, l'un des deux nageurs de l'équipe, est un réfugié afghan qui vit aujourd'hui à Portland, aux Etats-Unis. Au début de l'année, il est devenu Sympathisant du HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés. Né sans bras, il a été victime de discrimination dans son pays en raison de son handicap et de son origine ethnique. Il a fui en Turquie, où il a vécu pendant quatre ans en tant que réfugié avant d'être réinstallé aux États-Unis.

Abbas a remporté huit médailles, dont une médaille d'argent aux Championnats du monde 2017 de paranatation de Mexico, et espère en remporter une autre à Tokyo. « Je crois que j'ai le potentiel pour monter sur le podium aux Jeux paralympiques. Je pense que c’est important pour tous les réfugiés et notre héritage que l'un d'entre nous, athlètes réfugiés, monte sur le podium. Cela peut générer des changements concrets dans la vie des réfugiés, représenter une source d’inspiration et apporter de l'espoir », a-t-il déclaré.

Un autre candidat à la gloire dans la piscine est Ibrahim al Hussein, originaire de Syrie, qui a participé aux Jeux paralympiques de Rio 2016 en tant que membre de la première équipe paralympique indépendante de deux personnes composée d’un réfugié et d’un demandeur d'asile. Ibrahim, qui vit désormais en Grèce, a été amputé de la jambe droite sous le genou après avoir été pris dans l'explosion d'une bombe alors qu'il tentait d'aider un ami blessé en Syrie.

Nageur passionné depuis son enfance, il a décrit sa participation aux Jeux paralympiques comme un rêve devenu réalité. « Je veux que chaque réfugié ait la possibilité de faire du sport. Je ne peux pas imaginer ma vie sans la pratique sportive », a déclaré Ibrahim.

« Je ne peux pas imaginer ma vie sans la pratique sportive. »

Un autre Syrien, Anas Al Khalifa, a fui vers l'Allemagne via la Turquie en 2015, où il a travaillé à l'installation de panneaux solaires avant qu'une lésion de la moelle épinière subie lors d'une chute d'un immeuble de deux étages en 2018 ne le laisse avec des mouvements et des sensations limités dans ses membres inférieurs.

Son physiothérapeute lui a fait découvrir le canoë il y a un peu plus d'un an, et grâce à son dévouement à l'entraînement et au soutien de son coach - elle-même ancienne médaillée paralympique - Anas a fait des progrès remarquables. « Quand je vais m'entraîner, je pense au sport comme quelque chose qui permet de nombreux accomplissements et de surmonter le handicap. Il vous fait oublier le handicap », a déclaré Anas.

Shahrad Nasajpour, qui était le deuxième membre de l'équipe paralympique indépendante à Rio, concourra à nouveau au lancer du disque à Tokyo. Né en Iran avec une infirmité motrice cérébrale, il avait d'abord commencé par le tennis de table avant de se tourner vers l’athlétisme. Après avoir déménagé aux États-Unis en 2015, il a contacté le CIP au sujet de l'idée d'une équipe de réfugiés pour Rio, et a participé aux Jeux.

En tant que l'un des pionniers de l'équipe paralympique de réfugiés, Shahrad est encouragé par son élargissement à six membres pour Tokyo 2020. « Lorsque vous avez un groupe, vous attirez davantage l'attention. C'est tellement bien de voir que davantage d'athlètes sont impliqués maintenant. J'espère que ce groupe grandira encore dans les années à venir », a-t-il déclaré.

« C'est tellement bien de voir que davantage d'athlètes sont impliqués maintenant. »

Le dernier membre de l'équipe est Parfait Hakizimana, qui se rendra à Tokyo depuis le camp de réfugiés de Mahama au Rwanda, où il vit depuis qu'il a fui le conflit au Burundi lorsqu'il était enfant. Après avoir perdu son bras à l'âge de 8 ans lors d'une attaque au cours de laquelle sa mère a été tuée, il a commencé la pratique du taekwondo et participe aujourd'hui à des compétitions internationales tout en entraînant les enfants réfugiés vivant dans le camp.

Parfait attribue aux valeurs de respect, d'amitié et de compétitivité promues par le taekwondo le mérite de l'avoir aidé à trouver sa place dans un nouveau pays. « Les réfugiés n'ont pas grand-chose. Mais le sport les aide à oublier leurs problèmes », a-t-il expliqué.

L'équipe paralympique des réfugiés concourra sous l’égide du CIP à Tokyo, et sera la première équipe à entrer dans le stade national japonais lors de la cérémonie d'ouverture le 24 août.

L'équipe représentera plus de 82 millions de personnes dans le monde entier contraintes de fuir les conflits, la persécution et les violations des droits humains, dont 12 millions vivent avec un handicap et sont souvent confrontés à des risques et des obstacles accrus pour accéder à l'aide et aux opportunités, y compris la participation aux sports.

Le HCR travaille avec le CIP pour soutenir la participation de l'équipe à Tokyo et, avec les athlètes, pour plaider pour un monde dans lequel toutes les personnes déracinées - avec ou sans handicap - ont un accès égal au sport et à d'autres formes d'inclusion.