Tendances mondiales

Déplacement forcé dans le monde

Le nombre total de personnes qui ont été contraintes de fuir à travers le monde entier à cause d’un conflit, de violences, de la crainte de persécutions et de violations des droits humains était de 89,3 millions fin 2021. Ce chiffre représente plus du double des 42,7 millions de personnes qui étaient toujours déracinées il y a une décennie et le chiffre le plus élevé depuis la Seconde Guerre mondiale.

Si les conflits en cours restent non résolus et si les risques d’éclatement de nouveaux conflits ne sont pas maîtrisés, l’un des aspects qui caractérisera le XXIe siècle sera le nombre sans cesse croissant de personnes contraintes de fuir et les perspectives de plus en plus sombres qui s’offrent à eux.

Personnes contraintes de fuir dans le monde entier (2012 - 2022)

Le tout dernier rapport Tendances mondiales porte sur l’année 2021. Toutefois, il est impossible d’ignorer les évolutions qui se sont produites début 2022.  C’est pourquoi certaines données présentées dans le rapport de cette année reposent sur des informations reçues jusqu’au 23 mai 2022.

Pour en savoir plus sur : Quelle est la différence entre les statistiques démographiques sur les personnes déracinées et les statistiques sur les personnes relevant de la compétence du HCR ? (en anglais)

Nouveaux déplacements forcés en 2021

Les conflits en cours et les nouveaux conflits ont provoqué des déplacements forcés dans le monde entier.

Par exemple, le conflit dans la région du Tigré, en Éthiopie, a provoqué le déplacement d’au moins 2,5 millions de personnes supplémentaires à l’intérieur de leur pays, et environ 1,5 million d’entre elles sont rentrées chez elles pendant l’année.

En Afghanistan, les événements qui ont abouti à la prise de Kaboul par les talibans en août 2021 ont provoqué des déplacements forcés à l’intérieur du pays et dans les pays voisins. Le nombre de déplacés internes a augmenté pour la 15e année consécutive, alors même que plus de 790 000 Afghans sont rentrés pendant l’année.

Le Nigéria, la République arabe syrienne, la République démocratique du Congo, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen ont enregistré des augmentations de 100 000 à 500 000 déplacés internes en 2021.

Nouveaux déplacements janvier – décembre 2021

Réfugiés

Pendant l’année, le nombre de réfugiés à travers le monde est passé de 20,7 millions en 2020 à 21,3 millions fin 2021, soit plus du double par rapport aux 10,5 millions d’il y a dix ans. Le nombre de Vénézuéliens déplacés à l’étranger a lui aussi augmenté, de 3,9 millions à 4,4 millions sur la même période. Au cours de l’année, 794 100 personnes ont reçu la protection internationale à titre individuel (494 900) ou collectif (299 200). 

Déplacés internes

Les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays à cause d’un conflit armé, de la violence généralisée ou de violations des droits humains continuent de constituer la majorité de la population déracinée dans le monde. Connues sous le nom de déplacés internes, elles représentent environ 60% de toutes les personnes déracinées. Fin 2021, la Syrie, la Colombie, la République démocratique du Congo, le Yémen, l’Éthiopie et l’Afghanistan ont continué à accueillir les plus importantes populations de déplacés internes au monde.

Lire le rapport Tendances mondiales complet

Plus de 100 millions de personnes sont déracinées

Dans le rapport Tendances mondiales de l’an dernier, le HCR déclarait que « la question n’était plus de savoir si le déplacement forcé dépasserait 100 millions de personnes, mais quand ». Et bien, nous y sommes. Avec les millions d’Ukrainiens déplacés et les nouveaux déplacements intervenus ailleurs en 2022, la population déracinée totale dépasse actuellement 100 millions de personnes. Cela signifie qu’une personne sur 78 au monde a dû fuir, un chiffre dramatique que peu de personnes se seraient attendues à voir atteint il y a dix ans.

Pour en savoir plus sur : Les chiffres du déplacement forcé dans le monde atteignent un nouveau record et confirment une tendance à la hausse depuis une décennie, selon le HCR

Avec l’émergence et l’intensification de nouvelles situations de réfugiés, et la résurgence ou l’absence de résolution de celles qui existent, il existe un besoin aigu et toujours plus grand de solutions durables. Le Pacte mondial sur les réfugiés souligne que le HCR et la communauté des agences d’aide humanitaire ont notamment pour priorité stratégique d’identifier et d’appuyer les solutions durables qui permettent aux réfugiés de reconstruire leur vie et de vivre dans la sécurité et la dignité.

Le déplacement forcé dépasse les solutions disponibles au cours de la dernière décennie

Quelle direction le monde va-t-il prendre dans les années à venir ?

Si les conflits actuels pouvaient se solder par une paix durable, combien de réfugiés et de déplacés internes rentreraient chez eux ? Les enquêtes sur les intentions de retour que le HCR et ses partenaires mènent dans de nombreux pays du monde entier aident à indiquer si les réfugiés souhaiteraient rentrer dans leur pays d’origine si les conditions le permettaient. Par exemple, sept Syriens sur dix accueillis pour la plupart dans des pays voisins espéraient rentrer en Syrie.

Plus généralement, depuis un tiers jusqu’à la moitié des autres populations réfugiées ont exprimé le désir de rentrer dans le cadre d’enquêtes similaires. Si une paix durable pouvait être instaurée dans quelques lieux clés, les chiffres mondiaux des réfugiés pourraient diminuer de moitié à environ 10 millions, c’est-à-dire à leur niveau d’il y a deux décennies. Mais, en l’absence de courage politique pour rétablir la paix, la perspective d’un retour dans leur pays pour un grand nombre de réfugiés dans un proche avenir restera inaccessible.

La communauté internationale peut agir, elle peut redoubler d’efforts pour partager les responsabilités et trouver des solutions durables, ce qui pourrait inverser la tendance actuelle et réduire fortement les niveaux de déplacement forcé. Il y a toujours eu des solutions aux exodes dus à des situations de déplacement forcé mais, avec l’intensification des nouvelles crises de réfugiés et la résurgence ou l’absence de résolution des crises existantes, il existe un besoin aigu et croissant de solutions durables d’une ampleur toujours plus grande.


Pour en savoir plus sur les données et de rapports déjà publiés par le HCR :