Un chanteur congolais contribue en musique à la sensibilisation contre le Covid auprès des réfugiés et de leurs hôtes au Burundi.
Dans sa chanson « Stop Corona », Ahadi Mathieu met sa créativité au service de la sensibilisation du grand public sur la pandémie de Covid-19 dans le camp de Nyankanda au Burundi.
Lorsqu’Ahadi Mathieu, 30 ans, a écrit sa chanson « Stop Corona » il y a neuf mois, il ne s'attendait pas à son grand succès auprès de ses compatriotes réfugiés et des Burundais vivant en périphérie du camp de Nyankanda.
Le clip vidéo a déjà été visionné plus de 500 fois sur YouTube, signe de sa popularité croissante. La créativité musicale du chanteur congolais et sa capacité à rassembler et à motiver les gens avaient toutefois failli lui coûter la vie, chez lui à Uvira, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC).
Ahadi a été enlevé à son domicile dans le village de Ndunda il y a trois ans par des hommes armés qui l'accusaient de mobiliser les gens grâce à sa musique qui évoque la paix, l'amour et le développement. Sa famille a été contrainte de payer une rançon pour sa libération.
Après cette épreuve terrifiante, Mathieu a décidé de fuir.
« Je suis très triste d'être loin de chez moi, mais je n'avais pas d'autre choix car j'aurais été tué », dit-il.
Une fois en sécurité au Burundi, Mathieu, qui chante en swahili, en français et en kirundi, a continué à exercer ses talents musicaux et a déjà produit cinq albums, avec 60 chansons au total.
« Je me sers de mon talent pour la sensibilisation à la pandémie et la formation sur les mesures préventives », dit-il.
Il ajoute que beaucoup de choses rapprochent les réfugiés et leurs hôtes congolais à Nyankanda.
« Nous avons le marché mixte, l'éducation dans les écoles et les soins de santé dans les hôpitaux », dit-il.
Sa chanson est une contribution importante à la campagne en cours pour lutter contre la pandémie de Covid-19 et Mathieu la considère comme un outil de sensibilisation puissant.
Il estime que les comportement ont changé, ajoutant que davantage de personnes sont désormais conscientes de la pandémie et des mesures à prendre pour s'en protéger par la distanciation sociale, le lavage des mains et le port de masques.
« Les gens se précipitent désormais vers le centre de santé ou l'hôpital le plus proche dès qu'ils ont de la toux, de la fièvre ou des maux de tête et demandent de plus en plus souvent des équipements de protection comme par exemple les masques », ajoute-t-il.
Le Burundi a développé un plan national et une campagne de sensibilisation pour prévenir et lutter contre la pandémie dans le pays et le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, apporte son appui à ce plan en fournissant un soutien vital pour tester, dans les centres de transit, tous les réfugiés burundais qui reviennent des pays voisins.
Lors de sa toute dernière visite au Burundi en avril dernier, le Haut Commissaire du HCR, Filippo Grandi, a salué les progrès réalisés pour aider les réfugiés burundais à trouver des solutions à long terme et a promis de contribuer au plan national de prévention et de lutte contre le Covid-19 en soutenant la création d'un centre d'isolement et de traitement.
- Voir aussi : Un fabricant de savon dans un camp de réfugiés kényan baisse ses prix dans le cadre de la crise de Covid
Le Burundi accueille plus de 81 000 réfugiés qui vivent dans cinq camps de réfugiés et en milieu urbain. La majorité d'entre eux sont originaires de la RDC.
Selon le ministère burundais de la santé publique, plus de 35 000 tests Covid-19 ont été effectués depuis mars 2020. Plus de 5000 personnes ont été testées positives, dont 263 Burundais de retour au pays et 20 réfugiés.
Le gouvernement doit encore décider d'une campagne de vaccination contre le Covid-19 pour sa population, ce qui ouvrirait également la voie à la vaccination des réfugiés au Burundi. Le HCR plaide auprès des autorités nationales de santé publique pour inclure les réfugiés dans les plans de prévention et de lutte contre le Covid-19, afin de leur permettre d'accéder à des services importants comme le dépistage.
« Il est important d'inclure les réfugiés dans les plans nationaux de santé publique, en particulier les plans de prévention et de lutte contre le Covid-19 », explique Abdul Karim Ghoul, représentant du HCR au Burundi. « Personne n'est en sécurité tant que tout le monde ne l'est pas. »
Le HCR a mis en place des mesures de prévention dans les camps de réfugiés et a encouragé et soutenu les réfugiés à fabriquer des masques comme source de revenus. Du matériel sanitaire, y compris des barres de savon et des points de lavage des mains, a également été fourni.
« Nous soutenons le plan national de prévention et de lutte contre le Covid-19 et cela inclut la fourniture de tests dans les centres de transit pour les réfugiés burundais qui rentrent volontairement chez eux », ajoute Abdul Karim Ghoul.
Matthieu est heureux que sa musique contribue à la sensibilisation.
« Il s’agit d’une humble contribution à la lutte contre la pandémie de Covid-19 », dit-il. « Tout le m