Déclaration du Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, sur la situation des réfugiés érythréens dans la région du Tigré, en Ethiopie
Je reste extrêmement préoccupé par la situation humanitaire dans la région du Tigré, en Éthiopie, et par son impact sur les civils, en particulier les réfugiés érythréens accueillis dans la région.
Suite aux efforts mis en œuvre avec le gouvernement pour avoir accès et venir en aide aux populations vulnérables, nous avons récemment constaté quelques avancées positives, notamment le transport et la distribution de nourriture à quelque 25 000 réfugiés érythréens hébergés dans les camps de Mai Aini et Adi Harush, au Tigré. La semaine dernière, le HCR et ses partenaires ont effectué une mission d'évaluation rapide dans les deux camps conjointement avec l'Agence éthiopienne pour les réfugiés et les rapatriés, et ont pu commencer à rétablir l'approvisionnement en eau et certains services de santé. Nous espérons que nous pourrons bientôt restaurer l'intégralité des services de protection et relancer les autres activités humanitaires.
Toutefois, malgré des demandes répétées, le HCR et ses partenaires n'ont pas encore eu accès aux camps de réfugiés de Shimelba et de Hitsats, et ce depuis le début de l'opération de maintien de l'ordre il y a deux mois.
Je suis très préoccupé par la sécurité et le bien-être des réfugiés érythréens dans ces camps. Ils sont privés d'aide depuis de nombreuses semaines. En outre, et c'est extrêmement préoccupant, je continue de recevoir de nombreuses informations fiables et des témoignages directs sur l'insécurité persistante ainsi que des allégations de violations graves des droits humains, notamment des meurtres, des enlèvements ciblés et le retour forcé de réfugiés en Érythrée. Les informations faisant état de nouvelles incursions militaires au cours des dix derniers jours concordent avec les images satellite disponibles en libre accès qui montrent de nouveaux incendies et d'autres signes de destruction dans les deux camps. Ce sont là des indications précises de violations majeures du droit international.
L'Ethiopie a une longue tradition d'accueil des personnes qui fuient les conflits et la persécution. Le gouvernement fédéral a fait savoir que des mesures sont prises pour minimiser l'impact du conflit sur les civils. J'ai insisté auprès des dirigeants éthiopiens sur l'urgence d'assurer la protection des réfugiés, de prévenir les retours forcés et de protéger les camps de réfugiés contre les attaques et autres menaces émanant d'entités armées.
Les équipes du HCR sur le terrain sont également préoccupées par l'impossibilité de venir en aide aux milliers de réfugiés érythréens qui continuent à fuir les camps en quête de sécurité et de soutien. Les réfugiés qui rejoignent à pied la ville de Shire dans le Tigré sont émaciés et réclament une aide qui n'est pas disponible. Les réfugiés qui sont parvenus à Addis-Abeba sont renvoyés au Tigré, certains contre leur gré. Bien que l'accès aux camps de Mai Aini et d'Adi Harush soit un bon début, je dois ici réitérer l'appel des Nations Unies pour un accès complet et sans entrave à tous les réfugiés. Toutes les voies doivent être explorées pour pouvoir leur apporter en toute sécurité l'aide dont ils ont désespérément besoin.
Le HCR reste engagé à travailler avec le gouvernement éthiopien afin de remplir son mandat de protection et d'assistance à ceux qui sont contraints de fuir, conformément aux principes humanitaires d'impartialité et de neutralité. Nous restons disponibles pour rechercher - ensemble - des solutions aux problèmes humanitaires actuels dans un esprit constructif de collaboration et de partenariat. Un accès sûr et une action rapide sont nécessaires dès maintenant pour sauver des milliers de vies en péril.