GENÈVE, 20 juin (HCR)—Les guerres et la persécution ont généré un nombre de personnes déracinées sans précédent et jamais encore enregistré, selon un tout dernier Rapport statistique publié aujourd’hui par le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.
Selon ce rapport intitulé Tendances mondiales, quelque 24 personnes en moyenne ont été forcées de fuir chaque minute en 2015, soit quatre fois plus que dix ans plus tôt quand six personnes fuyaient toutes les 60 secondes.
« Un nombre terrifiant de réfugiés et de migrants décèdent en mer chaque année ; à terre, les personnes fuyant la guerre ne peuvent poursuivre leur voyage car les frontières sont fermées. » – Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Filippo Grandi
C’est la première fois depuis la création du HCR que le seuil de 60 millions est franchi. Mais les mauvaises nouvelles ne s’arrêtent pas là pour des millions d’hommes, de femmes et d’enfants ayant fui pour sauver leur vie.
« Davantage de personnes sont déracinées par la guerre et la persécution, c’est déjà inquiétant en soi mais, surtout, les facteurs menaçant les réfugiés se multiplient également », a déclaré le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Filippo Grandi.
« Un nombre terrifiant de réfugiés et de migrants décèdent en mer chaque année ; à terre, les personnes fuyant la guerre ne peuvent poursuivre leur voyage car les frontières sont fermées. »
Filippo Grandi a indiqué que des politiques se dressent également contre l’asile dans certains pays.
« La volonté des nations de travailler ensemble—non seulement au bénéfice des réfugiés mais aussi dans l’intérêt collectif de tous les êtres humains—est testée aujourd’hui et c’est ce type d’unité qui doit prévaloir à tout prix », a-t-il déclaré.
Par rapport à la population totale de la planète Terre comptant 7,4 milliards d’habitants, un être humain sur 113 est aujourd’hui déraciné ; il est demandeur d’asile, déplacé interne ou réfugié—ce qui les placent à un niveau de risque sans précédent dans toute l’histoire du HCR.
Ce décompte est supérieur à la population du Royaume-Uni—ou à celles du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande réunis.
Pour le mettre en perspective, ce décompte est supérieur à la population du Royaume-Uni—ou à celles du Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande réunis. Il est composé de 3,2 millions de personnes dans les pays industrialisés qui, à la fin 2015, attendaient des décisions en matière d’asile – soit le plus grand total jamais enregistré par le HCR.
On dénombre également une population record de 40,8 millions de personnes contraintes de fuir leurs foyers au sein des frontières de leur propre pays – un nouveau pic pour l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.
Le déplacement forcé est en hausse depuis au moins le milieu des années 1990 dans la plupart des régions mais, ces cinq dernières années, le rythme s’est accru.
Les raisons en sont triples:
- les situations provoquant d’importants flux de réfugiés durent plus longtemps (par exemple, les conflits en Somalie ou en Afghanistan durent désormais respectivement depuis trois et quatre décennies) ;
- de nouvelles situations dramatiques ou des reprises de conflits se produisent fréquemment (le plus important étant aujourd’hui en Syrie, mais aussi ces cinq dernières années au Soudan du Sud, au Yémen, au Burundi, en Ukraine, en République centrafricaine, etc.), alors que des milliers de personnes ont également fui les gangs et d’autres actes de violence en Amérique centrale;
- le rythme auquel des solutions sont trouvées pour les réfugiés et les personnes déplacées internes est en baisse depuis la fin de la guerre froide, laissant un nombre croissant de personnes dans un vide juridique.
« Nous sommes bloqués ici. Nous ne pouvons pas partir et nous ne pouvons plus retourner chez nous », a déclaré Hikmat, un agriculteur syrien chassé de sa terre par la guerre. Il vit désormais dans une tente à l’extérieur d’un centre commercial au Liban avec sa femme et les jeunes enfants. « Mes enfants doivent aller à l’école, ils ont besoin d’un avenir », a-t-il ajouté.
L’étude a révélé que trois pays génèrent la moitié des réfugiés dans le monde: la Syrie avec 4,9 millions, l’Afghanistan avec 2,7 millions et la Somalie avec 1,1 million représentaient à eux trois plus de la moitié des réfugiés relevant de la compétence du HCR à travers le monde. La Colombie avec 6,9 millions, la Syrie avec 6,6 millions et l’Iraq avec 4,4 millions comptaient quant à eux le plus grand nombre de personnes déplacées internes.
Alors que les défis de l’Europe pour gérer plus d’un million de réfugiés et de migrants arrivés via la Méditerranée faisaient la une de l’actualité en 2015, le rapport montre que la grande majorité des réfugiés dans le monde se trouvaient dans des pays en développement de l’hémisphère Sud.
Au total, 86 pour cent des réfugiés relevant de la compétence du HCR en 2015 se trouvaient dans des pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire non loin de situations de conflit. Dans le monde entier, la Turquie est le plus important pays d’accueil, avec 2,5 millions de réfugiés. Avec près d’un réfugié pour cinq citoyens, le Liban accueillait davantage de réfugiés par rapport à sa population que tout autre pays.
Un autre signe alarmant, les enfants représentaient 51 pour cent des réfugiés dans le monde en 2015, selon les données que le HCR a pu recueillir (les données démographiques n’ont pas toutes été rendues disponibles aux auteurs du rapport). Beaucoup ont été séparés de leurs parents ou voyageaient seuls.
Pour lire le rapport complet (en anglais) ici.
Statistiques en bref (en anglais), cliquez ici.