INTER'ACT Day 2020, une journée d'échanges avec les lycéens normands
Le 8 octobre 2020, en partenariat avec Ouest-France et dans le cadre du Prix Bayeux-Calvados-Normandie des correspondants de guerre, le HCR France a invité 800 lycéens à prendre part à l'INTER'ACT Day, une journée de discussions sur la thématique des déplacements forcés, qui s'est ouverte et clôturée en musique.
Grand chapiteau du Prix Bayeux, en début d’après-midi. Alors que les élèves sont tous bien installés en gradins, dans le respect des consignes sanitaires, les lumières déclinent. Une succession de basses laisse la place aux deux frères des Refugees of Rap, qui font leur entrée sur scène dans une acclamation générale. Comme l’an dernier, « Les rencontres HCR-Ouest-France », un rendez-vous annuel éducatif à destination des élèves normands, sont organisées dans le cadre du Prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre.
Pendant un après-midi, près de 800 lycéens sont invités à faire la rencontre de plusieurs intervenants réfugiés, entendre leurs témoignages sur les différentes routes de l’exil, leur parcours d'intégration en France et l’importance d'offrir une protection internationale à ceux qui fuient la guerre et les persécutions.
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Yaser et Mohamed ont fondé le groupe « Refugees of Rap » à Yarmouk, dans la banlieue de Damas (Syrie), où vivent de nombreux réfugiés palestiniens. Ils sont arrivés en France en 2013. Depuis, ils se sont produits dans plusieurs festivals et ont participé à plusieurs projets artistiques et associatifs partout en Europe. Après deux morceaux, ils doivent néanmoins quitter la scène : le véritable concert aura lieu en clôture de la journée.
"J'ai pardonné, ça m'a donné de la force. Il faut toujours rester positif. Rien n'est impossible. Mon message, c'est de toujours essayer." Azeez
Place aux échanges et aux témoignages, en présence de Céline Schmitt, Porte-parole du HCR en France, Azeez Sadeq, ancien réfugié irakien naturalisé français, Ikhlass Ahmed, réfugiée soudanaise et Mohamed Janous, qui vient tout juste de déposer son micro. Ils participeront pendant plus d'une heure à une discussion animée par la journaliste Nina Gheddar, de Guiti News. À l’heure de l’immédiateté de l’information, le HCR et le journal Ouest-France souhaitent en effet permettre aux jeunes de comprendre autrement la situation des réfugiés en France et à travers le monde.
Avant d'aborder la situation en mer Méditerranée ou celle des apatrides à travers le monde, Céline Schmitt présente les tendances globales des déplacements forcés à des lycéens attentifs : "Triste record, plus de 1% de la population mondiale est aujourd'hui déplacée. Et 40% des déracinés dans le monde sont des enfants. Avec la crise de la covid19, de nouveaux défis sont encore malheureusement apparus."
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Azeez Sadeq, qui a donné de nombreuses conférences à travers le monde ces dernières années, livre plusieurs messages poignants aux élèves sur son parcours d'exilé : "J'ai été victime de violences et de la guerre en Irak. On avait tous l'espoir de vivre là-bas, mais il y avait un autre destin pour nous. À 18 ans, j'étais encore un enfant. On a tout perdu. Avec ma famille, on est arrivé en France en 2014." Le jeune homme ne s'attarde néanmoins pas sur cette étape de sa vie, et préfère regarder vers l'avenir. Il encourage les jeunes à toujours croire en leurs projets : "Il y avait de la haine dans mon cœur. Mais j'ai pardonné, ça m'a donné de la force. Il faut toujours rester positif. Rien n'est impossible. Mon message, c'est de toujours essayer."
Une fois arrivée en France, j'ai voulu donner aux autres. Aider les réfugiés qui ont affronté les mêmes difficultés que moi." Ikhlass
Ikhlass Ahmad explique à son tour comment la résilience et la solidarité ont changé sa vie : "Une fois arrivée en France, j'ai voulu donner aux autres. C'est ce qui m'a amené à fonder "United Migrants", afin d'aider les réfugiés qui ont affronté les mêmes difficultés que moi." Avant la fin des échanges, Azeez Sadeq, très actif sur les réseaux sociaux, lance un ultime défi aux lycéens de la Région Normandie : "On a tous le pouvoir d'agir. Faites parler votre cœur. Envoyez un message aux réfugiés, dites-leurs votre solidarité sur Instagram avec une photo, une vidéo, un dessin et le hashtag #Aveclesréfugiés".
Comme il a commencé, l’après-midi se clôture en musique. Plongée dans la pénombre quelques minutes auparavant, la salle s'illumine en un clin d'œil au son du hip-hop des Refugees of Rap, de retour sur scène. Les lycéens, téléphones allumés en main, se balancent au rythme des deux rappeurs et entonnent les refrains. Les réseaux sociaux s'enflamment. Comme l'année dernière, les Rencontres HCR-Ouest-France 2020 se terminent de la meilleure des manières, en musique et dans la communion.