Rétablir un climat de confiance au Darfour
Lundi, à mi-parcours de sa mission de cinq jours au Tchad et au Darfour, région du Soudan actuellement en proie à un terrible conflit, le Haut Commissaire a affirmé que seul l'arrêt complet de la violence pourrait convaincre les centaines de milliers de déplacés originaires du Darfour qu'un retour chez eux soit finalement possible.
EL GENEINA, Soudan, 27 septembre 2004 (UNHCR) - Lundi, à mi-parcours de sa mission de cinq jours au Tchad et au Darfour, région du Soudan actuellement en proie à un terrible conflit, le Haut Commissaire a affirmé que seul l'arrêt complet de la violence pourrait convaincre les centaines de milliers de déplacés originaires du Darfour qu'un retour chez eux soit finalement possible.
Dimanche et lundi, pendant sa visite des trois camps à l'Ouest du Darfour, Ruud Lubbers s'est vu décrire le contexte de grande méfiance qui règne entre les personnes déplacées et les autorités soudanaises. Lundi, au camp de Seliah, à 100 km au Nord de la capitale du Darfour Occidental, El Geneina, les déplacés ont raconté que jusqu'à trois Soudanais originaires du Darfour avaient été tués ces derniers jours par des miliciens à l'extérieur du camp.
Selon le Haut Commissaire, un climat de confiance ne pourra être rétabli qu'après l'arrêt complet de la violence dans la région du Darfour. Malgré l'amélioration des conditions de sécurité ces derniers mois, plus d'1.4 million de personnes ont été déplacées et restent toujours effrayées à l'idée de rentrer chez elles, alors que les rapports faisant état des attaques par les milices Janjaweed continuent d'affluer.
Au cours de ses rencontres avec divers représentants soudanais au Darfour, Ruud Lubbers a appelé le gouvernement à mettre fin aux violences. Selon lui, « Chaque nouvel incident contribue à renforcer les craintes et le climat de méfiance déjà fortement présents parmi les déplacés ». Il rajoute : « La violence zéro doit être atteinte. »
D'après le Haut Commissaire, la présence de l'UNHCR et d'autres organisations internationales dans la région contribuent à rétablir la confiance. Dimanche, pendant une rencontre avec le gouverneur du Darfour Occidental, Abdalla Sulaiman Adam, le Haut Commissaire a exprimé toute sa gratitude envers les autorités dont la coopération a permis à l'UNHCR d'avoir accès aux populations déracinées.
Ruud Lubbers a dit au gouverneur : « Grâce à la présence d'autres organisations internationales, nous aidons à informer chacun sur le terrain qu'il ne devrait plus y avoir de violence ». « De plus, grâce à l'aide et la protection, nous pouvons aider à redonner aux déplacés la confiance suffisante pour qu'ils ne fuient pas mais qu'ils restent. Nous voulons accroître le niveau de confiance et pour cela, nous devons travailler ensemble. »
M. Lubbers a expliqué que l'UNHCR a fait son travail dans la plus grande impartialité. « Si nous prenons parti, alors c'est seulement en faveur des victimes, les personnes déplacées. »
Dans le camp de Riad, à l'Ouest du Darfour, le Haut Commissaire a rencontré dimanche après-midi quelques-uns des réfugiés qui avaient d'abord fui vers le Tchad, puis avaient finalement décidé, il y a environ 7 à 9 mois, de retourner au Darfour avec l'espoir qu'ils pourraient y trouver de l'aide et reconstruire leur vie. Or, la réalité est bien différente : à leur retour, ils sont enfermés dans ce misérable camp, effrayés à l'idée de s'aventurer à l'exterieur. Les déplacés ont confié à M. Lubbers que seule la présence des Nations Unies et des organisations non-gouvernementales les a encouragés à ne pas s'enfuir à nouveau vers le Tchad.
Le camp de Riad accueille plus de 5 000 déplacés du Darfour, alors qu'aux frontières d'El Geneina, le camp d'Ardamata, troisième étape de l'itinéraire du Haut Commissaire, en héberge 35 000 supplémentaires. Mais de nombreuses autres personnes restent encore dispersées dans des abris de fortune au Nord, au Sud et à l'Ouest du Darfour.
Près de 190 000 Darfouriens ont franchi la frontière du Tchad voisin. Avant de partir pour l'Ouest du Darfour, le Haut Commissaire a rendu visite à quelques-uns de ces réfugiés dans le camp d'Iridimi à l'Est du Tchad près d'Iriba, un village dans le désert à 70 km de la frontière soudanaise.
A son arrivée au camp, accompagné d'un groupe de donateurs, il a été accueilli par des rangées de femmes et d'enfants qui ont dansé et chanté en son honneur. Les femmes réfugiées, vêtues d'une robe aux couleurs vives, traditionnelles de leur région d'origine, lui ont offert un pot de fleurs rouge peint en argile, un geste généreux quand on connaît la végétation désertique de cette région.
« Nous nous tournons vers la gauche, nous nous tournons vers la droite pour vous voir.... Bienvenue, bienvenue et s'il vous plaît, aidez-nous à rentrer à la maison », chantent les enfants, levant les bras au ciel, au moment même où M. Lubbers marche le long d'un chemin de sable spécialement créé pour l'occasion et marqué de deux rangées de petites pierres.
Bien que la majorité des réfugiés ne connaissent probablement pas leur célèbre invité, ils semblaient fascinés par l'attention que M. Lubbers mobilisait et toute la clique d'officiels, de travailleurs humanitaires et de journalistes qui le suivaient dans son itinéraire. Les enfants le regardaient fixement avec les yeux écarquillés et de larges sourires.
Le Haut Commissaire est tout d'abord monté jusqu'au sommet d'une petite colline qui surplombe le camp où sont installées deux immenses réserves d'eau. Il a également visité un centre médical et les espaces spécialement réservés à la nutrition ; il s'est aussi longuement entretenu avec des membres du comité des réfugiés.
Vendredi, Ruud Lubbers a rencontré à N'Djamena de hauts représentants tchadiens, y compris le Premier Ministre Moussa Faki. Il a également rencontré le gouverneur de la région orientale du Ouaddai, ainsi que le préfet à Iriba.