Paolo Artini : "Les réfugiés sont avant tout des personnes ayant de nombreux talents."

Discours de Paolo Artini, Représentant du HCR en France, lors de l'Agora 2020 de la Diair le 8 octobre 2020.

Paolo Artini (à droite), Représentant du HCR en France, aux côtés d'Alain Régnier, Délégué interministériel chargé de l'accueil et de l'intégration des réfugiés (Diair), auprès du ministre de l'Intérieur.

Paolo Artini (à droite), Représentant du HCR en France, aux côtés d'Alain Régnier, Délégué interministériel chargé de l'accueil et de l'intégration des réfugiés (Diair), auprès du ministre de l'Intérieur.  © DIAIR

Je suis très heureux d’être avec vous, cette année à nouveau, pour participer à l’Agora de la DIAIR.

C’est une année difficile pour nous tous. La Covid nous a montré ce que veut dire un changement soudain dans nos vies. C’est ce que vivent les réfugiés qui fuient la guerre ou la persécution.

Ces derniers mois ont été particulièrement difficiles pour les 80 millions de personnes qui sont déracinées dans le monde. Malgré l'appel du Secrétaire Général de l'ONU à un cessez-le-feu mondial au début de la pandémie, les conflits, la violence, la discrimination, les violations des droits de l'homme et les crises se sont poursuivis.

La COVID a eu des effets catastrophiques dans différents domaine et notamment pour l’accès à l’éducation des enfants réfugiés. Les filles en particulier, comme on l’a rappelé récemment dans une tribune, risquent pour certaines d’être définitivement privées d’éducation. Il faut agir ensemble.

En réponse à la crise sanitaire globale, le HCR a fortement soutenu l’inclusion des réfugiés dans les plans nationaux de réponses au Covid-19. Ici en France par exemple, avec l’appui de nombreux acteurs associatifs et de réfugiés volontaires, la DIAIR et le HCR se sont mobilisés, pour mettre à disposition de tous la bonne information sur le Covid-19 en différentes langues, via la plateforme réfugié.info et d’autres initiatives en matière de santé.

Les réfugiés ont contribué d’une façon très positive à la réponse collective à la pandémie et se sont souvent distingués par des actes de solidarité.

Ces derniers mois, nous avons pu constater que les réfugiés ont contribué d’une façon très positive à la réponse collective à la pandémie et se sont souvent distingués par des actes de solidarité, notamment par la confection de masques, des cours de langues en ligne ou encore des distributions de repas pour les personnes les plus vulnérables.

Les réfugiés ont aussi été particulièrement touchés par l’impact socio-économique de la Covid. Je voudrais remercier tous les acteurs du Gouvernement, associatifs et du secteur privé qui continuent à s’engager pour faciliter l’accès à l’emploi pour les réfugiés.

Cet engagement de toute la société est au cœur du Pacte mondial pour les réfugiés adopté en 2018 et des engagements pris lors du premier Forum Mondial sur les réfugiés qui a eu lieu à Genève en décembre dernier.

Là encore nous étions au rendez-vous du Forum avec une initiative portée en collaboration avec la SNCF et la DIAIR et le soutien des plusieurs fondations. Le Train de la solidarité a parcouru différentes villes françaises avant d’arriver à Genève la veille du Forum, pour faire connaitre au public la cause des réfugiés et pour mettre en valeur le rôle très important des villes et des territoires dans la rencontre avec les réfugiés.

La participation des réfugiés aux décisions qui les concernent a une grande importance dans le travail du HCR partout dans le monde.

Il est important pour le HCR d’être ici à Lyon, où il y a des très belles initiatives pour les réfugiés. Je voudrais mentionner un petit exemple, l’arrivée dans cette même ville il y a une semaine de deux étudiants qui étaient réfugiés au Niger et qui ont obtenu une bourse d’étude afin de poursuivre leur formation dans l’humanitaire grâce aux efforts de l’association Forum Réfugiés-Cosi, de l’Ambassade de France au Niger et du HCR.

Je suis particulièrement heureux de lancer, lors cette Agora, des initiatives pour renforcer la participation des réfugiés. La participation des réfugiés aux décisions qui les concernent a une grande importance dans le travail du HCR partout dans le monde. Elle est la méthode la plus efficace pour arriver ensemble à trouver des solutions.

Aujourd’hui nous publions un rapport sur la participation des réfugiés aux décisions qui influencent leur vie et notamment leur engagement bénévole. Le rapport prend son titre d’une citation d’une réfugiée bénévole :  "Il faut qu'on y arrive ensemble." Il est désormais consultable et téléchargeable sur notre site. 

Ce rapport est basé sur une étude de l’engagement bénévole des réfugiés dans huit territoires en France. Je voudrais profiter de cette occasion pour remercier toutes les structures, les associations ainsi que les réfugiés qui ont participé aux échanges et aux groupes de discussion pour réaliser cette étude.

Le rapport identifie des défis et des obstacles à la participation des réfugiés, comme par exemple les barrières culturelles et linguistiques, leurs conditions d’existence et leur envie de stabilité, en particulier pour ceux qui sont les plus vulnérables.  

Il propose aussi des recommandations pour répondre à ces enjeux parmi lesquels : expliquer et informer sur les opportunités de bénévolat, par l’intermédiaire des travailleurs sociaux et des témoignages de bénévoles réfugiés ; accompagner les réfugiés dans ce parcours de découverte du bénévolat, et prendre en considération les besoins spécifiques des réfugiés les plus vulnérables.

Le courage, la résilience et la détermination des femmes, des enfants et des hommes qui ont trouvé refuge en France peuvent être une inspiration pour nous tous.

Ce rapport montre aussi des pistes concrètes qui permettent d’encourager la participation des réfugiés dans le contexte français. Nous avons en effet essayé de mettre en pratique les recommandations que j’ai mentionnées dans plusieurs domaines : les projets de sensibilisation du grand public, l’engagement des réfugiés dans les écoles, leur contribution aux projets de plaidoyer et aux politiques publiques qui sont développées, leur réponse dans l’urgence, et encore la mobilisation de leur esprit citoyen et de leurs compétences dans divers domaines. Les réfugiés sont avant tout des personnes ayant de nombreux talents. Ils sont médecins, agriculteurs, artisans, artistes, professeurs ou encore rappeurs.

Le courage, la résilience et la détermination des femmes, des enfants et des hommes qui ont trouvé refuge en France peuvent faciliter leur intégration, contribuer positivement aux actions menées par les différents acteurs de la société d'accueil (gouvernements, associations, secteur privé) et être une inspiration pour nous tous.

Nous sommes aussi ravis de nous engager avec la Diair et l’IFRI pour le lancement d’une nouvelle initiative pour encourager la participation des réfugiés et leur permettre d’être au cœur des décisions qui les concernent. Je laisse la parole au Préfet Régnier qui va vous en dire plus.

Merci.