Les rapatriements assistés de réfugiés burundais commencent depuis la RDC
La République démocratique du Congo est le tout dernier pays depuis lequel le HCR aide les réfugiés burundais à un retour librement consenti chez eux.
Un convoi transportant des rapatriés burundais depuis la RDC s'arrête au point d'immigration de Gatumba avant l'entrée au Burundi.
© HCR/Bernard Ntwari
Lorsque Géraldine Ntihebuwayo a entendu dire qu'il existait des programmes pour le retour librement consenti des réfugiés burundais depuis la République démocratique du Congo, elle s'est engagée avec enthousiasme.
Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a aidé un premier groupe de 287 réfugiés burundais à rentrer chez eux la semaine dernière. Géraldine et sa famille se trouvaient parmi eux.
« Je suis heureuse de rentrer chez moi », a déclaré cette mère célibataire de 30 ans, qui s'occupe également de sa mère âgée de 70 ans et de ses deux nièces.
Le convoi était le tout dernier en date parmi les rapatriements facilités par le HCR vers le Burundi déjà organisés depuis les pays voisins, la Tanzanie et le Rwanda. Il est arrivé au poste frontière de Gatumba le 23 septembre dernier, ramenant chez elles des familles réfugiées qui vivaient auparavant dans un centre de transit à Kamvimvira et dans le camp de réfugiés de Lusenda au Sud-Kivu.
« Je suis heureuse de rentrer chez moi. »
Géraldine avait fui le Burundi l'année dernière et vivait à Kamvimvira où elle travaillait à l'extraction de gravier dans la rivière voisine pour aider à subvenir aux besoins de sa grande famille.
« La vie devenait insupportable et mon corps souffrait d'un travail quotidien épuisant », dit-elle, en expliquant ce qui avait motivé sa décision de rentrer chez elle.
Elle avait auparavant tenté de rentrer au Burundi par ses propres moyens à deux reprises - la première fois, sa famille a été contrainte de faire demi-tour après une tentative ratée de passage par un point de passage frontière informel et la seconde fois à la frontière de Gatumba car les deux pays avaient fermé leurs frontières pour contrôler la propagation du coronavirus.
Aujourd'hui, elle est heureuse d'avoir pu bénéficier de l'aide du HCR pour son retour dans la sécurité et la dignité.
Son objectif immédiat est de scolariser son fils, qui vient d'avoir 7 ans.
« Mon fils doit aller à l'école, sinon il prendra trop de retard et sera perdu », a-t-elle déclaré. « C'est pourquoi j'ai choisi de revenir avec le premier convoi. »
Comme beaucoup d'autres rapatriés qui faisaient partie du même convoi, elle est inquiète quant à sa réintégration. Avant de fuir, elle louait une petite maison dans une région isolée de Gihanga, dans l'ouest du Burundi, où elle faisait vivre sa famille grâce à l’agriculture de subsistance.
Suite à l'appel lancé par le président burundais Évariste Ndayishimiye pour que les réfugiés burundais se trouvant dans les pays de la région rentrent chez eux, Géraldine espère que l'administration locale l'aidera à trouver un abri.
« J'espère louer un terrain à cultiver et lancer une petite entreprise afin de pouvoir subvenir aux besoins de ma famille », a-t-elle ajouté.
Abdul Karim Ghoul, le Représentant du HCR au Burundi, a appelé à des efforts conjoints de la part de toutes les parties prenantes au processus de retour, y compris le gouvernement du Burundi, le HCR et d'autres agences des Nations Unies pour l’aide humanitaire et le développement, les ONG et la communauté des donateurs, afin de garantir que la réintégration se déroule du mieux possible.
« Des défis subsistent pour que le retour soit viable », a-t-il déclaré. « Nous travaillerons ensemble pour assurer les conditions nécessaires à la réintégration durables. »
Au Burundi, des centres de transit ont été construits et/ou réhabilités pour accueillir temporairement les rapatriés à leur arrivée dans différentes régions du pays. Conformément au protocole national burundais sur la prévention et le contrôle contre le Covid-19, des mesures ont été mises en place qui comprennent, entre autres, l'installation de centres d'isolement et de dispositifs de dépistage rapide.
« Nous travaillerons ensemble pour assurer des conditions de réintégration durables. »
Le HCR effectue les formalités nécessaires avant le départ, telles que l'enregistrement, les examens de santé et des entretiens pour s'assurer du caractère librement consenti de la décision des rapatriés sur leur retour. A leur arrivée au Burundi, les rapatriés reçoivent une première aide qui comprend de la nourriture et des articles non alimentaires ainsi que des allocations d’aide en espèces pour les aider à débuter une nouvelle vie.
Le HCR a demandé le soutien de la communauté internationale pour mobiliser les ressources nécessaires au programme de retour et de réintégration au Burundi.
Depuis 2017, plus de 98 000 réfugiés burundais dans la région ont reçu une aide au retour, dont quelque 19 000 depuis début 2020. La majorité des retours ont eu lieu depuis la Tanzanie, mais un nombre croissant de réfugiés burundais se joignent aux convois de retour. En août, des retours assistés ont été organisés à partir du Rwanda, et un second convoi depuis la RDC aura lieu à la fin de cette semaine.
Jusqu’à ce que des conditions favorables à la promotion du rapatriement volontaire soient réunies, le HCR ne fait que faciliter le retour au Burundi des réfugiés burundais qui prennent une décision éclairée pour exercer leur droit au retour dans la sécurité et la dignité, et ce conformément aux dispositions des accords tripartites sur le rapatriement volontaire conclus entre le HCR et les gouvernements des pays d'asile respectifs.
Plus de 375 000 réfugiés burundais sont accueillis en Tanzanie, en République démocratique du Congo, au Rwanda, dans d'autres pays de la région et plus loin encore ; la plupart d'entre eux avaient fui le pays en 2015.