Déplacement en Amérique centrale
Des milliers de familles et de jeunes gens en Amérique centrale n’ont pas le choix : c’est partir ou mourir. Ils sont obligés de quitter leur foyer et ils risquent leur vie en entamant des dangereux périples à la recherche d’un endroit sûr pour vivre. Ils arrivent souvent sans rien, excepté les vêtements qu’ils portent sur eux, et ils ont besoin d'aide de toute urgente.
« Nous avions notre propre boulangerie au Salvador jusqu'à l’arrivée des gangs. À partir de ce moment-là, nous n’avons plus pu vendre du pain. Nous avons été menacés et chassés de notre pays. »
Raul*, 65 ans, a fui le Salvador avec sa famille pour se réfugier au Guatemala voisin.
De plus en plus de personnes en Amérique centrale sont obligées de quitter leur foyer. Il y a aujourd’hui environ 470 000 réfugiés et demandeurs d’asile originaires du Guatemala, du Honduras et du Salvador dans le monde – un chiffre qui a connu une augmentation de 33% en comparaison à 2018. Outre l’instabilité socio-économique et la pauvreté, ces gens fuient la violence des gangs, les menaces, les extorsions de fonds, le recrutement par les clans ou la prostitution, ainsi que les violences sexuelles et sexistes. Les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transsexuelles ou intersexuées – communément désignées par l’acronyme LGBTI – fuient aussi les persécutions. Beaucoup d’autres personnes ont été déracinées plus d’une fois au sein de leur propre pays ou renvoyées chez elles, souvent dans des conditions périlleuses.
Depuis avril 2018, la situation politique au Nicaragua a forcé des dizaines de milliers de personnes à fuir les violences et les violations des droits humains. La majorité de ces personnes ont pris la direction du Costa Rica voisin. Deux ans après le début de cette crise, plus de 102 000 Nicaraguayens ont quitté leur pays en quête d’un endroit sûr.
Au total, plus de 890 000 personnes du nord de l’Amérique centrale et du Nicaragua ont été déracinées de leur foyer. Les pays et les communautés d’accueil au Belize, au Costa Rica, au Salvador, au Guatemala, au Honduras, au Mexique et au Panama s’efforcent d’accueillir les personnes contraintes de fuir. Grâce à la mise en place de nouvelles politiques visant à régulariser leur séjour et à permettre une intégration rapide, des milliers de personnes ont pu redémarrer leur vie. Toutefois, l’augmentation du nombre d’individus en quête de sécurité met à rude épreuve les capacités d’accueil face à une telle situation et pèse lourdement sur les systèmes de service déjà restreints, qui doivent aussi desservir les populations locales.
L'escalade de la violence et l'insécurité persistante, associées aux restrictions liées au Covid-19, accentuent les difficultés et le risque de persécution pour des dizaines de milliers de personnes en Amérique centrale, qui n'ont désormais que des moyens très limités pour assurer leur protection et joindre les deux bouts.
« Pour moi, ce projet est synonyme d’espoir. Même si nous avons dû quitter notre pays, nous avons une chance de concrétiser nos rêves. »
Isabel, âgée de 56 ans et originaire du Honduras, est devenue autonome grâce à un projet qui favorise la recherche d’un emploi, mis en place par le gouvernement et le secteur privé au Guatemala.
Que fait le HCR pour aider ?
Tout le monde a le droit de vivre en sécurité. Personne ne devrait être obligé de tout abandonner, d’affronter des drames sans nom ou de perdre la vie, ou de chercher refuge. Toute personne craignant les violences et les persécutions dans son pays d'origine a le droit de demander l'asile. Nous travaillons sans relâche dans toute l'Amérique centrale pour garantir cela.
Le HCR travaille aux côtés de sept gouvernements afin de mettre en œuvre un Cadre global de protection et de solutions régionales (plus connu sous le sigle MIRPS, en espagnol). Il s’agit d’une nouvelle approche innovante visant à permettre aux personnes déracinées de prospérer, et plus seulement de survivre. Elle s’inscrit dans l'esprit du Pacte mondial sur les réfugiés et des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies.
Nous travaillons également en étroite collaboration avec nos partenaires, notamment la société civile et les paroisses, ainsi que dans les communautés à haut risque et au sein des communautés de personnes déplacées, afin d'accroître leur résilience et d’aider toutes les personnes qui n'ont pas eu d'autre choix que celui de fuir. Nous encourageons également la recherche de solutions pour les personnes déplacées internes, pour les réfugiés, pour les demandeurs d'asile et pour les personnes du nord de l’Amérique centrale ou du Nicaragua renvoyées chez elles et ayant besoin de protection.
À cet effet, nous travaillons à renforcer les capacités des pays d'accueil des réfugiés et à permettre un accès équitable et efficace aux procédures de détermination du statut de réfugié. Nous soutenons des réseaux d’hébergement et d’abris sécurisés en Amérique centrale et au Mexique, afin que les personnes qui se déplacent puissent bénéficier d'une aide immédiate et que toutes les personnes ayant besoin d'une protection internationale puissent être identifiées.
Nous travaillons également avec d'autres agences humanitaires et de développement afin d’atteindre toutes les personnes concernées dans les pays d'origine, notamment par le biais de programmes visant à renforcer l’autonomie des personnes déplacées, des enfants, des femmes, des personnes expulsées ayant besoin de protection, des personnes LGTBI et d’autres victimes de la violence. Nous fournissons une aide vitale et des subventions en espèces pour aider les personnes déplacées à s’en sortir.
En outre, nous favorisons l'intégration locale des réfugiés et des demandeurs d'asile dans leurs pays d'accueil en les encourageant à utiliser leurs compétences ou à en acquérir de nouvelles. Nous investissons également dans les efforts mis en œuvre pour lutter contre la xénophobie ou visant à promouvoir la coexistence pacifique entre les personnes déplacées et leurs hôtes.
« J'ai toujours été une battante. Je ne vais pas rester là et passer à côté de ma vie. »
Sara*, une maman de 29 ans spécialisée dans la production et de la distribution de denrées alimentaires, s'est réfugiée au Guatemala avec son mari et son bébé. Elle avait participé aux manifestations au Nicaragua et craignait que la sécurité de sa famille ne soit plus garantie.
Tout au long de la pandémie, le HCR poursuit son action en Amérique centrale et au Mexique, en se concentrant sur les activités humanitaires les plus urgentes là où les restrictions de mouvement le permettent, en coordonnant les efforts de protection pour les cas les plus à risque, en renforçant l'aide humanitaire et en appuyant la réponse des gouvernements au Covid-19, entre autres.
Pour mener à bien ses activités, le HCR a besoin d’un montant total de 165,5 millions de dollars en 2020 pour continuer à répondre aux besoins urgents et persistants des personnes déplacées, des demandeurs d’asile, des réfugiés et des personnes expulsées du nord de l’Amérique centrale et du Nicaragua. Ces activités concernent les sept pays les plus touchés, à savoir le Belize, le Costa Rica, le Salvador, le Guatemala, le Honduras, le Panama et le Mexique.
Documents et rapports (en anglais)
- Expansion des activités en Amérique centrale - 2019
- Le déplacement forcé en Amérique centrale et au Mexique
- La mise en œuvre du Pacte mondial sur les réfugiés en Amérique centrale et au Mexique, le MIRPS
- Analyse des déplacements internes de population au Honduras
- Etude de cas des déplacements internes en raison de la violence au Salvador