Les hommages se succèdent suite au décès du ministre tanzanien Augustine Mahiga, ancien haut fonctionnaire du HCR
Le Haut Commissaire rend hommage à un « ami exceptionnel » qui a soutenu les réfugiés dans de nombreuses fonctions importantes.
GENÈVE - Les hommages ont été nombreux suite à la mort soudaine du ministre tanzanien de la justice et ancien haut fonctionnaire du HCR Augustine Mahiga, décrit comme un grand ami du HCR et un défenseur infatigable de la cause des réfugiés.
« Un homme noble », « une source d’inspiration », « un père aimant », « un fier Africain », « un infatigable défenseur des droits de l'homme » ne sont que quelques-uns des éloges adressés à Mahiga, 74 ans, décédé le 1er mai à Dar es Salaam après une courte maladie.
Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a été le premier à lui rendre hommage, qualifiant Mahiga de « grand homme d'État, fin diplomate, ancien collègue dévoué au HCR et aux Nations Unies, et surtout un homme profondément bon et un ami formidable. »
Mahiga a servi le HCR dans les années 1990 - l'une des périodes les plus exigeantes de son histoire. Il a été chef de mission du HCR au Libéria pendant la guerre civile et, de 1994 à 1998, il a été coordinateur pour la région des Grands Lacs au siège de l'organisation. Il a également occupé des postes de direction en Asie et en Europe.
De 2003 à 2010, il a été le Représentant permanent de la Tanzanie auprès des Nations Unies et, de 2010 à 2013, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour la Somalie. En 2015, il a été nommé ministre des affaires étrangères de la Tanzanie et au moment de son décès, il était ministre de la justice et des affaires constitutionnelles.
D'anciens collègues ont évoqué avec émotion l'engagement d’Augustine Mahiga dans son travail et la passion qu'il mettait à aider ceux qui avaient été contraints de fuir les conflits et les violences.
Romani Urasa, le Représentant du HCR au Rwanda de 1994 à 1998, a décrit Augustine Mahiga comme « un diplomate très avisé et compétent et un défenseur infatigable de la cause des droits de l'homme. »
« C'était un homme très consciencieux et très travailleur... il a aidé le HCR à résoudre un certain nombre de problèmes qui semblaient insolubles au cours d'une période très délicate », se souvient-il.
Romani Urasa, un compatriote tanzanien qui a pris sa retraite en 2002 après une carrière de 25 ans, a déclaré qu’Augustine Mahiga avait joué un rôle essentiel en tant que chef de l'unité des Grands Lacs au siège à Genève en préservant et en renforçant la réputation de l'agence en tant qu'organe respecté et indépendant des Nations Unies au Rwanda avant et après le génocide.
« Il a joué un rôle déterminant et a aidé Sadako Ogata (qui était alors Haut Commissaire) à récolter les louanges qu'elle a reçues pour le travail accompli par l'organisation durant cette période difficile. Il a également joué un rôle extrêmement important au Libéria auparavant », a déclaré Romani Urasa. Mais il a ajouté que ce serait en tant que fier Africain, en tant que modèle et mentor pour de nombreux jeunes employés, y compris de nombreux Africains, que l'on se souviendrait le plus longtemps d’Augustine Mahiga.
Arjun Jain est l'un de ceux qui seront toujours reconnaissants d'avoir travaillé aux côtés du diplomate tanzanien.
« Je l'ai rencontré pour la première fois à la fin de l'année 1998, lorsqu'il était en poste en Inde en tant que Représentant du HCR dans ce pays », se souvient Arjun Jain. « Il a toujours donné l'exemple, ce qui a été essentiel pour moi dans le cadre de mon toute première affectation après l'école de droit. Il traitait tout le monde autour de lui avec un immense respect et cela se ressentait dans toute l’équipe. »
« Une perte aussi grande qu'inattendue. »
Actuellement basé à New York en tant que conseiller politique principal, Arjun Jain se souvient qu’Augustine Mahiga se faisait également un devoir d'inviter des groupes de réfugiés dans son bureau et qu'il passait des heures à écouter leurs préoccupations.
« Il leur consacrait toujours du temps et se faisait souvent leur messager lors de ses réunions avec le gouvernement... C'est aussi une leçon qui m'a été très utile au cours de ma carrière », a-t-il déclaré.
Cependant, c'est en tant que conjoint - il a été marié pendant 45 ans à Elisabeth - et père dévoué de trois enfants qu'il sera le plus regretté.
Sa fille Veronica a suivi les traces de son père en entrant au HCR.
« C'était un homme honorable et noble qui a connu beaucoup de choses au cours de sa vie. C'était un grand homme, une véritable source d'inspiration pour moi. Enfant, je ne comprenais pas toujours pourquoi il faisait ce qu'il faisait. Plus tard, il a suscité mon admiration, il m'a complètement inspirée », a-t-elle déclaré. « C'est une perte aussi grande qu'inattendue, un choc terrible. »
Ses amis et anciens collègues soulignent également son côté humain et disent de lui qu'il n'a jamais oublié ses racines.
Arjun Jain se rappelle la dernière fois que les deux hommes se sont rencontrés en 2018, soit presque 20 ans jour pour jour après leur première rencontre en Inde.
« A l'époque, il était ministre tanzanien des affaires étrangères et dirigeait la délégation gouvernementale à des réunions de haut niveau organisées dans le cadre de l'Assemblée générale... Il m'a immédiatement reconnu, m'a serré dans ses bras et nous avons rattrapé le temps perdu durant les 45 secondes qui nous étaient imparties ! De façon très paternelle, il m'a dit combien il était fier que je travaille encore pour le HCR. J'ai naturellement pris un selfie avec lui. Cela m'a mis le sourire aux lèvres pour le reste de la journée », dit-il.