Les mines et les engins explosifs improvisés mettent en danger la vie des personnes déracinées au Sahel et dans la région du lac Tchad

Ceci est un résumé des déclarations du porte-parole du HCR Babar Baloch – à qui toute citation peut être attribuée – lors de la conférence de presse du 28 juillet 2020 au Palais des Nations à Genève.

Ces réfugiés maliens ont reçu des articles de première nécessité au camp de Goudoubo, au Burkina Faso, en février 2020.

Ces réfugiés maliens ont reçu des articles de première nécessité au camp de Goudoubo, au Burkina Faso, en février 2020.   © HCR/Sylvain Cherkaoui

Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, appelle à un renforcement des efforts visant à atténuer les risques que les mines terrestres et les engins explosifs improvisés font peser sur les réfugiés et les personnes déplacées à l'intérieur de leur pays dans les régions du Sahel et du bassin du lac Tchad, qui sont en proie à des conflits. Depuis le début de l'année 2020, on constate un nombre croissant d'incidents mortels de ce type impliquant des populations déracinées.

Les mines, les munitions non explosées et l'utilisation plus fréquente d'engins explosifs improvisés font peser une menace croissante sur les populations d'accueil, les réfugiés et les personnes déplacées. Bien que les cibles visées par de nombreux groupes armés antigouvernementaux et non étatiques semblent être les forces de sécurité, de plus en plus de civils sont aveuglément tués et mutilés.

Le Nigéria et le Tchad sont les pays les plus touchés dans le bassin du lac Tchad. Lors du dernier incident survenu dans un camp de réfugiés à l'est du Tchad le 24 juin dernier, quatre enfants réfugiés âgés de 9 à 12 ans ont été tués et trois autres gravement blessés après avoir ramassé un engin non explosé et tenté de l'ouvrir.

Dans le même temps, dans le nord-est du Nigéria, quelque 230 personnes ont été tuées et 300 autres blessées par des engins explosifs improvisés en 2019. Plus de 15 incidents de ce type ont été signalés jusqu'à présent en 2020.

Nos équipes sur le terrain constatent également une tendance à la hausse dans le Sahel. Au Niger, au moins cinq réfugiés et personnes déplacées ont été tués et de nombreux autres ont été blessés depuis le début de l'année lors de cinq incidents différents.

Par exemple, le 21 janvier 2020, deux adolescents - un habitant du pays et un ami réfugié originaire du Burkina Faso - ont ramassé une roquette non explosée. Croyant à tort que c'était un jouet, ils ont essayé de l'ouvrir avec une hache. L'engin a explosé, tuant l'adolescent nigérien et blessant gravement le réfugié.

Dans la région de Diffa au Niger, deux véhicules ont roulé sur des engins explosifs près de la ville de Bosso, lors de deux incidents distincts en février et mars. Les explosions ont tué quatre personnes, dont trois lycéens, et blessé de nombreuses autres, dont un bébé de 10 mois.

Au Mali, la population civile représente près de la moitié des victimes des mines terrestres et des explosions d'engins improvisés dans tout le pays. Au moins 42 civils ont été tués dans 82 incidents entre janvier et mai de cette année, principalement dans les régions de Mopti, Gao et Kidal. Les routes qui relient Mopti, au centre du pays, aux régions du nord sont particulièrement concernées et dangereuses.

Au Burkina Faso, le 6 juin, un véhicule transportant deux réfugiés a heurté un engin explosif improvisé près du camp de réfugiés de Mentao. Tous deux ont été évacués vers Djibo, où ils ont reçu des soins pour leurs blessures.

Le Sahel est confronté à l'une des crises de déplacement les plus importantes au monde. Des millions de personnes ont fui les attaques aveugles des groupes armés contre les civils, avec notamment des exécutions sommaires, le recours généralisé au viol des femmes et des attaques contre les institutions de l'État, y compris les écoles et les établissements de santé.

Outre le nombre élevé de morts, de blessés et les séquelles infligées, y compris les dommages psychologiques, la présence d'engins explosifs entrave également l'accès aux moyens d'existence des populations locales tels que les pâturages, les champs, les fermes, le bois de chauffage ainsi que les infrastructures communautaires. Ils affectent également l'acheminement de l'aide humanitaire et les activités de développement.

Le HCR continue à soutenir les blessés et les familles des victimes. Nous aidons également à organiser les funérailles des défunts et nous organisons des séances de soutien psychosocial pour les survivants - y compris pour les enfants. Nous nous engageons également auprès des chefs de communauté pour les sensibiliser aux risques causés par les munitions non explosées.

Des efforts urgents sont nécessaires pour remédier au terrible danger que représentent les mines terrestres, les restes explosifs de guerre et les engins explosifs improvisés, et pour sensibiliser à la menace qu'ils constituent pour les populations. Il est essentiel que les gouvernements, les organisations humanitaires et les parties aux conflits intensifient leurs activités de lutte contre les mines, car les civils paient un très lourd tribut.

Les mines représentent également un danger supplémentaire pour les réfugiés et les personnes déplacées qui fuient la violence et la persécution et constituent une entrave à leur droit de rentrer chez eux. Nous considérons les mines et les munitions non explosées comme des obstacles majeurs au retour dans la sécurité et la dignité. Elles représentent pour les réfugiés et les personnes déplacées qui rentrent chez eux un danger mortel pendant de nombreuses années après la fin du conflit.

Le HCR souligne l'importance d'une assistance étendue et complète pour toutes les victimes, en accord avec la politique des Nations Unies sur l'assistance aux victimes de mines. Celle-ci recommande que l'assistance aux victimes de mines antipersonnel comprenne la collecte de données, les soins médicaux, la réadaptation physique et autre, y compris les soins psychosociaux.

 

Pour de plus amples informations à ce sujet, veuillez svp contacter :