Les femmes et les jeunes filles déracinées et apatrides confrontées à une menace accrue de violences sexistes durant la pandémie de coronavirus

Une rescapée de la violence sexuelle reçoit de l'aide dans un refuge à Riohacha, en Colombie.

Une rescapée de la violence sexuelle reçoit de l'aide dans un refuge à Riohacha, en Colombie.   © HCR/Ruben Salgado Escudero

Le Covid-19 enlève des vies et bouleverse les communautés à travers le monde entier, mais le virus comporte également des risques majeurs en termes de protection pour les femmes et les jeunes filles contraintes de fuir leurs foyers, a déclaré ce jour Madame Gillian Triggs, Haut Commissaire assistante du HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, en charge de la protection internationale.

« Nous devons nous préoccuper d’urgence d’assurer la protection des femmes et des jeunes filles réfugiées, déplacées internes et apatrides en cette période de pandémie. Elles comptent parmi les personnes les plus menacées. Il ne faut pas laisser la porte ouverte aux agresseurs et aucune aide ne doit être épargnée pour les femmes qui ont survécu à des abus et à la violence », a déclaré Gillian Triggs.

Les politiques d’isolement, de confinement et de quarantaine adoptées à travers le monde pour contrer la pandémie ont entraîné une restriction de la liberté de mouvement, une réduction des interactions communautaires, la clôture des services et l’aggravation des conditions socio-économiques. Ces facteurs augmentent considérablement les risques de violence conjugale au sein des couples.

« Certaines peuvent se retrouver confinées à domicile dans leur abri ou leur maison, piégées aux côtés de leurs agresseurs, sans aucune possibilité de prendre leurs distances ou de rechercher un soutien. »

« D’autres, notamment les femmes et les jeunes filles sans-papiers ou celles qui ont perdu leurs moyens d’existence précaires du fait des dégâts économiques infligés par le Covid-19, peuvent devoir recourir à la prostitution de survie ou subir un mariage précoce imposé par leur famille. Au sein des ménages, de nombreuses femmes sont également obligées d’assumer des charges accrues pour assurer les soins à autrui. »

Pour les femmes et les jeunes filles qui ont survécu à la violence ou qui y sont confrontées, le Covid-19 signifie aussi un accès plus limité à un soutien vital, comme les services d’aide psychosociale ainsi que les prestations de santé et de sécurité. Du fait des restrictions à la liberté de mouvement et des mesures de confinement, il leur est plus difficile de bénéficier d’une aide et ces services, notamment les foyers d’accueil, ont par ailleurs été temporairement suspendus, réaffectés ou fermés.

« Le réseau des équipes du HCR chargées de la protection est en alerte de haut niveau à travers le monde entier. Nos programmes d’aide vitale au bénéfice des femmes et des jeunes filles victimes de violences sont adaptés dès que possible. Dans certains endroits, ils sont désormais gérés à distance par des travailleurs sociaux, avec l’aide de réseaux communautaires d’entraide animés par des bénévoles spécifiquement formés à cet effet », a précisé Gillian Triggs.

Les femmes déracinées elles-mêmes sont en première ligne des efforts de réponse, en informant leurs communautés sur les risques de violence et en diffusant des informations sur les mesures de prévention et de protection sanitaire. Elles aident aussi les victimes de violences à bénéficier de toutes les prestations disponibles en matière d’assistance spécialisée.

Par ailleurs, le HCR accorde des allocations d’aide d’urgence en espèces pour soutenir les survivantes et les femmes à risque. Son action est coordonnée avec l’ensemble des intervenants du secteur de l’aide humanitaire, afin que les risques de violences sexuelles et sexistes soient réduits au minimum à travers toutes les activités sectorielles dont, entre autres, la réponse d’urgence à la situation sanitaire.

« Afin de préserver des vies humaines et de garantir les droits, les gouvernements et tous les acteurs humanitaires doivent s’assurer que l’augmentation des risques de violences pour les femmes déracinées et apatrides est dûment pris en compte dans la conception des plans nationaux de prévention et de lutte contre le coronavirus et dans les plans de redressement », a ajouté Gillian Triggs.

Cela suppose que l’accès aux services vitaux pour les victimes de violences sexistes soit considéré comme essentiel et que les personnes déracinées puissent en bénéficier. Il s’agit notamment des services de santé et de sécurité pour les personnes abusées, des prestations de soutien psychosocial et des foyers d’accueil. De plus, les victimes de ces violences ne doivent pas être privées d’accès à la justice.

Du fait de la détérioration des conditions socio-économiques auxquelles sont déjà confrontés de nombreux pays d’accueil de réfugiés, le soutien des donateurs sera fondamental pour maintenir le fonctionnement des services essentiels pour la prévention et la réponse aux violences sexistes, notamment ceux dispensés par des organisations locales dirigées par des femmes.

« Toutes les femmes et toutes les jeunes filles ont droit à une existence libre de toute forme de violence. Nous devons rester aux côtés des femmes et des jeunes filles déracinées et apatrides et en profiter pour réitérer le message du Secrétaire général des Nations Unies qui a incité tous les gouvernements à accorder la priorité à la santé des femmes et des jeunes filles dans leur réponse à la pandémie. »

 

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