L'Iran a besoin d'un soutien accru pour aider les réfugiés afghans, souligne le chef du HCR

Filippo Grandi, le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, se félicite des progrès réalisés en vue de fournir des documents d'identité, une éducation, des moyens de subsistance et une couverture santé aux Afghans en Iran.

Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, s'est entretenu avec Somayeh Ghaznavi lors d'une rencontre avec des entrepreneurs réfugiés à Téhéran, en Iran. Originaire d'Afghanistan, elle dirige une entreprise de confection.
© HCR / Andrew McConnell

L’Iran continue de montrer l’exemple au niveau international lorsqu’il s’agit des politiques progressistes et inclusives adoptées en faveur des réfugiés, mais ce pays a besoin d’être davantage soutenu car il accueille l’une des plus importantes communautés réfugiées au monde, a indiqué le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, lors d’un voyage de trois jours dans la région.


Près d’un million de réfugiés sont enregistrés en Iran, la grande majorité d’entre eux sont originaires d’Afghanistan. Le Haut Commissaire a salué les mesures généreuses prises par l’Iran afin de favoriser l’insertion des réfugiés dans les systèmes nationaux, ainsi que dans l’économie, en leur permettant notamment d’accéder au système d’assurance-maladie national, de travailler dans différents secteurs et d’obtenir des papiers d’identité. En outre, depuis 2015, tous les enfants afghans – quel que soit leur statut – peuvent être inscrits dans une école maternelle ou secondaire.  

À Téhéran, Filippo Grandi s’est entretenu avec plusieurs représentants du gouvernement, notamment le Ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javid Zarif ; le Ministre de l’Intérieur, Abdolreza Rahmani Fazli ; et le directeur du Bureau des étrangers et de l’immigration, Ahmad Mohammadifar. Il leur a indiqué que le HCR s’engageait à appuyer les efforts déployés par l’Iran pour fournir une protection aux réfugiés et pour trouver des solutions à la question des réfugiés afghans, tout en appelant la communauté internationale à  renforcer son aide en la matière. Cette visite du Haut Commissaire est la première étape d’un déplacement prévu dans trois pays de la région -- l’Iran, l’Afghanistan et le Pakistan -- afin de trouver des solutions à la question des réfugiés d’Afghanistan.     

Dans la banlieue de Téhéran, le chef du HCR a pu discuter avec des réfugiés afghans lors d’une visite du Centre d’administration des réfugiés du Golfe persique, qui fournit des papiers d’identité aux réfugiés.

Il s’est également rendu dans la ville de Mashhad, qui accueille la deuxième plus grande communauté de réfugiés afghans en Iran, pour y rencontrer le gouverneur et se rendre dans un institut de formation professionnelle pour les réfugiés, ainsi qu’un hôpital financé par le gouvernement, qui pratique des examens médicaux pour les Afghans munis ou non de papiers d’identité, notamment la dialyse rénale.

Outre les réfugiés enregistrés, qui possèdent la carte d’identité « Amayesh », le gouvernement estime qu’entre 1,5 et 2 millions d’Afghans vivent dans le pays sans papiers. Ces dernières années, plusieurs mesures importantes ont été prises pour identifier ces personnes et les enregistrer une par une, dans un premier temps. Un nombre accru de personnes, soit près d’un demi-million d’individus, vit également dans le pays avec un passeport afghan et un permis de travail iranien.

Lors d’une rencontre avec les milieux diplomatiques à Téhéran, Filippo Grandi a insisté sur la nécessité d’aider davantage les populations les plus vulnérables, notamment les réfugiés, à un moment où l’Iran doit faire face à des pressions économiques. En accueillant près d’un million de réfugiés, et en tentant de résoudre la situation des sans-papiers, le gouvernement iranien contribue de manière importante à la gestion des mouvements de population dans la région et au-delà ; il doit être soutenu dans cette tâche.

Se former pour progresser (Caméra : Alex St.Denis, Production : Edith Champagne)

Malgré l’instabilité de la situation sécuritaire, qui n’encourage pas aujourd’hui les départs volontaires et à grande échelle depuis l’Iran, certains réfugiés cherchent de l’aide pour trouver un emploi ou créer leur entreprise lorsqu’ils rentreront en Afghanistan. « Cela témoigne d’une volonté d’envisager leur avenir à plus long terme et avec espoir », a déclaré Filippo Grandi. « Nous ne devons pas oublier que la réponse à cette situation doit être trouvée en Afghanistan -- et dans la stabilité, la sécurité et la prospérité de l’Afghanistan. »   

La question des réfugiés afghans est l’une des plus importantes situations de réfugiés prolongées au monde avec, dans certains cas, des réfugiés présents dans le pays depuis 40 ans. Cela signifie que beaucoup d’entre eux font partie de la troisième ou de la quatrième génération de réfugiés, c’est-à-dire des personnes nées et ayant grandi en Iran. Bien que malheureusement conscients de l’insécurité permanente qui règne dans leur pays d’origine, ils ne cessent de rêver à un éventuel retour vers leurs racines.

« Il s’agit de réfugiés de longue durée. Certains sont ici depuis des décennies, d’autres sont nés ici. Il y a un énorme potentiel entrepreneurial au sein de cette communauté », a explique Filippo Grandi.   

Lors d’échanges avec des entrepreneurs réfugiés ayant créé leur entreprise un peu partout dans le pays, et employant des Iraniens ou des compatriotes, Filippo Grandi a pu rencontrer Somayeh Ghaznavi, une jeune femme de 27 ans, qui dirige une entreprise de confection à Téhéran. « Cela me convient vraiment bien d’être à mon compte mais j’ai besoin d’aide pour continuer », dit-elle. « J’ai tout perdu une première fois mais je recommence à nouveau. J’espère pouvoir avoir plus de succès et, ainsi, être capable de gérer ma vie ».

« Cela me convient vraiment bien d’être à mon compte mais j’ai besoin d’aide pour continuer. »

Elle a démarré son activité après avoir suivi un programme de formation en commerce géré par l’organisme ILIA, partenaire du HCR ; et elle emploie aujourd’hui quatre couturières qui confectionnent les vêtements professionnels d’un célèbre restaurant à Téhéran, ce qui lui permet d’assurer un revenu pour sa famille.  Somayeh est née et a grandi en Iran. Elle attribue son succès à l’organisme ILIA, qui l’a non seulement formée, mais lui a aussi fourni un local pour y installer son propre atelier.

« Je les ai encouragé à utiliser leur esprit d’entreprise ; à ne pas dépendre de l’aide et à rechercher leur propre indépendance économique », a souligné Filippo Grandi. « Ces entrepreneurs à petite échelle ont été en mesure de renvoyer l’ascenseur, non via des dons ou de l’aide, mais en employant à leur tour des réfugiés ou des Iraniens ».

Le défi est de faire en sorte que l’Iran reste soutenu financièrement par la communauté internationale ; de sorte que le pays puisse poursuivre sur cette voie. « La question des réfugiés en Iran est une situation que le pays connaît depuis maintenant 39 ans, à l’arrivée d’Afghans en 1979 ».

Lors de son déplacement, Filippo Grandi a également mis l’accent sur le Pacte mondial sur les réfugiés, qui devra être adopté par les Etats Membres des Nations Unies d’ici la fin 2018, et qui fournit un plan d’action sur la manière dont la communauté internationale peut venir en aide aux pays comme l’Iran, lorsqu’ils accueillent d’importantes populations réfugiées.

« Voici une illustration de la mise en œuvre du Pacte sur les réfugiés dans la réalité et sur le terrain », a-t-il déclaré. « L’Iran a déjà mis en place plusieurs des responsabilités et contribue à l’intérêt général, c’est-à-dire au bien-être des réfugiés », a-t-il ajouté. « J’espère que d’autres pays vont s’inspirer de l’exemple iranien et que l’Iran recevra le soutien mérité. »