Un producteur américain aide une chanteuse syrienne à exprimer ses rêves
Un producteur de musique américain s'est rendu au Liban pour y enregistrer un album avec des réfugiés, leur offrant ainsi une plate-forme pour partager leurs sentiments et faire connaître leurs parcours.
La réfugiée syrienne Souzda répète en studio à Beyrouth, au Liban.
© Avec l'aimable autorisation de Jake Green
Lorsque Souzda a fui les bombardements meurtriers à Afrine au nord de la Syrie, elle pensait laisser derrière elle bien plus que sa maison. Agée de 22 ans, elle étudiait alors la musique et espérait devenir chanteuse, mais les bombes qui l'ont poussée à fuir ont également menacé de réduire ses rêves à néant.
Arrivée à Beyrouth, la capitale libanaise, Souzda a non seulement trouvé la sécurité mais aussi la chance de raviver ses ambitions musicales. Depuis début 2019, elle écrit, compose et enregistre des chansons avec le producteur et chanteur américain Jay Denton, dans le cadre d'un album qu'il produit en collaboration avec des réfugiés au Liban.
« Jay m'a rendu espoir », explique Souzda en souriant alors qu'elle répète un morceau avec lui à Beyrouth. « Oui, c’est la guerre et je suis hors de mon pays, mais j’espère aujourd’hui continuer à faire de la musique. »
« Ils pensent qu’ils n’ont pas de voix. »
Jay Denton est un musicien originaire de Dallas au Texas. Il a étudié les relations internationales et voyagé dans le monde entier. Il est convaincu que la musique a le pouvoir de relier des personnes de tous les milieux. Equipé d'un studio d'enregistrement mobile avec lequel il voyage habituellement, il est venu au Liban pour enregistrer un album avec des réfugiés.
« Quand je les ai rencontrés pour la première fois, ils m'ont dit que l'une des choses les plus difficiles dans la vie ici, c'est qu'ils pensent qu’ils n’ont pas de voix », explique Jay Denton. « Je viens pour créer de l'art car, avec un peu de chance, ce sera ce qui leur donnera l'impression de pouvoir faire entendre leur voix auprès du reste du monde ainsi que de faire connaitre leurs parcours. »
Jay Denton travaille avec un groupe de plus de 10 Syriens et un réfugié irakien, avec lequel il compose et enregistre plusieurs morceaux.
Le Liban accueille actuellement environ 920 000 réfugiés enregistrés qui ont fui le conflit en Syrie voisine, ainsi que plus de 14 000 réfugiés irakiens.
« Certains morceaux évoquent ce que c'est que d'être loin de chez soi », explique-t-il. « D’autres parlent d'espérance, et de faire renaitre l'espoir pendant une période difficile. »
Souzda a écrit et enregistré une chanson en langue kurde sur sa ville natale, Afrine, où une escalade des combats - notamment au début de l’année 2018 - a arraché plus de 150 000 personnes à leur foyer.
Ce morceau aborde les thèmes de la guerre et du chagrin, mais aussi de l'espoir. « Je voulais que les gens, les miens, quand ils nous entendent dire que la vie continue, qu’il y a encore de l'espoir et que, tant qu'on en a la volonté, on peut produire quelque chose partout où on va », explique-t-elle.
« La musique est un langage grâce auquel je peux exprimer ce que je ressens. »
Dès qu'il aura fini d'enregistrer la musique avec les réfugiés à Beyrouth, Jay Denton retournera à Los Angeles, où il est aujourd’hui basé, pour terminer l'album en collaboration avec plusieurs artistes américains. Il prévoit de sortir ce disque au début de l'année prochaine. Il espère reproduire l'expérience dans d'autres régions du monde où l'on assiste actuellement à des déplacements de populations.
Souzda indique que la musique l'a aidée à traverser les conflits et les déplacements de populations. « La musique, c’est la vie, c’est un langage grâce auquel je peux exprimer ce que je ressens. Je peux exprimer ma douleur, ma joie, je peux parler via la musique. C'est la langue qui permet de faire passer un message au plus près du cœur des êtres humains. »
La conclusion de sa chanson exprime le désir et l'espoir d'un avenir meilleur pour sa patrie. « Demain, il n'y aura plus de chagrin. Demain, il y aura davantage d'espoir. Aussi loin que cela puisse paraître, un jour, nous verrons le rétablissement de la paix. »