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Somalie: des réfugiés déchirés entre le ramadan et leur survie

Publisher: AP, The Associated Press
Author: --par Malkhadir Muhamed et Abdi Guled--
Story date: 02/08/2011
Language: Français

DADAAB, Kenya (AP) – Le mois sacré du ramadan commence pour les musulmans mais pour les réfugiés de la faim somaliens, se priver de nourriture tout le jour représente un sacrifice particulièrement lourd quand le corps se remet déjà difficilement, et certains ont honte de ne pouvoir festoyer le soir à la rupture du jeûne.

Le Coran dispense de jeûne les fidèles dont la santé est trop fragile mais pour beaucoup de Somaliens, c'est une question de foi.

"C'est dur pour moi de jeûner, mais je jeûne par crainte de Dieu", confie Faduma Aden, réfugiée avec ses trois enfants dans le camp kényan de Dadaab, où sont arrivés des dizaines de milliers de Somaliens ayant fui la famine, souvent à pied.

"Comment faire le jeûne alors que je n'ai rien pour le rompre?", se lamente Mohamed Mohamud Abdulle, qui a honte de ne pouvoir respecter la tradition de l'iftar, le grand repas pris après le coucher du soleil. "Toute ma famille a faim et je n'ai rien pour les nourrir", ajoute-t-il, "j'ai l'impression que la faim qui m'a forcé à quitter ma maison a doublé ici".

Chaque année, les prix grimpent pendant le ramadan et organiser les copieux repas de rupture du jeûne représente un budget conséquent. "Je ne peux pas jeûner parce que je ne peux pas avoir la nourriture pour rompre le jeûne et manger avant le matin", explique Nur Ahmed. Sa femme est morte en couches l'an dernier et il vit désormais avec ses six enfants dans un camp de déplacés à Mogadiscio, la capitale somalienne.

Cheikh Ali Cheikh Hussein, qui dirige une mosquée de Mogadiscio, fait appel à la solidarité des musulmans pour aider les nombreux Somaliens trop affaiblis par la faim pour jeûner ou festoyer le soir et reprendre des forces.

"Nous avons demandé à tous les musulmans d'aider ceux qui meurent de faim", dit-il, "les musulmans ne devraient pas rester silencieux devant cette situation. Nous les aiderons si Dieu le veut".

A l'hôpital du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) du camp de Dadaab au Kenya, l'un des soignants, Muhammed Hussein, a le sentiment de mieux comprendre ses patients car il observe lui-même le jeûne du ramadan.

"Vous avez beaucoup d'empathie quand vous avez faim vous-même, vous comprenez la douleur de celui qui n'a pas mangé", estime-t-il. "Dans ce genre de malnutrition aiguë, les gens n'ont plus l'énergie de marcher. Ils ont déjà marché de Kismayo, en Somalie, jusqu'ici." Observer le jeûne soi-même "emplit le coeur de miséricorde pour les gens qui souffrent", dit-il.

Selon Médecins sans frontières (MSF), le complexe de trois camps de Dadaab (Ifo, Hagadera et Dagahaley) constitue le plus grand camp de réfugiés au monde. Prévu pour héberger 90.000 personnes, il accueille aujourd'hui 400.000 réfugiés.

Mais la solidarité s'organise. A Dagahaley, trois centres de distribution tenus par des "anciens" des communes voisines fournissent vivres et argent chaque jour à plus d'un millier de familles et de réfugiés seuls.

Emus par les mères hagardes et les enfants si maigres, la diaspora somalienne envoient des centaines de dollars pour acheter à manger et des vêtements aux nouveaux arrivants. Ce sont des fidèles des mosquées voisines qui ont appelé d'anciens réfugiés pour qu'ils aident les nouveaux venus en leur donnant tout ce qu'ils pouvaient trouver: vivres, argent, vêtements, matelas...

Dans l'un des camps de déplacés de Mogadiscio, Salad Salah a dû renoncer au jeûne, estimant que cela relèverait du "suicide". "Nous n'avons pas envie de manquer le ramadan mais, vu les conditions ici, nous sommes obligés", déplore-t-il.

Les Nations unies estiment que 12,4 millions d'habitants de la Corne de l'Afrique, dont 3,7 millions en Somalie, sont affectés par la sécheresse et la faim et nécessitent une aide humanitaire d'urgence.

La sécheresse a dégénéré en famine dans le centre-sud à cause de la guerre civile et 2,2 millions d'habitants risquent de mourir de faim dans les zones tenues par l'insurrection islamiste Shabab, qui interdit l'accès à la plupart des organisations humanitaires.
 

Refugees Daily
Refugees Global Press Review
Compiled by Media Relations and Public Information Service, UNHCR
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UNHCR does not vouch for the accuracy or reliability of articles in Refugees Daily