Les donateurs promettent 4,4 milliards de dollars pour répondre aux besoins en Syrie
Pour le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, le soutien apporté par les donateurs à la plus vaste crise de réfugiés du monde lors de la conférence de Bruxelles revêt une importance « critique. »
Lors d’une importante conférence de donateurs organisée à Bruxelles par l'Union européenne et les Nations Unies, les délégués ont promis ce jour environ 4,4 milliards de dollars pour 2018 afin de répondre aux besoins croissants des Syriens déplacés par plus de sept ans de conflit ainsi qu'à ceux des principaux pays d'accueil de la région.
Durant cette conférence de deux jours, les délégués se sont également engagés à maintenir appui, protection et opportunités aux plus de 5,6 millions de réfugiés syriens disséminés à travers la région, ainsi qu’aux plus de 13 millions de personnes ayant besoin d'une aide humanitaire en Syrie et aux 3,9 millions de personnes vulnérables dans les communautés d'accueil.
À la fin de la conférence mercredi, les délégués représentant des pays hôtes et des centaines de partenaires humanitaires ont également promis 3,4 milliards de dollars en vue du financement de programmes d'aide humanitaire et de développement en 2019 et 2020.
La conférence des donateurs a débuté par une vidéo émouvante où la petite Farah, une réfugiée syrienne de six ans vivant dans le camp de Zaatari en Jordanie, raconte avec ses mots qu'elle est passionnée par les langues et les sciences, qu'elle rêve de devenir enseignante et poétesse et qu'elle aime jouer au football, un sport qui la rend heureuse et l'aide à oublier ses difficultés.
« Engageons-nous aujourd'hui à renouveler et consolider nos engagements politiques, humanitaires et financiers. »
Dans son allocution d'accueil aux 88 délégations présentes, Federica Mogherini, haute représentante de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, est revenue sur l'histoire de Farah pour souligner que la solution au conflit passe nécessairement par des pourparlers dignes de ce nom organisés entre les parties syriennes sous les auspices des Nations Unies.
« Nous ne partageons pas les mêmes points de vue sur tout et nous le savons très bien. Toutefois, je suis convaincue qu'il existe une possibilité de travailler ensemble sur deux aspects : la mobilisation de l'aide et l'appui financier qui permettront à Farah d'étudier et de rester en vie, et aussi de travailler en concertation pour amener les parties syriennes à la table de négociation, » a déclaré Mme Mogherini.
Dans un message vidéo adressé à l'assemblée, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a souligné que le conflit a causé d'épouvantables souffrances dans l'ensemble d'une région, tandis que la Syrie est devenue « le creuset de l'instabilité mondiale » et « l'une des plus graves menaces à la paix et à la sécurité dans le monde. »
« Engageons-nous aujourd'hui à renouveler et consolider nos engagements politiques, humanitaires et financiers pour aider le peuple syrien, les pays de la région et les communautés touchées par ce tragique conflit, » a-t-il déclaré.
À travers la région tout entière, les besoins humanitaires sont renversants. En dépit du soutien généreux de leurs hôtes, jusqu'à 80 % des réfugiés syriens dans certains pays vivent en dessous du seuil de pauvreté et 35 % des enfants réfugiés sont déscolarisés.
Les pays hôtes ont fait preuve d'une générosité exceptionnelle à l'égard des réfugiés syriens mais doivent être soutenus bien davantage vu la persistance de la crise. À moins que des financements ne soient reçus d'urgence, des programmes essentiels, notamment dans l'éducation et la santé, risquent d'être interrompus ou amputés dans les mois à venir, ce qui conduira à la déscolarisation d'un plus grand nombre d'enfants, à l'augmentation du nombre de familles vivant dans la pauvreté et à la réduction de la proportion de personnes à même de gagner suffisamment pour vivre.
« En leur nom, nous lançons un appel à la fin des violences. À une solution politique. À un avenir sûr, avec l'espoir d'une éducation, de soins de santé, d'un travail et d'un retour au pays. En d'autres termes, un retour à la vie normale, » a déclaré le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, Mark Lowcock, face aux délégués à cette conférence intitulée « Appuyer l'avenir de la Syrie et de la région. »
« Nous devons maintenir le cap et montrer un soutien et une solidarité sans faille au peuple syrien de même qu'aux communautés hôtes. »
Dans son allocution, Filippo Grandi, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a rappelé que les Syriens représentent un quart des réfugiés du monde et qu'un quart de l'ensemble des Syriens sont réfugiés. Il a souligné l'importance d'un appui au processus de paix, ajoutant que la grande majorité des réfugiés veulent rentrer dans leur pays.
« Pour l'heure, les conditions d'un retour ne sont pas en place, » a précisé Filippo Grandi. « Dans un contexte de destruction et de conflit, un retour prématuré des réfugiés serait désastreux, tant pour les personnes concernées que pour la stabilité de la Syrie et de la région. Il est donc essentiel de prêter assistance aux réfugiés ainsi qu’aux communautés des pays qui les accueillent. »
- Voir également : En Jordanie, la hausse du coût des soins de santé provoque de grandes difficultés pour les réfugiés syriens
Il a exprimé l'espoir qu'un appui soutenu serait apporté aux pays hôtes, soulignant l'existence de nouveaux instruments financiers tels que le fonds européen d'aide aux réfugiés en Turquie, les financements concessionnels de la Banque mondiale et différentes formes d'aide bilatérale.
Le Haut Commissaire a également appelé au maintien et à l'élargissement des politiques progressistes à l'égard des réfugiés dans les pays hôtes via un meilleur accès aux permis de travail et aux autres débouchés rémunérateurs. Il a encouragé les pays hôtes à promouvoir l'accès à l'enregistrement et au statut juridique — des étapes importantes pour la protection, la gestion des réfugiés et leur inclusion — et à maintenir l'accès des réfugiés aux services d'éducation et de santé.
Enfin, Filippo Grandi a invité les pays représentés à la conférence à élargir leurs programmes de réinstallation pour les réfugiés syriens. En 2016, le HCR a demandé la réinstallation et d'autres voies d'admission pour au moins 10 % des réfugiés syriens.
« Nous devons maintenir le cap et montrer un soutien et une solidarité sans faille au peuple syrien de même qu'aux communautés hôtes. Notre succès ou notre échec témoignera de notre humanité et de notre engagement à faire régner la solidarité plutôt que l'intérêt personnel. »