South East Asia

Environnement opérationnel

 
En 2018, la réponse du HCR en Asie du Sud-Est est restée dominée par la situation des centaines de milliers de réfugiés rohingyas au Bangladesh, dont plus de 700 000 ont fui la violence sévissant dans l’État de Rakhine au Myanmar en 2017. Les besoins humanitaires des réfugiés au Bangladesh et des apatrides au Myanmar devraient être encore très importants et critiques en 2019. En conséquence, il existe un risque que les réfugiés continuent d’effectuer des traversées dangereuses, par voie terrestre ou maritime, vers d’autres pays de la sous-région.
 
Alors que seuls trois pays de la sous-région sont signataires de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, le principe de non-refoulement est largement respecté. Le HCR continue de s’appuyer sur cette pratique positive pour formaliser des dispositifs de séjour temporaire dans les pays de la région notamment, en premier lieu, par l’enregistrement commun des réfugiés et demandeurs d’asile auprès des gouvernements concernés. Par ailleurs, des efforts sont déployés pour diminuer les taux de détention et améliorer l’accès à l’éducation, aux soins de santé et aux opportunités d’emploi.
 
Malgré la crise dans l’État de Rakhine, des progrès sont en cours pour parvenir à des solutions pour les réfugiés originaires d’autres régions du Myanmar. Plusieurs centaines de réfugiés non rohingyas du Myanmar sont rentrées volontairement depuis la Thaïlande en 2018 et des possibilités de rapatriement volontaire sont actuellement étudiées pour ceux qui se trouvent en Malaisie et dans d’autres pays d’accueil. Les dispositifs de réinstallation qui existaient de longue date ont changé, la politique régionale du HCR mettant davantage l’accent sur des orientations individuelles plutôt que collectives, en fonction des besoins spécifiques et de la vulnérabilité des personnes. Des efforts importants sont également déployés pour améliorer l’accès des réfugiés à l’emploi légal, que ce soit pour les populations réfugiées ayant un besoin continu de protection ou pour offrir un « atterrissage en douceur » à ceux qui pourraient avoir rapidement accès à des solutions durables.
 
En 2019, le HCR plaidera pour un soutien régional à la crise des Rohingyas dans le cadre d’une Approche fondée sur la solidarité envers le peuple de l’État de Rakhine à laquelle les pays de la région et au-delà pourraient apporter des contributions dans divers domaines. Les mécanismes régionaux comme l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) et le Processus de Bali seront également mobilisés pour faciliter les contributions et se préparer à tout mouvement continu ou secondaire de réfugiés vers d’autres pays de la région.
 
Remédier à l’apatridie reste une priorité stratégique essentielle pour le HCR dans la région, en collaboration et coopération étroites avec les États membres de l’ASEAN. Selon les statistiques du HCR, plus de 40% des apatrides dans le monde résident actuellement dans les États membres de l’ASEAN, dont deux des plus nombreuses populations apatrides.
 
Forts de leurs succès antérieurs, les Philippines et la Thaïlande continuent de prendre des mesures pour réduire l’apatridie. Les Philippines disposent d’un Plan d’action national (NAP) pour mettre fin à l’apatridie d’ici 2024. Le Cambodge et le Vietnam sont en train de réformer leurs lois sur l’état civil et la nationalité et ces efforts contribueront à l’identification, la réduction et la prévention de l’apatridie.
 
Le HCR continuera de soutenir la Commission de l’ASEAN sur la promotion et la protection des droits des femmes et des enfants afin d’améliorer le taux d’enregistrement à l’état civil et de faire respecter le droit des femmes et des enfants à une nationalité dans l’ASEAN. Le HCR et le Bureau régional d’appui au Processus de Bali ont soutenu l’élaboration d’un kit d’outils qui vise à aider les États à évaluer et améliorer leurs systèmes nationaux d’enregistrement à l’état civil.  L’objectif est d’intégrer et de fournir une protection de base aux populations difficiles à atteindre et marginalisées comme les réfugiés, les demandeurs d’asile, les apatrides, les personnes ayant une nationalité indéterminée et les personnes sans papiers. Il devrait être lancé en phase pilote en Malaisie et en Thaïlande.
 
L’enregistrement des naissances sera encouragé dans toute la région afin de prévenir l’apatridie, en particulier auprès des gouvernements et des partenaires du secteur du développement, conformément aux objectifs fixés dans « La décennie Asie-Pacifique de l’enregistrement à l’état civil et des statistiques démographiques 2015-2024 » et à l’objectif de développement durable visant à garantir à tous une identité juridique d’ici à 2030. Le HCR renforcera ses relations avec les institutions universitaires et de recherche afin d’améliorer les données de référence et d’identifier les solutions possibles. Il nouera également de nouveaux partenariats avec les organisations de la société civile menant des activités pour résoudre l’apatridie dans la région. Le HCR soutiendra les actions de plaidoyer et les interventions de la société civile. Il collabore également avec le Centre Peter McMullin sur l’apatridie de l’Université de Melbourne et le Réseau sur l’apatridie pour l’Asie et le Pacifique (SNAP) afin d’encourager le renforcement des capacités et d’améliorer la collaboration au sein des organisations de la société civile engagées dans la lutte contre l’apatridie.

Réponse et mise en œuvre

 
Les opérations du HCR au Bangladesh, en Indonésie, en Malaisie,  au Myanmar et en Thaïlande sont présentées dans des résumés pays distincts.
 
Dans les trois pays signataires de la Convention de 1951 – le Cambodge, les Philippines et Timor Leste -, le HCR continuera d’offrir des formations et d’autres soutiens aux agents du gouvernement. En outre, aux Philippines, le HCR continuera de soutenir le mécanisme de transit d’urgence pour la relocalisation temporaire de personnes destinées à être réinstallées de manière permanente dans d’autres pays et poursuivra le renforcement des capacités de protection des acteurs locaux pour les déplacés internes à Mindanao.
 
Aux Philippines, le HCR fournit aussi un soutien technique et matériel afin de renforcer l’initiative gouvernementale interorganisations visant à identifier, réduire et prévenir l’apatridie dans le cadre du Plan d’action national (NAP). Des discussions sont en cours en vue de l’adoption d’une législation complète pour la protection des réfugiés et des apatrides et le gouvernement des Philippines s’est engagé à œuvrer à l’adhésion à la Convention de 1961 avec le soutien technique du HCR.
 
Au Cambodge, le HCR fournit aussi un soutien technique à la Direction générale chargée de l’identification au sein du ministère de l’Intérieur pour réformer la législation nationale sur l’enregistrement à l’état civil, l’identification et les statistiques démographiques afin de permettre un meilleur accès à l’état civil pour les réfugiés, les demandeurs d’asile et les personnes ayant une nationalité indéterminée.
 
Au Vietnam, le HCR continuera de soutenir le ministère de la Justice pour améliorer l’identification des apatrides, réduire l’apatridie dans les régions frontalières avec la République démocratique populaire du Laos, protéger les apatrides résidant dans les régions frontalières avec le Cambodge. Ces efforts conduiraient à terme à un plan stratégique sur la réforme potentielle de la législation et des politiques relatives à la nationalité en prévision de l’adhésion possible du Vietnam aux Conventions de 1954 et 1961 sur l’apatridie.