Les personnes déracinées ont d'urgence besoin d'aide et de protection sociale face aux graves conséquences du coronavirus

Ceci est un résumé des déclarations du porte-parole du HCR Andrej Mahecic – à qui toute citation peut être attribuée – lors de la conférence de presse du 01 mai 2020 au Palais des Nations à Genève.

Un enfant traverse à pied un camp de déplacés internes à Kaboul, la capitale afghane. Photo d'archives, juillet 2019.

Un enfant traverse à pied un camp de déplacés internes à Kaboul, la capitale afghane. Photo d'archives, juillet 2019.   © HCR/Claire Thomas

La pandémie de Covid-19 a un impact social et économique sans précédent au niveau mondial. Les activités économiques sont paralysées, des emplois et des moyens de subsistance sont perdus à un niveau sans précédent. Des sociétés entières sont touchées par cette crise de santé publique. Le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, est alarmé par la situation de plus en plus désespérée des personnes déracinées par les conflits et la violence, en particulier dans les pays à faible et moyen revenu, qui abritent actuellement plus de 85% des réfugiés dans le monde.

Les preuves concrètes de l'impact économique profond et sévère de la crise sur les réfugiés sont accablantes.  Dans la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, le HCR et ses partenaires ont reçu plus de 350 000 appels téléphoniques de réfugiés et de personnes déplacées internes, depuis que le confinement et d’autres mesures de santé publique sont entrées en vigueur dans de nombreux pays au mois de mars. La majorité d’entre eux ont besoin d'un soutien urgent pour couvrir leurs besoins au quotidien.

Les pays voisins de la Syrie accueillent plus de 5,6 millions de réfugiés syriens. Par ailleurs, plus de 6 millions de personnes sont des déplacés internes en Syrie. Beaucoup ont besoin d’aide. Au Liban, qui était confronté à un ralentissement économique avant la pandémie, plus de la moitié des réfugiés interrogés dans le cadre d’une étude menée par le HCR à la fin avril ont déclaré avoir perdu leurs moyens de subsistance, y compris les emplois en tant que journaliers sur lesquels ils comptaient pour survivre.  Plus de 70% d’entre eux ont indiqué avoir baissé le nombre de leurs repas. Dans d’autres pays de la région, comme en Égypte, en Irak et en Jordanie, beaucoup ont déclaré avoir perdu leur principale source de revenus. En Jordanie, l'impact sur les femmes réfugiées est sévère. En effet, presque toutes celles qui travaillaient ont déclaré que leur source de revenus est désormais interrompue.

Les groupes particulièrement exposés à la pauvreté et à l'exploitation sont les femmes chefs de famille, les enfants non accompagnés et séparés, les personnes âgées et les personnes LGBTI. Leur situation peut être améliorée par une aide d'urgence, notamment via des allocations d’aide en espèces.

A travers toute la région, beaucoup risquent de perdre leurs abris car ils n'ont plus les moyens de subvenir à leurs besoins. Une hausse des expulsions ou des menaces d'expulsion a été signalée en Algérie, en Egypte, en Irak, au Liban, en Libye, en Mauritanie et en Tunisie.

Le HCR s'inquiète du fait que les pertes d'emplois peuvent entraîner des difficultés psychosociales.  En Jordanie, les partenaires du HCR signalent une augmentation significative des consultations de santé mentale et psycho-sociale à hauteur de plus de 50%.

Dans la région voisine de l'Asie du Sud-Ouest, les réfugiés afghans et les membres vulnérables des communautés locales d’accueil, qui avaient déjà du mal à joindre les deux bouts en raison des pressions économiques, éprouvent désormais des difficultés à faire face et à survivre. En Iran, la population de près d'un million de réfugiés afghans, dont la majorité vit et travaille aux côtés de leurs hôtes, se trouvent confrontés à d'immenses difficultés économiques.

Les enfants étaient déjà particulièrement menacés, un réfugié afghan sur quatre déclarant être contraint de retirer leurs enfants de l'école et un sur cinq de faire travailler leurs enfants en raison de la précarité économique accrue. L'impact sur l'avenir des enfants réfugiés afghans se fait déjà profondément ressentir. Il va probablement s'aggraver encore sans un soutien international supplémentaire et un partage des responsabilités plus que nécessaires, malgré les efforts louables et renforcés du gouvernement iranien, du HCR et d'autres organisations humanitaires sur le terrain.

L'écrasante majorité des Afghans en Iran, qui comprend également quelque 1,5 à 2 millions de personnes dépourvues de documents d’identité, dépendent de sources précaires et instables pour leur principal revenu, ce qui les rend très vulnérables aux ralentissements économiques. Selon des informations locales, quelque deux millions de personnes en Iran ont perdu leur emploi à cause de la pandémie de coronavirus. Nos lignes d'assistance téléphonique reçoivent un nombre accru d'appels, car de plus en plus de réfugiés perdent leur emploi et leurs revenus. Bien que la résilience reste une caractéristique distincte de la communauté des réfugiés pendant cette phase difficile, la plupart d'entre eux déclarent ne pas pouvoir se permettre de nourrir suffisamment leur famille. D'autres demandent de l'aide pour payer le loyer, les traitements médicaux et les services internet, afin de permettre à leurs enfants de continuer l’apprentissage à distance.

Au Pakistan - le deuxième plus important pays d'accueil de réfugiés au monde - les Afghans ont perdu leur seule source de revenus en tant que salariés journaliers en raison du confinement généralisé. Des dizaines de milliers de réfugiés sont également particulièrement vulnérables en raison des difficultés qu'ils rencontrent en tant que personnes âgées en danger, personnes handicapées ou souffrant de graves problèmes de santé, parents isolés, femmes et enfants en danger. Le Pakistan accueille non seulement 1,4 million de réfugiés afghans enregistrés, mais il abrite également 880 000 migrants afghans enregistrés et environ 500 000 ressortissants afghans sans papiers.

En raison de la pandémie de coronavirus, l'Afghanistan est confronté à une perspective de dépassement des capacités des services médicaux et sociaux, avec une hausse du nombre d'Afghans qui retournent en Afghanistan, des centaines de milliers de personnes vivant dans des sites de déplacement et, enfin, des niveaux de pauvreté croissants.

Parallèlement, l'Amérique latine est confrontée à plusieurs parmi les plus importantes crises de déplacement au monde. Plus de cinq millions de Vénézuéliens ont fui leur pays. On compte plus de huit millions de Colombiens déplacés internes, 340 000 personnes déplacées internes dans des pays du nord de l'Amérique centrale et plus de 100 000 réfugiés et demandeurs d'asile nicaraguayens.

En Amérique latine, la plupart des réfugiés et des demandeurs d'asile vivent en milieu urbain ou dans des régions frontalières. Les mesures de confinement leur ont fait subir une perte soudaine de revenus. Selon nos statistiques 2019, 80% des réfugiés et demandeurs d'asile vénézuéliens interrogés à l'époque ont déclaré qu'ils travaillaient sans aucune disposition contractuelle, et que beaucoup dépendaient de l'économie informelle pour survivre.

Aujourd'hui, dans l’incapacité de payer leur loyer et d'acheter de la nourriture ou des médicaments, beaucoup risquent de se retrouver sans abri ou sont déjà expulsés de leur hébergement. Le nombre de Vénézuéliens sans abri et démunis augmente de jour en jour en Colombie, au Brésil, en Équateur, au Pérou, au Chili et en Argentine. Certains ont désormais recours à la prostitution de survie, à la mendicité ou au colportage dans la rue. D'autres risquent devenir la proie de passeurs et de groupes armés illégaux.

Du fait de la peur et de l'agitation sociale croissantes, la xénophobie et la discrimination sont également en hausse à travers toute la région. Les réfugiés qui tentent de joindre les deux bouts dans la rue ou dans le secteur informel sont souvent dans l’incapacité de se conformer aux mesures de quarantaine. Ils deviennent des boucs émissaires, subissent la stigmatisation ou risquent la mise en détention.

Au cours des dernières semaines, nous avons également observé de nombreux Vénézuéliens tenter de rentrer dans leur pays, car ils ne peuvent subvenir à leurs besoins de base tels que le logement, la nourriture et les soins de santé. Le HCR intensifie sa réponse pour atténuer l'impact de la pandémie de coronavirus sur cette population, en fournissant des allocations d’aide financière supplémentaires, en augmentant la capacité des abris et en travaillant avec les gouvernements et les partenaires sur l'inclusion des réfugiés et des migrants dans les programmes de protection sociale.

Dans le nord de l'Amérique centrale, les conséquences du confinement, associées à une violence accrue et aux extorsions menées par des gangs armés, pèsent lourdement sur les personnes déplacées et les communautés à risque, dont beaucoup survivent grâce au travail informel et à des emplois en tant que journaliers. Au Mexique, où 7588 réfugiés participent à un programme d'intégration qui les aide à trouver un emploi dans l'économie formelle, les licenciements massifs leur font courir le risque de sombrer dans la pauvreté.

Dans le cadre de toutes les opérations majeures d’aide aux réfugiés et malgré les difficultés, le HCR s'efforce de fournir une aide d'urgence, y compris des allocations d’aide en espèces, des centres d'hébergement sécurisés et d'assurer l'inclusion des réfugiés dans les réponses nationales de santé publique, dans les dispositifs de protection sociale et dans tous les programmes d'assistance. Une action urgente est nécessaire pour aider les réfugiés et les personnes déplacées internes les plus vulnérables, en particulier lorsqu'ils n'ont pas accès aux régimes publics de protection sociale. La crise du coronavirus a exacerbé des besoins humanitaires déjà immenses à travers le monde entier. Un soutien rapide et flexible des gouvernements, du secteur privé et des particuliers envers les opérations humanitaires en cours demeure essentiel.

 

Pour de plus amples informations à ce sujet, veuillez svp contacter :