Un architecte aide un trio syrien à se construire une nouvelle vie en Suède

Lars Asklund héberge trois réfugiés syriens : Farah Hilal, son mari et son frère chez lui à Malmö.

L'architecte Lars Asklund accueille une famille de réfugiés syriens à Malmö.   © HCR / Aubrey Wade

MALMÖ, Suède – L’architecte Lars Asklund, que ses amis appellent Jim, avait été profondément ému par les images diffusées à la télévision et montrant des milliers de personnes arrivant en Suède en 2015. Il voulait les aider, mais ne savait pas comment.

D'abord, il est allé voir les services de migration à Malmö et il leur a dit qu'il disposait de deux chambres d’amis vides. Rien ne s'est passé. Puis il s’est rendu dans un centre d'asile à proximité, où les nouveaux arrivants étaient logés temporairement en attendant l’examen de leur dossier de demande d’asile.

Il a approché un jeune homme qui avait un petit enfant, mais il était réticent à assumer la responsabilité de loger un enfant. Alors il s’est tourné vers l'homme debout derrière eux, Walid Lababidi, qui traduisait.

« Je lui ai posé trois questions: ‘Etes-vous marié ?’ Il a dit oui. 'Avez-vous des enfants ?’ Il a dit non. Je l'ai regardé droit dans les yeux et je lui ai demandé: 'Êtes-vous un fondamentaliste ?’ Il a dit non. Je lui ai dit 'Ok, alors j'ai une proposition à vous faire'.»

Walid, 29 ans, et sa femme, Farah Hilal, 25 ans, sont des réfugiés syriens. Avec le frère de Farah, Milad Hilal, âgé de 22 ans, ils partagent désormais l'appartement de Lars.

Waleed se souvient de leur première nuit chez Lars.

« Nous étions épuisés », explique-t-il. « Nous avions dîné et nous n’avons pas beaucoup parlé. Il nous a donné un jeu de clés. A la minute où  nous avons fermé la porte de notre chambre, nous étions  soulagés - Farah a commencé à pleurer de joie. Nous pouvions désormais nous installer définitivement un endroit. »

« C’est fantastique – j’ai de nouveaux amis et je les aime vraiment. »

Un mois après leur emménagement, Lars a invité le frère de Farah, Milad, à se joindre à eux pour Noël. Les quatre ont passé un moment agréable et ils se sont bien entendus. Milad vivait encore au centre d'hébergement pour demandeurs d’asile. Lorsque Lars l'a reconduit après le dîner, il s’est rendu compte des conditions « déprimantes » au centre, où 580 jeunes hommes étaient entassés.

« Je ne pouvais pas le laisser là. Je lui ai dit d'emballer ses affaires », a déclaré Lars. « Il est revenu avec moi. »

Farah, Milad et Walid étaient déjà déplacés en Syrie bien avant de quitter leur pays. Ils avaient fui leur maison en 2012, ils ont d’abord séjourné dans des hôtels, ou chez des proches ou des amis. Finalement, lors d'un dîner de famille, un missile a atterri dans la rue, brûlant tout sur son passage et ils ont décidé qu'ils devaient partir. « A la minute où nous avons vu la lumière du jour, nous emballé tout ce que nous pouvions et nous avons couru », explique Walid.

Les quatre prennent toujours le petit déjeuner ensemble, et parfois le dîner. Walid, Farah, Milad et quelques autres réfugiés se réunissent chaque semaine autour de la grande table de cuisine de Lars pour un cours de langue suédoise de deux heures. L’un des voisins, un enseignant retraité, fournit également une heure supplémentaire de cours de langue par semaine. Un autre ami leur apporte les achats de nourriture.

« Pour moi, c’est amusant », déclare Lars. « C’est fantastique – j’ai de nouveaux amis et je les apprécie vraiment. »

« Ils m’aident beaucoup. Parfois, ils sortent le chien. Ils ont commencé à nettoyer de plus en plus, alors ma femme de ménage s’est fâchée et elle est partie. »

Lars organise sans arrêt des soirées pour essayer de les présenter à des gens dans la communauté et les aider à enrichir leur réseau.

« Il s’occupe beaucoup de nous », a déclaré Milad. « Il étudie avec moi, même quand il revient tard le soir. Il discute souvent avec ses amis sur la façon de nous aider dans notre carrière. Nous sommes tellement chanceux de l'avoir rencontré. »


Ce portrait fait partie de la série No Stranger Place, qui a été créée et photographiée par Aubrey Wade en partenariat avec le HCR et qui représente des habitants et des réfugiés qui vivent ensemble en Europe. Un an après la noyade d’Alan Kurdi, un petit réfugié syrien âgé de trois ans, des milliers de gens se sont retrouvés pour bâtir un pont malgré les différences culturelles et les barrières de la langue, animés de compassion, d’espoir et d’humanité – en dépit des obstacles que certains gouvernements européens continuent à dresser. Leur générosité est un exemple pour le reste du monde.

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