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Golfe du Bengale : la coopération régionale pour gérer l’afflux d’embarcations

Des réfugiés à la dérive dans la mer d'Andaman recueillent de la nourriture larguée par un bateau de pêche.

Des réfugiés à la dérive dans la mer d’Andaman recueillent de la nourriture larguée par un bateau de pêche. © AFP / Christophe Archambault

BANGKOK, Thaïlande, 4 décembre (HCR)—Alors que les traversées du golfe du Bengale reprennent, les pays de la région ont aujourd’hui affirmé que la seule façon de réduire les décès en mer consiste à collaborer dans le cadre d’approches globales et durables permettant de gérer les mouvements migratoires mixtes.

À moins d’une amélioration de leurs conditions de vie dans leur patrie d’origine, le nombre de personnes qui tenteront la traversée du golfe du Bengale ces prochains mois pour trouver la sécurité et la stabilité des pays de l’Asie du Sud-Est, va augmenter.

Vendredi, les délégués de plus de vingt pays et organisations internationales se sont rencontrés à Bangkok dans le cadre de la deuxième conférence sur la migration clandestine dans l’océan Indien. Ils ont fait le point sur ce qui a été réalisé depuis la réunion de la fin mai, quand 5 000 Rohingyas et Bangladais environ ont finalement débarqué après des semaines à la dérive, afin de mieux se préparer pour de nouveaux déplacements.

« Avec 60 millions de personnes déplacées aujourd’hui, un chiffre sans précédent, il est devenu évident que les problèmes liés au déplacement forcé constituent un phénomène global qu’aucun pays ne peut gérer ou régler de lui-même », a déclaré Volker Türk, le Haut Commissaire assistant du HCR en charge de la protection.

« Il est possible de gérer les chiffres que nous observons dans cette région et nous saluons la mise en place d’une approche régionale, a-t-il ajouté. Le fait que seulement 1 000 personnes aient embarqué depuis septembre est une occasion propice pour mettre ces plans en action. »

Au cours de la réunion, le HCR, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) ont élaboré ensemble un document visant à conseiller les pays touchés sur les mesures immédiates à prendre lorsque de tels mouvements reprendront.

Le document souligne combien les efforts en matière de recherche élargie et de sauvetage doivent être intensifiés et coordonnés, de même ceux pour les débarquements prévisibles et pour l’accueil et le séjour qui doivent également être harmonisés. Il met aussi l’accent sur l’importance de procédures de contrôle efficaces afin d’identifier les personnes ayant besoin d’une protection internationale et les groupes de personnes vulnérables comme les femmes, les enfants et les victimes de traite.

« Tant que les réfugiés ne pourront pas retourner chez eux en toute sécurité, de manière digne et volontaire, nous aurons besoin de créer des refuges temporaires novateurs ou de trouver des solutions de séjour humanitaire qui permettent de garantir aux réfugiés l’accès à la santé, à l’éducation et au travail, a déclaré Volker Türk. Leur permettre de travailler dans des pays importateurs de main-d’œuvre est une solution gagnante pour tous : les arrivants acquièrent dignité et autonomie, et le fardeau est moins lourd pour les pays hôtes. »

À l’ouverture de la réunion, le Ministre des Affaires étrangères de la Thaïlande, Don Pramudwinai, a insisté pour des solutions globales allant de la prévention à la solution, et incluant les opportunités de travail pour les réfugiés à leur retour chez eux, l’organisation d’une migration sécurisée, l’application rigoureuse de la loi et la protection temporaire pour ceux qui sont déjà partis et en attente de solutions plus durables.

Lors d’une récente visite de l’État du Rakhine au Myanmar, Volker Türk a constaté que la recherche de solutions pour les personnes déplacées à l’intérieur du pays avait progressé, mais il a également pris note de « griefs légitimes » qui doivent encore être réglés.

« Il faut d’abord et avant tout assurer une identité légale à tous les ressortissants du Myanmar, avec les libertés fondamentales qui l’accompagnent comme la liberté de mouvement, la non-discrimination et l’accès aux services, a-t-il dit. Nous espérons que le nouveau gouvernement accordera à ce problème l’attention qu’il mérite, d’autant que l’absence de ces droits déclenche le déplacement et, par conséquent, a des répercussions internationales. »

Il a ajouté que les objectifs du développement durable constituent un cadre pour régler les causes profondes du problème et pour être assuré qu’aucune personne n’est oubliée dans ses droits, entre autres ceux d’accès à la santé, à l’éducation, au travail et à l’identité légale.

Les estimations portent à 95 000 le nombre de personnes qui ont effectué la traversée, si dangereuse, du golfe du Bengale et de la mer d’Andaman depuis 2014. Mille cent ont péri en mer et des centaines d’autres ont été trouvées enterrées dans des fosses communes anonymes.

Par Vivian Tan à Bangkok, Thaïlande