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De jeunes filles rohingyas laissent un souvenir mémorable à une employée canadienne du HCR lors de sa première mission

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Dominique Hyde, Directrice des relations externes du HCR, montre une photo de sa fille à de jeunes réfugiées rohingyas pendant une visite chez un partenaire local, le Community Development Centre (CODEC), au camp de réfugiés de Chakmarkul au Bangladesh en mars 2019.

 « Ce fut très émotif »

Par Dominique Hyde, propos recueillis par Lauren La Rose


Dominique Hyde, native d’Ottawa, a consacré plus de deux décennies au travail humanitaire de première ligne, avec des organismes comme l’UNICEF et le Programme Alimentaire Mondial des Nations Unies.

Elle a rencontré des réfugiés rohingyas au Bangladesh lors de sa première mission pour le HCR en mars 2019. Elle décrit les raisons pour lesquelles la rencontre avec les jeunes femmes réfugiées l’a particulièrement touchée.


Nous avons lu dans le rapport « Son tour » du HCR, toute l’importance de l’éducation des filles et des jeunes femmes. Pouvez-vous nous parler de l’impact de l’éducation sur leur vie?

Lorsque j’ai rencontré ces jeunes filles, j’ai compris qu’elles n’avaient pas eu accès à l’éducation en raison d’une situation vraiment difficile au Myanmar. C’était la première fois qu’elles avaient accès à une éducation de base : apprendre à lire et à écrire, et apprendre les aptitudes nécessaires à la vie quotidienne. C’était également l’occasion de leur donner un peu de répit, car elles doivent souvent aider leur famille et les enfants plus jeunes. C’est le moment où elles peuvent être avec leurs amies et redevenir des enfants, et cette occasion est extraordinaire en soi.

Nous avons vu des programmes où les jeunes filles et les femmes apprennent à coudre, et nous avons constaté combien cela contribue à leur développement et indépendance économique.

La majorité des familles rohingyas qui vivent dans des camps de réfugiés sont dirigées par des femmes, car leur mari a disparu ou est décédé. Ainsi, il doit y avoir beaucoup plus d’opportunités pour les mères, mais également pour les jeunes filles et les jeunes garçons, afin de leur permettre de s’occuper de leur famille en grandissant.

Vous avez partagé beaucoup de photos sur les médias sociaux pendant votre mission au Bangladesh. Il y en avait une où vous montriez une photo de votre fille à un groupe de jeunes femmes rohingyas. Qu’avez-vous tiré de cette expérience?

Ce fut très émotif. Ma fille la plus âgée a 16 ans, et je leur montrais une photo d’elle; elle va bientôt entrer en université. Les filles du même âge n’auront pas la même chance à moins que nous les aidions, et même dans ce cas, ce sera difficile. Évidemment, c’est une situation très triste. Cela m’a permis de réfléchir à la chance que ma fille a eu de naître au Canada et d’avoir l’occasion de se développer et de grandir dans un tel pays. Beaucoup d’enfants n’ont pas cette chance et ont probablement vu des choses qu’aucun parent ne voudrait que ses enfants voient.

C’était la première fois qu’elles avaient accès à une éducation de base

Vous avez eu la chance de rencontrer des enfants rohingyas qui suivaient une formation pour faciliter des séances sur la santé mentale.

Nous travaillons avec de jeunes écoliers âgés de huit à douze ans pour qu’ils deviennent des pairs aidants : pour aider les enfants qui peuvent souffrir de dépression, ou qui passent seulement une mauvaise journée, et pour les encourager à parler. Nous les formons à être attentifs lorsque leurs camarades vivent des moments difficiles pour ensuite les emmener dans des cliniques où ils pourront consulter des psychologues et des psychiatres, et obtenir d’autres services de soutien.

De nombreux réfugiés rohingyas ont vécu des choses comme la torture, l’exploitation sexuelle et dans certains cas, le viol.  Et ces épreuves ont bien évidemment eu un impact sur leurs parents. Ainsi, il faut créer un espace où les enfants peuvent parler librement et où on leur fournit les services de santé mentale dont ils ont besoin; mais cela est également nécessaire pour les parents, car les enfants pourront seulement se développer si leurs parents vont bien. Il faut donc investir beaucoup plus en santé mentale, pas seulement au Bangladesh, mais partout ailleurs.

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