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Les craintes liées à l’insécurité persistent pour les Soudanais déplacés désirant rentrer chez eux

 Réfugié faisant la lessive

Rawda Youssouf a fui vers le Tchad depuis son village au Soudan en 2005. Aujourd’hui, elle est de retour dans un camp pour déplacés internes au Soudan mais elle aspire à rentrer chez elle. © HCR/Modesta Ndubi

Le HCR appelle à un financement et à un soutien accrus de la communauté internationale pour les déplacés internes au Soudan, leurs hôtes et ceux qui souhaitent rentrer chez eux.


Depuis lors, la perspective de rentrer chez elle a dominé ses pensées mais concrétiser ce retour n’est pas évident.

Son calvaire avait commencé un après-midi pendant la saison des récoltes dans le village de Kurgei.

« Je suis sortie pour voir ce qui se passait et j’ai vu des hommes armés », se souvient cette femme de 42 ans. « Il y avait des nuages de fumée et beaucoup d’agitation. » Elle a fui l’attaque avec ses deux enfants.

Plus de 600 000 réfugiés ont fui le conflit dans la région du Darfour, qui a débuté en 2003. La moitié d’entre eux sont allés au Tchad et 1,9 million ont été déplacés à l’intérieur du Soudan.

La signature d’un accord tripartite en 2017 entre le HCR, le Soudan et le Tchad a été un signe d’espoir pour Rawda et des milliers de déplacés soudanais.

« Ma terre était occupée par d’autres personnes. »

Aujourd’hui mère de quatre enfants, Rawda a choisi de rentrer chez elle en novembre dernier.

« J’ai vu cela comme un nouveau départ pour moi et mes enfants », dit Rawda, qui espérait reprendre sa vie d’agricultrice. Mais la peur de l’insécurité et le manque de services de base l’ont amenée à vivre, pour l’instant, dans un camp de déplacés au Soudan.

« Quand nous sommes arrivés au Soudan, j’étais prête à rentrer chez moi mais j’ai été informée par des voisins qui étaient retournés dans mon village que ma terre était occupée par d’autres personnes », explique-t-elle.

Rawda fait partie des quelque 4000 réfugiés soudanais qui sont rentrés du Tchad depuis 2017. Mais le manque de services essentiels tels que les hôpitaux, l’eau et les écoles a rendu plus difficile la reconstruction de leur vie, et la crainte de nouvelles attaques persiste.

Le pays accueille également plus de 1,1 million de réfugiés – la plupart originaires du Soudan du Sud. Des ressources additionnelles sont nécessaires pour les réfugiés originaires de la République centrafricaine (RCA), du Tchad, de la République démocratique du Congo, de l’Érythrée, de l’Éthiopie, de la Somalie, du Soudan du Sud, de la Syrie et du Yémen.

Le Soudan continue d’ailleurs à accueillir de nouveaux arrivants.

Le nombre de réfugiés de la RCA vers les régions reculées des États du Darfour méridional et central est passé d’un peu plus de 5000 à près de 17 000 au cours du dernier trimestre de 2019.

Le Soudan est déjà confronté à une grave crise économique qui a mis à rude épreuve la générosité des communautés d’accueil car les ressources locales sont rares.

Le HCR a lancé un appel de fonds de 477 millions de dollars pour la réponse en faveur des réfugiés. L’organisation, avec plus de 30 partenaires, lance un appel pour un soutien international accru afin de soutenir la consolidation de la paix et d’aider des millions de déplacés ainsi que leurs généreux hôtes au Soudan.

« Le Soudan a une longue tradition d’accueil des réfugiés et des demandeurs d’asile mais il est aussi aux prises avec ses propres problèmes de déplacement interne, tout en étant confronté à une grave crise économique. Notre appel intervient à un moment où le pays vit une transition politique historique et a besoin de la solidarité internationale pour parvenir à la paix et à la stabilité », a indiqué le porte-parole du HCR Babar Baloch.

L’année dernière, l’opération du HCR au Soudan était l’une des moins financées au monde, avec seulement 32 pour cent de contributions sur un total de 269 millions de dollars nécessaires.