Le HCR saisit l’occasion de ces visites pour échanger avec les personnes accueillies, les acteurs institutionnels et associatifs en charge de cet accueil, pour identifier les bonnes pratiques et explorer les pistes d’amélioration. Il prête une attention particulière aux personnes ayant des besoins spécifiques afin que leurs conditions d’accueil soient adaptées à leur vulnérabilité.

En lien avec les autorités françaises compétentes en matière d’accueil, le HCR participe aux différentes consultations organisées tant au niveau de l’Etat français qu’au niveau des municipalités, comme à Paris, l’une des villes mobilisées en faveur de l’accueil des réfugiés et migrants. 

Cliquez ici pour lire le rapport du HCR France sur l'expérience des centre d'accueil en France.

Résumé

Dans le cadre de son activité en France, le HCR apporte une attention toute particulière à la situation à Calais et dans sa région.

Il a intensifié sa présence et a pu ainsi suivre au plus près les développements qui ont marqué la période de 2015 à 2016

(1) l’augmentation importante du nombre de personnes ayant un besoin de protection internationale arrivant à Calais et dans la région des Hauts-de-France,

(2) la présence d’un nombre de plus en plus important d’enfants non accompagnés, avec l’espoir pour certains de rejoindre le Royaume-Uni où réside un membre de leur famille,

(3) la création d’un dispositif humanitaire, et

(4) l’instauration par les autorités françaises d’un mécanisme de transfert ou de relocalisation vers des centres d’hébergement répartis sur l’ensemble du territoire français.

Le HCR a soutenu depuis l’origine le dispositif de relocalisation des personnes présentes dans les Hauts-de-France mis en place à compter d’octobre 2015, constituant une partie de la réponse à la situation complexe de Calais, en sus d’autres mesures prises visant à faciliter l’accès à l’enregistrement des demandes d’asile à Calais même, une prise en charge humanitaire dans l’attente d’une orientation des personnes et une information donnée sur leurs droits et obligations lors de maraudes dans les camps informels de la Lande et les lieux de mise à l’abri du site de Calais. Ce dispositif de relocalisation a pris fin pour l’essentiel à l’issue du démantèlement complet du site de Calais en novembre 2016.

C’est ainsi que le HCR a souhaité entreprendre en 2016 une série de visites des lieux d’hébergements ayant accueilli ces adultes et enfants non accompagnés avec l’objectif d’identifier des bonnes pratiques et des voies d’amélioration. Cette activité s’inscrivait aussi dans le cadre plus général de la question de l’accueil et de la prise en charge en France des personnes ayant un besoin de protection internationale au sein du dispositif national d’accueil dédié aux demandeurs d’asile, qui reste saturé, malgré une augmentation remarquée depuis 2012 du nombre de places d’hébergement.

A travers les quarante-huit centres d’accueil et d’orientation pour adultes (CAO) et mineurs (CAOMI) visités, le HCR a pu mesurer l’investissement des autorités françaises aux niveaux national et local, l’implication des communes et l’engagement des associations gestionnaires des centres, de leur personnel ainsi que des réseaux bénévoles et des citoyens œuvrant ensemble pour réussir au mieux cet accueil dans de bonnes conditions. Tous ces acteurs ont eu à relever de nombreux défis : s’organiser dans des délais souvent très courts sans nécessairement disposer de ressources humaines et financières suffisantes, notamment en matière d’interprétariat, expliquer leur rôle et gérer les attentes des personnes accueillies, les informer et les accompagner sur les options s’offrant à elles ou encore leur permettre d’accéder à des soins, notamment en santé mentale. Pour la prise en charge des enfants non accompagnés au sein des CAOMI, l’instauration d’un lien de confiance a constitué un défi majeur face à des enfants souvent anxieux et confus sur leur avenir, peu ou mal informés, ayant pour objectif premier de gagner coûte que coûte le Royaume-Uni pour rejoindre parfois leur famille proche (parents, frères ou sœurs) ou plus éloignée (tantes ou oncles, cousins). 

Le système de transfert vers les CAO et CAOMI d’octobre 2015 à novembre 2016 a aussi mis en évidence le besoin de disposer de lieux d’accueil flexibles à la fois pour informer, accompagner et orienter rapidement les personnes vers une prise en charge adaptée à leur situation. Ces lieux pourraient être situés dans différents départements sur les routes empruntées par les migrants et les personnes en besoin de protection internationale. L’expérience des CAO, dispositif de mise à l’abri des personnes avant qu’elles ne commencent des démarches d’asile et n’enregistrent leur demande, a montré son efficacité même si des difficultés ont pu être observées en termes de lisibilité et de gestion du dispositif lui-même. Il a fédéré autour de l’objectif commun d’un accueil digne des personnes, nombre d’acteurs institutionnels, associatifs, collectivités locales et bénévoles. Désormais intégrés au dispositif national d’accueil des demandeurs d’asile, les CAO deviennent pérennes. Parallèlement, le HCR ne peut qu’encourager les autorités françaises à poursuivre les efforts engagés depuis 2012 pour créer de nouvelles places d’hébergement afin que chaque personne dispose d’un hébergement décent et adapté à sa situation de vulnérabilité. Cet hébergement devrait inclure un accompagnement de qualité, permettre l’apprentissage du français et associer des médiateurs interculturels avec pour objectif de préparer l’intégration des personnes protégées. 

S’agissant plus précisément des enfants non accompagnés, le dispositif à Calais a été le laboratoire d’une première prise en charge par l’Etat avant un éventuel transfert vers le Royaume-Uni. Puis dans un second temps, l’échelon départemental a été mobilisé pour l’intégration des enfants non transférés dans le système français de protection de l’enfance. Cette expérience pourrait être une voie à explorer afin de mieux répondre aux besoins des enfants non accompagnés au regard de leur intérêt supérieur.