La lutte contre les déplacements forcés exige une approche 'plus ambitieuse', selon le chef du HCR
Une approche internationale plus vaste et plus large est nécessaire pour lutter contre les causes contemporaines du déplacement forcé, a déclaré Filippo Grandi lors d'une réunion de haut niveau.
GENÈVE - Une approche internationale « plus large » est nécessaire pour lutter contre les déplacements forcés dans un monde où de nouveaux défis apparaissent, a déclaré aujourd'hui le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés lors d'une réunion de haut niveau.
Parmi les causes actuelles du déplacement forcé figurent les conflits liés aux ressources naturelles qui dépassent les frontières ainsi que ceux fondés sur les différences ethniques et religieuses, a déclaré Filippo Grandi lors de la réunion annuelle du Comité exécutif du HCR à Genève.
Filippo Grandi a souligné l'impact croissant du changement climatique, notant que l'effondrement des écosystèmes et les catastrophes climatiques détruisent déjà des maisons et des moyens d'existence et qu’ils peuvent contribuer aux conflits et à l'insécurité.
Bien que le terme « réfugiés climatiques » ne soit pas fondé sur le droit international et ne reflète pas les nombreuses façons dont le climat interagit avec la mobilité humaine, Filippo Grandi souligne que cette problématique capte déjà l'attention du public à juste titre.
Il a également cité des formes préjudiciables de nationalisme et de discours haineux qui ont trouvé une nouvelle légitimité dans le discours public.
« Les réfugiés émergent de ces lignes de fracture de plus en plus profondes. C’est un avertissement que les choses vont mal », a déclaré Filippo Grandi lors de la séance d'ouverture de la 70e session du Comité exécutif, qui durera jusqu'à vendredi.
« C'est pourquoi la lutte contre les déplacements forcés exige à nouveau une approche plus ambitieuse que celle que nous avions réussi à atteindre dans un passé récent », a-t-il ajouté.
« La lutte contre les déplacements forcés exige à nouveau une approche plus ambitieuse. »
Filippo Grandi a souligné que la lutte contre les crises de réfugiés ne pouvait se faire « sans tenir compte des grands défis mondiaux et de politiques migratoires efficaces », comme le stipulent le Pacte mondial sur les réfugiés et le Pacte mondial pour les migrations, qui ont été adoptés par l'Assemblée générale des Nations Unies l'année dernière.
Filippo Grandi a souligné l'accélération par le Pacte mondial pour les réfugiés d'un changement tant attendu dans les réponses aux crises de réfugiés - un changement qui préserve et harmonise la réponse humanitaire « avec une gamme plus étendue d'outils mieux adaptés à la dynamique des flux de réfugiés actuels ».
« Cela signifie le rétablissement et la consolidation de la paix, l'action en faveur du développement et l'investissement de la part du secteur privé. Cela signifie un soutien stratégique soutenu pour lutter contre les causes profondes des mouvements de réfugiés et des flux mixtes de population. »
Le Haut Commissaire a recensé sept grands défis à relever, le nombre de personnes déracinées à travers le monde ayant atteint le chiffre record de 70,8 millions à la fin 2018.
Il s'agit notamment de la nécessité d'un soutien international plus important et plus soutenu envers les pays d'accueil des réfugiés, dont la plupart se trouvent dans l’hémisphère sud. Dans ce contexte, il a cité la « solidarité louable » manifestée envers plus de quatre millions de Vénézuéliens par 14 nations d'Amérique latine et des Caraïbes, et ce « malgré d'énormes pressions ». Il a également appelé à soutenir les pays voisins de la Syrie qui accueillent généreusement près de six millions de réfugiés.
En réponse à un débat qui sème la discorde et qui exploite fréquemment l'anxiété suscitée par les flux mixtes de réfugiés et de migrants, Filippo Grandi a mis en garde contre les mesures visant à réduire les flux via la mise en œuvre de politiques dissuasives.
« Sauver des vies humaines ainsi que sauvegarder la dignité et les droits de toutes les personnes déracinées doivent rester au centre des préoccupations. »
« Sauver des vies humaines ainsi que sauvegarder la dignité et les droits de toutes les personnes déracinées doivent rester au centre des préoccupations, de même que l'accès à la protection internationale pour les personnes éligibles », a-t-il déclaré.
Le Haut Commissaire s’est également félicité de l'action des pays de l'Afrique de l'Est et de la Corne de l'Afrique, qui s'emploient à intégrer les réfugiés dans les systèmes de santé et d'éducation ainsi que dans leur système économique, conformément au Pacte mondial pour les réfugiés, tout en leur recherchant des solutions à long terme.
Filippo Grandi a également souligné la nécessité d'une action de développement en faveur des pays hôtes. Cela était particulièrement nécessaire dans des situations prolongées comme celle à laquelle sont confrontés les réfugiés afghans, dont environ 2,6 millions d'entre eux vivent toujours hors de leur patrie près de 40 ans après l'invasion soviétique.
Filippo Grandi a mentionné l'hospitalité du Pakistan et de l'Iran. Il a souligné que leur travail sur l'inclusion et l'autosuffisance des réfugiés, ainsi que sur la migration légale et les options de permis de séjour, est novateur, « mais qu’il doit recevoir davantage de soutien international tant que la crise afghane se poursuivra ».
Le Haut Commissaire a également appelé les États à veiller à ce que les « choix des réfugiés et la voix des réfugiés » soient au centre des discussions sur le rapatriement librement consenti. Ceux-ci doivent être « dirigés par les personnes, et non par la politique », a-t-il insisté. Il a souligné la nécessité de saisir les occasions d'accélérer la recherche de solutions durables, notamment pour les personnes déplacées internes, dont plus de 41 millions vivaient à l'intérieur des frontières de leur propre pays à la fin 2018.
Concernant la question de l'apatridie, Filippo Grandi a noté que la campagne décennale du HCR #IBelong #Jexiste est à mi-parcours et que des résultats importants ont déjà été obtenus. Il a encouragé les Etats et les agences partenaires à intensifier leurs efforts pour mettre fin à l'apatridie.
« C'est un domaine dans lequel - pour un investissement relativement faible - un impact de grande envergure est à notre portée », a-t-il conclu.