Une conférence TEDx met en lumière les femmes réfugiées et leur émancipation
Parmi les 11 intervenants à la conférence TEDxPlaceDesNationsWomen, une réfugiée syrienne et une militante contre l'apatridie appellent à élargir les opportunités.
GENÈVE – Lorsque sa famille a été déracinée par la guerre, le monde ne voyait en Maya Ghazal qu'une étudiante syrienne devenue réfugiée. Maya avait une autre vision d'elle-même : un futur pilote.
« Non seulement je voulais faire des études d'aéronautique car ça me fascinait… Je voulais prouver que les gens avaient tort. Je voulais être celle qui renverse la tendance », dit-elle.
« La réfugiée qui devient pilote après avoir été refusée par les grandes écoles, celle que l'on avait considérée un jour comme une charge. »
Maya comptait parmi les 11 intervenants à la conférence TEDxPlaceDesNationsWomen tenue à Genève sur le thème de l'autonomisation, notamment celles des femmes, et de l'égalité des sexes.
Cette jeune Syrienne de 19 ans a quitté Damas pour le Royaume-Uni il y a trois ans grâce à un visa de regroupement familial.
Elle a raconté comment elle a surmonté les difficultés linguistiques, une série de refus de la part de différentes écoles et les stéréotypes sexistes pour finalement décrocher une place à l'Université Brunel de Londres afin d'étudier le génie aéronautique et le pilotage aérien.
« Je suis vraiment déterminée. À contrer chaque difficulté. Chaque stéréotype. Et à encourager les autres à faire de même et à lutter pour elles-mêmes et pour ce auquel elles croient, sans faillir et quoi qu'il arrive. Pour montrer que tout est possible tant que l'on croit en soi-même et en ses possibilités », a-t-elle ajouté.
« Je suis vraiment déterminée... Tout est possible quand on croit en soi-même et en ses possibilités. »
Maya ne représente qu'une personne sur cent. Seulement un pour cent des réfugiés à travers le monde sont inscrits à l'université ou dans des écoles supérieures. La proportion est d’un tiers environ pour les jeunes en âge d'entreprendre des études de troisième cycle.
La conférence de Genève lui a donné la possibilité d'appeler à la multiplication des bourses et à l'accès à l'université afin de « donner aux réfugiés la possibilité d'étudier avec une détermination égale à la mienne. »
L'élan impulsé par les mouvements #MeToo et #TimesUp a fait de 2018 une année charnière pour l'émancipation des femmes.
Durant la conférence, les intervenants ont abordé une large gamme de problématiques, dont le désarmement nucléaire, les droits du personnel domestique, l'acquisition de compétences informatiques, les mutilations génitales féminines et l'apatridie. Tous avaient cependant un thème commun : quand on leur en donne les moyens, les femmes peuvent faire de grandes choses pour leurs communautés et pour la société tout entière.
Durant son intervention, Maha Mamo, une militante contre l'apatridie, a raconté être née au Liban de parents syriens en 1988. Elle n'a cependant jamais pu obtenir la citoyenneté en raison d'un tissu de lois et de pratiques restrictives en matière d'enregistrement d'état civil et de nationalité dans les deux pays avec lesquels elle avait des liens.
Après 30 années de vie dans l'ombre et sans papiers, elle a obtenu en octobre la nationalité brésilienne ainsi qu'un passeport. Alors que l'obtention d'un passeport est une simple formalité administrative pour beaucoup, c'était une étape déterminante pour Maha.
« Pour moi, cela signifiait la vie. C'était la preuve que j'avais ma place quelque part. Vous savez pourquoi ? Parce que pendant mon existence tout entière, j'ai été apatride », dit-elle.
Elle a raconté comment pendant des décennies elle a vécu en marge de la société, sans pouvoir étudier, voyager, travailler, avoir accès aux soins de santé ni même acheter une carte SIM pour un portable.
Depuis qu'elle a été réinstallée au Brésil il y a cinq ans au titre d'un programme d'attribution de visas aux survivants de la guerre civile en Syrie, elle a pu faire une demande d'asile et elle a obtenu son premier permis de résidence en 2016.
« Cela m'a donné le droit de vivre, de travailler, de rêver, de croire, d'avoir un compte en banque et de jouir de tous les droits fondamentaux que je n'avais jamais eus. »
Depuis lors, Maha s'est fait l'avocate de la campagne #IBELONG (#Jappartiens) du HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, pour faire cesser l'apatridie qui gâche la vie de millions de personnes à travers le monde.
« Nous devons changer les dispositions légales discriminatoires… parce que chaque être humain a un droit d'appartenance », dit-elle en brandissant son nouveau passeport. « Aujourd'hui, je suis brésilienne. Aujourd'hui j'ai ma place. Et tout le monde a le droit d'avoir sa place. »