Une réfugiée chante à un atelier musical avec le violoncelliste Yo-Yo Ma
Pour Basma Jabr, cet atelier musical est une toute dernière étape avant de débuter une nouvelle carrière.
La chanteuse syrienne Basma Jabr, 35 ans, chez elle à la veille de son concert dans un atelier musical, en présence du violoncelliste Yo-Yo Ma et du Secrétaire général des Nations Unies. Elle est un peu tendue mais elle compte sur la spontanéité de la musique.
© HCR/Stefanie J. Steindl
Jouer aux côtés de Yo-Yo Ma, le célèbre violoncelliste de renommée mondiale, constitue un privilège et un défi de taille pour la plupart des musiciens. Pour Basma Jabr, c'est une opportunité de plus car elle construit sa carrière de chanteuse professionnelle qui a commencé seulement après son arrivée en Autriche en tant que réfugiée en 2014.
« Bien sûr que je suis un peu tendue », a-t-elle confié la veille, lors d'une répétition chez Marwan Abado qui joue de l’oud, un instrument arabe qui s’apparente à un luth. « Je suis également impatiente d'acquérir une nouvelle expérience musicale et d’avoir la chance de rencontrer d'autres musiciens. »
Basma, 35 ans, est née au Koweït dans une famille de musiciens, mais elle est partie en 1990 pour la Syrie, où elle a étudié et travaillé en tant qu’architecte.
Le conflit en Syrie a fait de Basma une réfugiée pour une deuxième fois. Son mari, Aysar Aisamee, a effectué tout seul le dangereux périple vers l'Europe. Lorsqu'il a obtenu le statut de réfugié, Basma et leurs deux jeunes enfants l'ont rejoint. Ils sont arrivés en Autriche en 2014.
Depuis, le Dr Aisamee, qui est cardiologue, exerce à nouveau la médecine dans un hôpital de Vienne. La nouvelle carrière de Basma en tant que chanteuse professionnelle commence à décoller. Le couple est un parfait exemple de la manière dont les réfugiés peuvent s'intégrer avec succès et contribuer à la société lorsqu'ils sont bien accueillis.
Basma chante désormais dans les clubs et les théâtres de Vienne et elle s'est produite dans d'autres pays européens, mais elle dit que les débuts ont été difficiles. Elle connaissait peu l'allemand, mais la musique l'aidait à établir des liens.
« La musique est un langage universel. »
« C'était un réconfort », explique-t-elle. « La musique est un langage universel et on peut tout dire à travers elle. »
L'atelier avec Ma était consacré à la diversité et à l'inclusion sociale. Quatre-vingts participants, dont 10 réfugiés, ont appris et chanté « Lamma Bada Yatathana », la chanson en arabe que Basma répétait et qui date de l’époque médiévale en Espagne.
Sous la direction de Marwan et Ma, les participants se sont divisés en deux groupes et ont appris à chanter différents rythmes pour soutenir le chant entonné par Basma. Un autre réfugié, Hani Abo Harbbah Alnaeb, improvise sur un piano blanc. Le jeune Syrien de 19 ans est arrivé de Syrie en 2015 et, depuis son arrivée, il a appris à jouer, notamment en regardant des vidéos sur YouTube.
Les participants se sont réunis pour l'atelier dans un centre culturel à Vienne. Pendant qu'ils jouaient, le Secrétaire général de l'ONU António Guterres - à Vienne pour une visite - est arrivé et s'est assis au premier rang pour écouter ce concert improvisé.
« C'est une fantastique illustration de la façon dont des personnes de différentes parties du monde peuvent créer des liens dans la musique et dans la paix », a-t-il déclaré par la suite.
Après l'atelier, Basma rayonnait. « C'était difficile de coordonner autant de monde, mais c'était amusant, spontané et beau. Et, pour moi, ce fut un plaisir et un honneur de jouer avec Yo-Yo Ma. »