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Burundi : information sur le traitement réservé aux personnes nées de couples mixtes Hutu-Tutsi par les membres de ces deux groupes; protection offerte par l'État (2016-janvier 2018)

Publisher Canada: Federal Court of Appeal
Publication Date 7 February 2018
Citation / Document Symbol BDI106059.F
Related Document(s) Burundi: Treatment of people born of mixed Hutu-Tutsi couples by members of these two groups; state protection (2016-January 2018)
Cite as Canada: Federal Court of Appeal, Burundi : information sur le traitement réservé aux personnes nées de couples mixtes Hutu-Tutsi par les membres de ces deux groupes; protection offerte par l'État (2016-janvier 2018), 7 February 2018, BDI106059.F, available at: https://www.refworld.org/docid/5acf82cc7.html [accessed 31 October 2019]
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7 février 2018
BDI106059.F
Burundi : information sur le traitement réservé aux personnes nées de couples mixtes Hutu-Tutsi par les membres de ces deux groupes; protection offerte par l'État (2016-janvier 2018)

Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, Ottawa

1. Couples mixtes

Les renseignements contenus dans les paragraphes qui suivent proviennent d'un article au sujet des couples mixtes au Burundi, publié en août 2016 par Yaga, « un collectif de blogueurs burundais qui s'emploie dans le changement des mentalités » [1] (Yaga s.d.a) :

Lors des quatre dernières décennies, l'histoire des Hutus et des Tutsis a été ponctuée de guerres civiles et de massacres, et le clivage qui s'était installé rendait impossible[s] les mariages entre deux personnes d'ethnies différentes. Mais chez les nouvelles générations au Burundi, les idées sont en train de changer.

Une femme burundaise tutsi de 28 ans, banquière à Bujumbura, qui désirait épouser un homme d'affaires hutu s'est vu opposer le refus de sa mère. Dans la famille, les frères, les cousins et les cousines ont appuyé la jeune femme, tandis que les tantes, oncles et grands-parents se sont rangés derrière la mère. « Autre complication : [l'homme d'affaires hutu] est un ancien combattant des ex-rebelles hutu[s] […]. Bref, il faisait partie des « bourreaux » des Tutsis. La famille [de la banquière tutsi] a perdu plusieurs de ses membres dans la guerre civile qui a éclat[é] en 1993 ». Lorsque les frères de la banquière tutsi ont appris ce fait, « ils [l]'ont tous lâchée » et celle-ci a été contrainte de mettre fin à son engagement avec son fiancé.

[L]e contentieux Hutu-Tutsi tombe de plus en plus dans les oubliettes chez les nouvelles générations. Ce n'est pas par hasard que [la banquière tutsi] a eu le soutien de ses frères, cousins et cousines, et non celui de ses oncles et tantes. Avec la signature des Accords de paix d'Arusha de 2000, qui ont mis fin à la guerre civile entre les mouvements rebelles hutus et les régimes qualifiés depuis longtemps de tutsis, les choses ont été décrispées. Le débat sur les discriminations ethniques n'est plus un tabou[,] contrairement aux années antérieures. Les Hutus et les Tutsis sont tous désormais représentés dans les institutions. Au niveau du jeu politique, la carte ethnique pèse aujourd'hui moins. Ce qui explique ce manque d'attachement aux appartenances ethniques chez les jeunes, qui ont été épargnés des affres de la discrimination ethnique, contrairement à leurs parents. (Yaga 18 août 2016)

La chercheuse Angela Muvumba Sellström, du département de recherche sur la paix et les conflits de l'Université d'Uppsala en Suède, spécialiste du Burundi ayant 15 années d'expérience de recherche en matière de paix et de sécurité en Afrique, signale ceci en mai 2015 dans un article publié sur le blogue de Mats Utas [2], qui porte sur les conflits, la paix et la sécurité en Afrique (Mats Utas s.d.) :

[traduction]

[L]e Burundi semble avoir rompu avec son passé. […] [L]'accord d'Arusha et les cessez-le-feu qui ont suivi, ainsi que les développements de l'après-guerre ont créé un nouveau Burundi qui transcende l'ethnicité. […] Les gens se sont toujours inter-mariés, mais maintenant cela semble encore moins problématique. Des membres de la société civile qui sont de la même origine ethnique que [le président burundais] Nkurunziza s'opposent à son troisième mandat. Les Tutsis et les Hutus plaisantent avec moi à propos de leur appartenance ethnique pendant que je tourne autour du pot. Cela ne leur importe plus. Les Burundais disent que le problème d'aujourd'hui n'est pas l'ethnicité. Le problème est le CNDD-FDD [Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie, parti au pouvoir]. (Mats Utas 11 mai 2015)

2. Personnes nées d'un couple mixte

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d'information sur les personnes nées de couples mixtes Tutsi-Hutu au Burundi.

Un historien, directeur de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) [3], rattaché à l'Institut des mondes africains (IMAF) [4], associé au laboratoire Les Afriques dans le monde (LAM) [5] et travaillant sur la région des Grands Lacs de l'Afrique orientale depuis 1965, a rapporté ce qui suit dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches :

Dans l'ancienne société du Burundi, les appartenances de lignage, de clan ou de « catégorie » (le sens du mot ubwoko que les observateurs traduisaient par « race » jusqu'aux années 1960, avant de préférer « ethnie ») se transmettaient en voie patrilinéaire. Les enfants étaient de l'appartenance du père. Donc l'enfant d'un père hutu et d'une mère tutsi était hutu, l'enfant d'un père tutsi et d'une mère hutu était tutsi. Il n'y avait pas de catégories « mixtes ». (historien 29 janv. 2018)

Dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches, un chercheur, dont les domaines de recherche comprennent notamment les conflits, ainsi que la région des Grands Lacs, a affirmé que, de son point de vue personnel, « [c]omme le Burundi est une société patriarcale, c'est l'ethnie du père qui définit l'appartenance ethnique » (chercheur 28 janv. 2018). Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.

Selon des sources, le président Nkurunziza avait un père hutu et une mère tutsi (chercheur 28 janv. 2018; ARTE 12 nov. 2015).

2.1 Traitement réservé aux personnes nées de couples mixtes

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement sur le traitement réservé aux personnes nées de couples mixtes au Burundi.

3. Protection offerte par l'État

Parmi les sources qu'elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n'a trouvé aucun renseignement sur la protection offerte par l'État aux personnes d'origine mixte.

Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.

Notes

[1] L'article publié en août 2016 par Yaga est initialement paru sur Waza, une plateforme où les jeunes du continent africain peuvent s'exprimer librement sur des sujets comme la politique ou les droits de la personne (RNW s.d.). Yaga est soutenu « logistiquement par la radio néerlandaise RNW » via Waza (Le Monde 14 mai 2015). Yaga a été mentionné à plusieurs reprises dans différents médias européens (Yaga s.d.b).

[2] Mats Utas s'intéresse particulièrement aux conflits et aux situations post-conflictuelles en Afrique de l'Ouest; il a notamment effectué des recherches au Libéria et au Sierra Léone et a écrit sur les conflits au Mali, en République centrafricaine et au Nigéria (Mats Utas s.d.). Il est professeur et chef du département d'anthropologie culturelle et d'ethnologie de l'Université d'Uppsala (Uppsala Universitet s.d.).

[3] Le CNRS « est un organisme public de recherche […] placé sous la tutelle du ministère [français] de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation » (CNRS s.d.).

[4] L'IMAF « est une unité mixte de recherche interdisciplinaire (histoire, anthropologie, science politique, archéologie) dont les recherches [concernent] l'ensemble du continent africain » (IMAF s.d.).

[5] LAM « est rattaché au CNRS et à Sciences Po Bordeaux. Il regroupe des politistes, anthropologues, économistes, géographes, historiens et littéraires ». (LAM s.d.). « LAM interroge la globalisation à partir des Afriques dans une approche comparatiste et transversale. Il s'intéresse aux questions relatives au politique, à ses expressions et productions » (LAM s.d.).

Références

ARTE. 12 novembre 2015. « Burundi : la peur d'un nouveau génocide en Afrique ». [Date de consultation : 25 janv. 2018]

Chercheur. 28 janvier 2018. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Centre national de la recherche scientifique (CNRS). S.d. « Présentation ». [Date de consultation : 2 févr. 2018]

Historien, Centre national de la recherche scientifique (CNRS). 29 janvier 2018. Communication écrite envoyée à la Direction des recherches.

Institut des mondes africains (IMAF). S.d. « Institut des mondes africains (IMAF) ». [Date de consultation : 2 févr. 2018]

Les Afriques dans le monde (LAM). S.d. « Le laboratoire ». [Date de consultation : 2 févr. 2018]

Mats Utas. 11 mai 2015. Angela Muvumba Sellström. « Whither Burundi? Violence, Protest and the Post-Arusha Dispensation ». Mats Utas' Blog. [Date de consultation : 26 janv. 2018]

Mats Utas. S.d. « Mats Utas ». [Date de consultation : 1er févr. 2018]

Le Monde. 14 mai 2015. Émile Costard. « Au Burundi, la tentative de coup d'État en direct avec les blogueurs de Yaga Burundi ». [Date de consultation : 30 janv. 2018]

RNW. S.d. « Waza: RNW's New Interactive Platform for Africa ». [Date de consultation : 1er févr. 2018]

Universitet Uppsala S.d. « Mats Utas ». [Date de consultation : 1er févr. 2018]

Yaga. 18 août 2016. « Relations interethniques au Burundi : les idées changent ». [Date de consultation : 24 janv. 2018]

Yaga. S.d.a. « Qui sommes-nous? ». [Date de consultation : 1er févr. 2018]

Yaga. S.d.b. « On en parle ». [Date de consultation : 25 janv. 2018]

Autres sources consultées

Sources orales : chercheur en résidence, spécialiste en droit international public et pénal, dont la thèse porte sur le concept de nettoyage ethnique; International Crisis Group - directeur de projets sur l'Afrique centrale; Ligue burundaise des droits de l'homme (Iteka); professeur spécialiste du Burundi; professeure agrégée en anthropologie, spécialiste des aspects sociaux, culturels et psychologiques des guerres, génocides et violences de masse.

Sites Internet, y compris : Amnesty International; BBC; Bujumbura News; Deutsche Welle; ecoi.net; États-Unis – Department of State; Factiva; Fédération internationale des ligues des droits de l'homme; Freedom House; The Guardian; Human Rights Watch; International Crisis Group; Iwacu; Jeune Afrique; Nations Unies – Centre d'actualité de l'ONU, Haut-Commissariat aux droits de l'homme, Refworld; Radio France internationale; Royaume-Uni – Home Office; Université Laval – Aménagement linguistique dans le monde.

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