Kenya : information sur les coutumes matrimoniales kisiis et information indiquant si les femmes sont parfois enlevées et forcées à se marier
Publisher | Canada: Immigration and Refugee Board of Canada |
Author | Direction des recherches, Commission de l'immigration et du statut de réfugié, Canada |
Publication Date | 20 October 2003 |
Citation / Document Symbol | KEN41968.EF |
Reference | 4 |
Cite as | Canada: Immigration and Refugee Board of Canada, Kenya : information sur les coutumes matrimoniales kisiis et information indiquant si les femmes sont parfois enlevées et forcées à se marier, 20 October 2003, KEN41968.EF, available at: https://www.refworld.org/docid/403dd246c.html [accessed 30 October 2019] |
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Le groupe ethnique des Kisiis, connu également comme les Gusiis ou les Abagusiis, se retrouve principalement dans la région du Gusiiland, dans l'ouest du Kenya, et est composé d'un peuple de langue bantoue (Hakansson 1998). Comme le mentionne une source, les Kisiis ont un fort sens de la tradition (Kisii.com s.d.).
Une description détaillée des pratiques de mariage traditionnel chez les Gusiis se trouve dans l'article en annexe rédigé par Tabitha N. Otieno de l'université de Jackson State et intitulé « How Traditional Cultural Practices Among the Gusii Protect or Fail to Protect the Gusii Girl Child ».
Les universitaires décrivent le mariage par enlèvement comme la pratique par laquelle un homme prend une femme par la force, la viole puis tente de se servir de la stigmatisation liée au viol et, si la femme devient enceinte, de la honte de la grossesse pour garantir leur mariage (Journal of African History 2003, 242 n2; professeure agrégée 18 sept. 2003a). Un article publié dans le Journal of African History et rédigé par Brett Shadle de l'université du Mississippi révèle qu'un homme a recours à cette pratique lorsqu'il ne peut se permettre de payer la dot demandée, paiement fait par l'époux à la famille de son épouse pour valider un mariage (2003 242 n2; voir également professeure agrégée 18 sept. 2003a). Une professeure agrégée de l'université de Jackson State, née et élevée dans le Gusiiland et auteure de nombreux articles sur les pratiques matrimoniales chez les Gusiis (ibid. 18 sept. 2003b), a expliqué au cours d'un entretien téléphonique qu'un homme aura également recours au mariage par enlèvement s'il se trouve en compétition avec d'autres hommes et craint de perdre la femme (ibid. 18 sept. 2003a).
Les recherches de Shadle démontrent que, historiquement, le mariage par enlèvement avait cours chez les Gusiis dans les années 1890, 1940, 1950 et 1960 (Journal of African History 2003, 245-248). Au cours de ces périodes, la dot a atteint des sommes que la plupart des hommes ne pouvaient payer, en raison de changements radicaux dans l'économie (ibid.). Malgré le fait que la pratique ait eu lieu dans le passé, un professeur adjoint d'histoire de l'université du Mississippi, qui a écrit une thèse de doctorat sur la fréquence des épouses fugueuses, des filles enfuies et des femmes enlevées au Gusiiland entre 1900 et 1965, a affirmé dans une communication écrite envoyée à la Direction des recherches qu'il croit que la pratique n'a plus cours chez les Gusiis et que, le cas échéant, les tribunaux rendraient des décisions favorables aux femmes (22 sept. 2003).
Toutefois, la professeure agrégée de l'université de Jackson State, née parmi les Gusiis, a déclaré que, même si le mariage par enlèvement n'est pas aussi courant qu'il l'a été, il existe toujours (18 sept. 2003a). Elle a également déclaré qu'un homme qui est incapable de payer la dot ou qui est en compétition pour une fille qu'il souhaite épouser suivra cette dernière jusqu'à ce qu'elle soit seule – par exemple, pendant qu'elle ramasse de l'eau ou du bois de chauffage – puis s'en emparera littéralement et l'emmènera chez lui (professeure agrégée 18 sept. 2003a). Même s'il y a des témoins de l'enlèvement, personne n'interviendra puisque cette pratique n'est ni condamnée ni acceptée (ibid.). L'homme emmène ensuite la femme chez lui et la viole (ibid.). Puisqu'elle n'est plus vierge, elle n'est plus attirante aux yeux des autres hommes et devient plus sensible aux efforts de son ravisseur pour l'encourager à rester avec lui ou pour l'humilier de telle façon qu'elle décidera de rester avec lui afin d'éviter la honte à sa famille et à son clan (ibid.).
La professeure gusii a en outre expliqué que les femmes enlevées peuvent habiter dans des régions rurales ou urbaines (ibid.). Comme preuve, elle a mentionné le cas d'une femme qui habitait à Nairobi et qui est retournée dans son village pour visiter sa famille; elle a été enlevée et gardée contre sa volonté pendant trois semaines (ibid.). Son copain s'est rendu de Nairobi au village pour la sauver, mais le clan de la femme n'a pas approuvé cette intervention (ibid.).
Pour terminer sur le sujet du mariage par enlèvement, la professeure agrégée a mentionné que si une fille ou une femme décide de rester avec son ravisseur, celui-ci devra éventuellement payer la dot pour faire approuver le mariage (ibid.).
Aucune autre information sur le sujet susmentionné n'a pu être trouvée parmi les sources consultées par la Direction des recherches.
Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l'aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais prescrits. Cette réponse n'apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d'une demande d'asile ou de statut de réfugié. Veuillez trouver ci-dessous la liste des autres sources consultées pour la réponse à cette demande d'information.
Références
Hakansson, N. Thomas. 1998. « Gusii ». Encyclopedia of World Cultures on CD-ROM. New York : Macmillan Publishing. (Département d'anthropologie de la UCLA, sites Internet de la classe du professeur Alan Page Fiske)
The Journal of African History [Cambridge]. 2003. Vol. 44. Brett L. Shadle. « Bridewealth and Female Consent: Marriage Disputes in African Courts Gusiiland, Kenya ».
Kisii.com. s.d. « Society and Culture in Mwa'mogusii ».
Professeur adjoint, département d'histoire, université du Mississippi. 22 septembre 2003. Communication écrite.
Professeure agrégée, School of Education, université de Jackson State. 18 septembre 2003a. Entretien téléphonique.
_____. 18 septembre 2003b. Communication écrite.
Document annexé
Institute for the African Child (IAC), université d'Ohio. 2002. Tabitha N. Otieno. « How Traditional Cultural Practices Among the Gusii Protect or Fail to Protect the Gusii Girl Child ». Documents de travail publiés dans African Child Studies, no 5,
p. 1-11.
Autres sources consultées
Amnesty International (AI). 8 mars 2002. Kenya: Rape – The Invisible Crime.
Bases de données de la CISR
Dialog
Gender and Development Centre (GDC). 2002. Doreen A. Ondiwo. « The Girl Child Under Siege ». Document présenté lors du Congrès de la femme de 2002, université de Makerere, Kampala.
Heinonen, Paula. 2002. « Early, Forced Marriage and Abduction (efma) and Their Links to Custom/Tradition, FGM, Poverty, and HIV/AIDS ». Document d'information de WOMANKIND Worldwide.
Women's International Network News (WIN)
Sites Internet, y compris :
Africa Confidential
Africa Online
AllAfrica.com
BBC Afrique
Daily Nation
Département d'État des États-Unis
East Africa Four Literacies Program
East African Standard
Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM)
Human Rights Watch (HRW)
Ligue internationale de femmes pour la paix et la liberté (LIFPL)
Women's Human Rights Net
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