Le HCR met l'accent sur la question du handicap lors des déplacements de populations
Lors du Sommet mondial sur le handicap, qui s'est tenu à Londres, le Haut Commissaire assistant du HCR a formulé de nouveaux engagements concernant l'aide aux personnes vivant avec un handicap et à leur implication.
LONDRES – Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, s'est engagé mardi à prendre de nouvelles mesures pour inclure davantage les personnes handicapées dans ses programmes, tant lors de ses opérations internationales que dans le cadre de ses activités en matière de protection des réfugiés.
Ces engagements ont été formulés par Volker Türk, le Haut Commissaire assistant du HCR chargé de la protection, lors du Sommet mondial sur le handicap, qui s’est tenu à Londres, à l’initiative du Ministère britannique du développement international, avec l’appui du Kenya et de l’Alliance Internationale pour le Handicap.
« Garantir la protection et le bien-être des personnes handicapées de manière inclusive et intégrale est une décision d’une importance capitale et utile », a déclaré Volker Türk, lors du Sommet.
« Le HCR s'est engagé à travailler avec les donateurs, les pays d'asile, les partenaires internationaux et nationaux, ainsi que l’ensemble des communautés, pour répondre plus efficacement à leurs préoccupations dans des situations de déplacement de populations, en Syrie comme ailleurs. »
Les personnes handicapées peuvent se retrouver parmi les populations les plus marginalisées et leur vulnérabilité est souvent exacerbée par les déplacements forcés. La stigmatisation, l'isolement ou l’idée selon laquelle ils représenteraient un fardeau peuvent compromettre leur dignité, leur sécurité et leur sûreté, ainsi que l’accès à un certain nombre de services, a souligné Volker Türk.
Pour les personnes handicapées, l'accès aux services de la documentation d’état civil, notamment à l'enregistrement des naissances et des mariages reste difficile et l'absence de tels documents peut entraver l'accès à l'aide. En outre, s’ils ne bénéficient pas de soins médicaux ou psychologiques adaptés, cela risque de prolonger ou d’aggraver les situations handicapantes chez les enfants, les personnes âgées ou d’autres membres de la communauté.
L'augmentation des allocations en espèces et de l’aide sociale pour remédier aux vulnérabilités fondées sur le handicap est une intervention nécessaire pour les familles les plus menacées, notamment les ménages composés de personnes handicapées, et permet de répondre à leurs besoins, a-t-il déclaré.
Le Haut Commissaire chargé de la protection s’est également engagé à prendre des mesures spécifiques visant à mieux lutter contre la stigmatisation et la discrimination, ainsi que pour impliquer et consulter davantage les personnes handicapées lors de la planification des opérations et des activités.
Il s’agira, par exemple, d’accroître les efforts visant à garantir un accès équitable à l’enseignement pour tous les enfants réfugiés qui vivent avec un handicap. Le HCR s’efforcera également d’améliorer l’accès aux marchés de l'emploi pour les personnes handicapées.
La situation des réfugiés handicapés ayant fui la Syrie est particulièrement alarmante, a souligné Volker Türk.
Plus de 5,6 millions de Syriens sont enregistrés en tant que réfugiés dans les pays voisins. Selon les données réunies par le HCR dans quatre d'entre eux (l’Égypte, l’Iraq, la Jordanie et le Liban), environ 3,09 % des réfugiés y vivent avec un handicap. Selon les estimations, 2,9 millions de personnes handicapées ont besoin d’une aide humanitaire en Syrie.
Une journée dans la vie d'Alya, une réfugiée syrienne qui défend les droits des personnes handicapées.
En outre, 2% de la population réfugiée est constituée d’enfants qui vivent avec un handicap. Ces enfants sont souvent marginalisés ou se voient dénier certaines possibilités ; ils vivent dans l’isolement et doivent lutter contre la stigmatisation, la discrimination ou évoluer dans un environnement qui ne répond pas à leurs besoins et à leurs aspirations.
On constate une pénurie de services de réadaptation destinés aux personnes handicapées dans toute la région. Pour ne citer qu’un exemple : en Syrie, des besoins en termes de services spécialisés pour des personnes handicapées ont été signalés dans 72% des communautés étudiées.
Étant donné que la grande majorité des réfugiés syriens (environ 84%) vivent dans des zones urbaines et rurales, réparties sur l’ensemble du territoire de la région, il faut aussi soutenir et renforcer la protection basée sur les services communautaires.
En Syrie, le HCR dispose d'un réseau de plus de 74 centres communautaires et l’objectif est de faire passer ce nombre à 120 pour pouvoir atteindre 2,4 millions de personnes.
Concrètement, cela signifie que durant l’année, ainsi que l'an prochain, le HCR va élaborer une liste d’éléments à contrôler pour garantir l'implication des personnes handicapées lors des enquêtes d’évaluation. Il s’agira aussi d’aborder la question de leur participation à la planification, à la conception et à la mise en œuvre de nos activités, à l’aide de nouvelles orientations sur nos méthodes de travail et à l’aide de formations en ligne.
Enfin, le HCR mettra en place des directives permettant l'identification des personnes handicapées lors de l'enregistrement et de la collecte de données, tout en documentant les bonnes pratiques en la matière.