Un photographe du HCR remporte un prix prestigieux pour son travail sur les réfugiées de RDC
Les portraits saisissants de Giles Duley remportent le prix Amnesty International du reportage humanitaire.
LONDRES - Lors d’une cérémonie annuelle à Londres mercredi soir (3 avril), le photographe humanitaire Giles Duley s'est vu décerner par Amnesty International un prestigieux Prix des médias pour sa série de portraits sur le parcours et la résilience des réfugiées de RDC en Angola.
Son poignant reportage photo, “We Are Here Because We Are Strong”, avait été commandé par le HCR, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et publié dans le magazine Humanity.
Giles Duley travaille depuis longtemps avec le HCR et ses projets précédents pour l'Agence comprennent un reportage photographique sur l'arrivée des réfugiés syriens en Grèce en 2015. Depuis, il a créé sa propre fondation, Legacy of War, qui vise à donner aux communautés et aux personnes les moyens de reconstruire leur vie après un conflit.
« J'apprécie vraiment de travailler avec le HCR, qui m'a mandaté pour ce projet. Ils m'ont toujours accordé une grande liberté de création, c’est un luxe. Tout au long de ces années de collaboration, leur confiance dans mon travail m'a permis de grandir en tant que photojournaliste », a déclaré Giles Duley qui a été informé de son prix alors qu'il était en mission au Vietnam pour un reportage sur la lutte pour l’élimination des mines terrestres.
« Nous avons dansé, mangé et fait des portraits. »
Les portraits en noir et blanc de Giles Duley sont frappants. Ils saisissent la douleur des femmes réfugiées dans leur calvaire et les ressources qu'elles ont pu trouver au fond d’elles-mêmes. Elles nous rappellent l'épouvantable violence sexuelle dont sont victimes les femmes dans les conflits à travers le monde. Dans un camp du HCR à Lóvua, où ont été prises les photos, 75 pour cent des réfugiés congolais sont des femmes et des enfants.
Dans le reportage de Giles Duley, les femmes réfugiées ont été contraintes de fuir la région du Kasaï, en République démocratique du Congo après les violences qui ont éclaté en mars 2017, provoquant des déplacements massifs de population. Plus de 34 000 réfugiés ont également fui vers la province de Lunda Norte, dans le nord-est de l'Angola, où ils ont trouvé un soutien auprès du HCR et de ses partenaires.
« Beaucoup de réfugiés étaient des femmes et des enfants, qui ont partagé des récits effroyables d'abus perpétrés lors de leur fuite. Les réfugiés arrivaient dans un état épouvantable, certains blessés à la machette, d'autres affamés, épuisés et traumatisés », a indiqué Philippa Candler, Représentante du HCR en Angola.
Richly deserved @gilesduley has won #amnestymediaawards19 for his powerful photos of Congolese women #refugees in Angola for @refugees via @CtznsOfHumanity https://t.co/3oJUWT9LFa pic.twitter.com/OGGMvsb9tO
— Matt Saltmarsh (@MattSaltmarsh) April 3, 2019
Le photographe a été frappé par la générosité d'esprit dont les femmes ont fait preuve. « Nous avons dansé, mangé et fait des portraits. C'était vraiment la séance photo la plus mémorable de ma vie », se souvient Giles Duley. « La résilience est un terme galvaudé mais, avec Tante Rose et Mimi, et plus tard, toutes les femmes que j'ai rencontrées dans le camp, j'ai compris sa signification. »
Les prix Amnesty célèbrent l'excellence du journalisme traitant des droits humains et rendent hommage au courage et à la détermination des journalistes et des rédacteurs en chef qui risquent leur vie pour écrire des articles sur les droits humains. La cérémonie a eu lieu mercredi soir à l’académie BAFTA dans le centre de Londres.
L'agent de Giles Duley, Edson Williams, a accepté le prix en son nom et a remercié le HCR d'avoir donné à Giles Duley l'occasion de faire connaître ce problème. Son agent a souligné que Giles, ayant ensuite collecté 100 000 dollars pour venir en aide aux femmes, « remettrait ce prix aux femmes réfugiés. »
Parmi les autres lauréats figuraient Wa Lone et Kyaw Soe Oo, deux journalistes de Reuters emprisonnés au Myanmar pour avoir enfreint la Loi sur les secrets officiels.
Leur travail d’investigation sans précédent a mis la lumière sur l'assassinat de 10 hommes et jeunes garçons rohingyas musulmans par les forces de sécurité et des civils bouddhistes, lors d'une opération de répression dans l'État de Rakhine en août 2017.