Voici comment les entreprises peuvent aider les réfugiés
Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés affirme que le secteur privé peut être le moteur du changement.
A travers le monde, la une de l’actualité sur les réfugiés est souvent dominée par des points de vue alarmistes, mais une révolution silencieuse est en cours – et ce grâce à des personnes pragmatiques et entreprenantes qui identifient des opportunités là où d'autres perçoivent des menaces, et qui comprennent que les réfugiés peuvent mener une vie productive en exil, avec un soutien approprié pour les communautés dans lesquelles ils s'établissent. Le secteur privé joue un rôle vital à cet effet. Il est au cœur des objectifs du Pacte mondial sur les réfugiés que je demande à l'Assemblée générale des Nations Unies de soutenir cette année.
En 2017, le nombre de réfugiés a augmenté de 10 pour cent pour atteindre 25,4 millions, ce qui constitue la plus forte augmentation enregistrée par le HCR en une seule année. Contrairement aux idées reçues, 85 % de ces réfugiés vivent dans des pays en développement. Beaucoup parmi ces régions sont désespérément pauvres, tandis que les programmes d'aide aux populations réfugiées qu'elles accueillent sont régulièrement sous-financés et répondent à peine aux besoins immédiats des réfugiés, sans parler de leurs aspirations à mener une vie productive et satisfaisante.
Nous avons clairement besoin d'une nouvelle approche plus durable, qui ne dépende pas des caprices de la politique, des contributions d'une poignée de pays donateurs ou de l'espoir que les conflits forçant les réfugiés à fuir prennent fin rapidement.
Le Pacte mondial offre un plan d'action innovateur. Parmi ses objectifs, il prévoit d’alléger la pression sur les communautés et les pays d'accueil ainsi que d'aider les réfugiés à devenir plus autonomes. Il prévoit un nouveau partenariat inter-sociétés, dans lequel des innovateurs, des experts et des contributeurs de tous les segments de la communauté sont associés au projet.
Pour les réfugiés et les communautés locales en Ouganda, Internet change la vie des réfugiés et des communautés locales. (UNHCR)
Le secteur privé a un rôle crucial à jouer, en investissant et en créant des emplois dans les zones d'accueil des réfugiés, en intégrant les réfugiés dans leur échelle de valeurs ou en aidant les agences humanitaires à innover pour améliorer l’aide.
Le secteur des technologies mobiles est un domaine dans lequel un certain nombre d'entreprises ont déjà compris l'importance de leur engagement.
La connectivité mobile est aussi importante dans la vie des réfugiés que dans la vôtre et la mienne. De Lesbos à Cox Bazar, j'ai été frappé à maintes reprises, ces dernières années, de voir des réfugiés monter au sommet de la colline la plus proche et tenir leur téléphone portable pour obtenir un signal, ou rechercher la connexion wifi la plus accessible. Dans les camps de réfugiés, les bornes de recharge sont aussi courantes que les points de distribution d’aide humanitaire.
Les réfugiés ont besoin d'être connectés, pour rester en contact avec leurs proches, pour étudier ou gérer une entreprise. Mais les endroits où ils vivent se trouvent souvent dans des régions sous-développées qui manquent d'infrastructures de base. Les réfugiés n’ont souvent pas les moyens d’acheter des téléphones et des abonnements de téléphonie mobile ou alors ils n'ont pas les documents d'identité nécessaires pour obtenir des cartes SIM.
Pour les entreprises de télécommunications désireuses d'innover et de collaborer avec les gouvernements et les organisations d'aide, les réfugiés représentent une occasion unique. Au cours des deux dernières années, les opérateurs de réseaux mobiles ont commencé à travailler avec le HCR, les régulateurs nationaux et les acteurs du développement pour assurer la connectivité de certains camps de réfugiés les plus isolés au monde.
Les bornes de recharge sont aussi courantes que les points de distribution d'aide humanitaire dans les camps de réfugiés.
Pour les réfugiés qui se connectent à Internet, les avantages peuvent changer leur vie et leur offrent une multitude de possibilités d'éducation et de formation - qui s’avèrent primordiales pour réhabiliter l'avenir d'un réfugié. Ici aussi, le secteur privé nous aide à tirer parti des progrès rapides de la technologie.
Le HCR s'est associé à un consortium d'universités qui se sont engagées à ouvrir leurs programmes aux réfugiés en combinant l'apprentissage connecté avec des cours en face à face. Jusqu'à présent, plus de 7 000 réfugiés en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient ont déjà pu obtenir des diplômes d'universités aux États-Unis, au Canada, en Suisse, au Kenya et en Australie.
Des entreprises innovatrices ont travaillé avec nous pour surmonter les obstacles et gagner de nouveaux clients. Qu'il s'agisse de minimiser les risques pour les entreprises désireuses d'investir ou de préconiser des politiques favorables aux entreprises et aux réfugiés, il y a encore des défis et nous avons besoin de davantage de collaboration pour les relever.
Nous voulons que ces efforts s’intensifient et soient reproduits à travers le monde et dans différents secteurs, allant des services financiers aux énergies renouvelables, en passant par l'éducation. L'accès à ces biens et services ouvrira la voie à l'intégration des réfugiés dans l’économie locale de leur pays d’accueil.
Il y a des avantages commerciaux pour ceux qui sont prêts à entrer sur ce nouveau marché. Mais il faudra des entreprises audacieuses pour s'engager et nous aider à faire évoluer cet état d'esprit, et passer d'une vision des réfugiés comme bénéficiaires de l'aide, à celle de clients et de contributeurs potentiels.
Article original publié par Le Financial Times