Filippo Grandi appelle à mieux contrer les idées fausses sur les crises de réfugiés
Le chef du HCR réaffirme que la vaste majorité des réfugiés vit dans les pays voisins des leurs, et non en Europe ou aux États-Unis.
GENÈVE, 27 juin – Le Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, a appelé ce jour à redoubler d'efforts pour lutter contre la crise des réfugiés en apportant davantage de soutien aux pays et aux régions qui les accueillent et en réfutant la thèse d'une crise « mondiale » des réfugiés.
Rappelant que les personnes qui fuient les conflits se trouvent en grande majorité dans leur propre pays ou dans les pays voisins, Filippo Grandi l’a encore redit : « Il n'y a pas de crise de réfugiés en Europe et il n'y a pas de crise de réfugiés aux États-Unis. La crise est ailleurs… »
Filippo Grandi s'exprimait à la séance d'ouverture des consultations annuelles entre le HCR et les ONG (en anglais) à Genève où plus de 300 organisations non gouvernementales d'environ 90 pays sont réunies à l'occasion de la plus vaste conférence humanitaire des Nations Unies.
Happy to participate in the opening of this year’s consultations with NGOs. The theme is “putting people first”. At a time when even refugees and displaced are politicized and dehumanized, I cannot think of a better focus. pic.twitter.com/cl8ZekX8sJ
— Filippo Grandi (@RefugeesChief) June 27, 2018
Filippo Grandi a félicité les ONG dont il décrit le rôle comme « la substantifique moelle de la réponse aux déplacements et à l'apatridie », ajoutant qu'elles sont pour le HCR « des partenaires durables et naturels où que nous travaillions. »
« Ancrées dans la réalité locale, spécialisées et symboles visibles de la solidarité internationale, les ONG nationales et internationales contribuent à donner forme à la protection et aux solutions mises en œuvre pour les personnes dans le besoin », écrivait-il dans une déclaration préalable.
Soulignant que la solidarité et la compassion sont toujours elles aussi très visibles, Filippo Grandi a ajouté que certains politiciens déformaient les faits pour alimenter leur popularité.
« Nous devons rétablir la rhétorique. »
« Les flux de réfugiés et les flux migratoires peuvent et doivent être gérés de manière responsable. Toute absence de responsabilité dans ce domaine ne sert qu'à nourrir l'anxiété et la xénophobie. Les victimes de violences sont déshumanisées et politisées et les politiciens en profitent pour gagner des voix. Nous devons rétablir la rhétorique », a-t-il déclaré aux participants.
Filippo Grandi a indiqué que la meilleure manière de contrer les politiques restrictives était de s'engager et de montrer comment les crises de réfugiés actuelles pourraient être mieux gérées via une action concertée des gouvernements et la participation de la société civile, du monde de l'entreprise, des groupes confessionnels et d'autres acteurs.
Victims of violence are being dehumanized, politicized. Politicians are taking advantage to gain votes. We need to reset the language.
— Melissa Fleming (@melissarfleming) June 27, 2018
There is no refugee crisis in Europe and no refugee crisis in America. The crisis is elsewhere.
-@RefugeesChief w/ @TheZeinabBadawi #UNHCRNGOS pic.twitter.com/z4h96Ad7iS
« Des voix fortes s'élèvent en faveur de la solidarité autant que du nationalisme. Nous devons nous engager et montrer comment les choses pourraient être mieux gérées », a-t-il déclaré en soulignant qu'environ 90 % des 68,5 millions de déplacés que compte le monde aujourd'hui sont dans leur propre pays ou dans des pays voisins, généralement des pays en développement d'Afrique, du Moyen-Orient et d'Asie. « C'est là qu'est la crise et c'est là qu'une aide est nécessaire. »
Il a souligné qu'une prise de conscience de la nécessité de nouvelles approches — autant que de migrations sûres, ordonnées et régulières — sert de base à l'élaboration d'un pacte mondial sur les réfugiés, un nouvel accord international qui sera adopté vers la fin de l'année.
L'être humain d'abord
Lors d'une discussion à bâtons rompus avec Zeinab Badawi, animatrice vedette de la BBC, Filippo Grandi a salué la générosité des pays hôtes, situés dans l'hémisphère sud pour la plupart. Il a précisé le thème retenu cette année pour les consultations avec les ONG : L'être humain d'abord.
Durant ces consultations vient également d'être annoncée la création d'un Prix de l'innovation HCR-ONG qui viendra honorer les accomplissements d’ONG œuvrant pour l'amélioration des prestations de services aux personnes relevant du mandat de l'agence.
Des prix monétaires de 10 000 et 8000 dollars seront remis à l'organisation gagnante et au premier finaliste respectivement lors d'une cérémonie qui se tiendra à Genève en décembre prochain. Plus amples informations sur ce prix et la présentation des soumissions (en anglais).