New York, 21 décembre (HCR)—Si la guerre en Syrie ne se termine pas rapidement, le pays pourrait cesser d’exister, a prévenu António Guterres, le chef sortant du HCR.
« Si le conflit ne se finit pas rapidement, ce serait la fin de la Syrie telle que nous la connaissons—et c’est la même chose pour l’Iraq », a indiqué António Guterres dans son allocution au Conseil de sécurité des Nations Unies à New York lundi (21 décembre).
António Guterres quittera le HCR après 10 ans à la tête de l’organisation le 31 décembre prochain. Il garde toutefois espoir que la négociation à Vienne pour un accord de paix en Syrie soit une « étape clé vers le rétablissement de la paix en tant que priorité numéro un sur l’agenda de la communauté internationale. »
Au moment d’une large prise de conscience au sein de la communauté internationale sur les complexités historiques ayant généré la situation au Moyen-Orient, António Guterres a déclaré que les divisions sectaires d’aujourd’hui ne doivent pas être autorisées à dégénérer vers des guerres de religion « ayant balayé des régions entières en Europe aux 16ème et 17ème siècles. »
« Les leçons de l’histoire montrent que la paix ne peut plus attendre. Le monde a besoin d’intensifier les efforts diplomatiques pour la paix », a-t-il déclaré.
Les cinq ans de conflit en Syrie ont déplacé près de 11 millions de personnes, y compris presque 4,4 millions de réfugiés qui sont hébergés dans les pays voisins, en Jordanie, au Liban et en Turquie. Cette année, la persécution, les conflits et la pauvreté ont déjà entraîné un nombre sans précédent d’un million de personnes, dont la moitié sont des Syriens, à chercher la sécurité en Europe.
Selon une récente étude menée par le HCR et la Banque mondiale, neuf Syriens sur 10 hébergés au Liban et en Jordanie vivent en dessous des seuils de pauvreté respectifs dans ces deux pays. António Guterres a appelé à des contributions financières massives au bénéfice des pays hôtes afin d’empêcher les réfugiés de s’enfoncer encore davantage dans la pauvreté.
« Nous avons besoin d’une « nouvelle collaboration » entre la communauté internationale—en particulier l’Europe—et les pays voisins de la Syrie. Il est clair que sans éducation pour leurs enfants, ni accès au marché du travail, ni protection contre la pauvreté, un nombre croissant de Syriens choisiront la seule option qui leur reste : rejoindre d’autres pays », a-t-il ajouté.
Antonio Guterres a souligné que, même avec la récente hausse des contributions déclenchée par l’afflux des réfugiés en Europe, le Plan régional pour l’aide aux réfugiés et la résilience (3RP) était financé seulement à hauteur de 52 pour cent—avec des conséquences désastreuses pour de nombreuses familles.
« Des investissements massifs sont nécessaires pour apporter un appui au Liban, à la Jordanie et à la Turquie afin d’empêcher d’autres réfugiés de sombrer dans la misère et d’aider les gouvernements à faire face à la pression accrue dans les domaines de la santé, l’éducation, l’eau, l’électricité et d’autres infrastructures publiques », a-t-il déclaré.
Le chef du HCR a enfin fait part de son espoir quant à une prochaine Conférence des pays donateurs sur la crise des réfugiés syriens, prévue à Londres début février 2016. Cette conférence devrait non seulement mobiliser un appui pour les vastes besoins humanitaires dans la région, mais aussi adopter une approche à plus long terme combinant l’autosuffisance pour les réfugiés avec un partage efficace de la responsabilité et une solidarité de la communauté internationale à l’égard des pays et des communautés hôtes.