DADAAB, Kenya, 31 décembre (HCR)—Au Kenya, dans le plus grand complexe pour réfugiés du monde, le personnel soignant est en passe de vaincre une épidémie de choléra qui a fait 10 morts et environ 1 000 malades depuis son début le mois dernier, au moment des pluies liées à El Nino.
Le choléra, maladie bactérienne d’origine hydrique souvent fatale, qui provoque de la fièvre, des nausées et de fortes diarrhées, a fait son apparition mi-novembre à Dadaab. Ce complexe, qui comprend cinq camps, abrite 347 000 réfugiés et demandeurs d’asile. La majorité d’entre eux a fui la violence en Somalie.
Une équipe de contrôle de l’épidémie, composée d’employés de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés et d’organisations partenaires, a travaillé sans relâche avec le ministère kenyan de la Santé et les fonctionnaires du département chargé des Affaires de réfugiés pour traiter les cas et enrayer la maladie dans le complexe tentaculaire situé au nord-est du Kenya.
Faisal, réfugié âgé de 2 ans dont la famille a fui Mogadiscio en Somalie, fait partie des patients transportés dans l’un des quatre centres de traitement du choléra créés à Dadaab. Après un test positif, le bambin avait été admis à l’hôpital où son état s’est stabilisé, puis amélioré au bout de trois jours de traitement.
« Nous ne savons pas ce qui a provoqué le choléra, mais, grâce à Dieu, il va mieux? Il a absorbé beaucoup d’aliments liquides ici, je suis content », déclare Ahmed, le père de Faisal, âgé de 32 ans, satisfait du traitement que son fils a reçu à l’hôpital.
Les quatre centres de traitement spécialisés, dont chacun peut prendre en charge plus de 50 patients, réhydratent par intraveineuse les malades placés dans les salles de soins intensifs. Ils reçoivent des soins en continu prodigués par du personnel spécialisé.
« Comme ils ne peuvent pas prendre de médicaments par voie orale, nous les transfusons pour les hydrater et les soigner. Une fois stabilisés, nous les sortons de la zone de soins intensifs. Il faut trois jours en moyenne à un patient pour guérir et repartir », explique Caroline, médecin à l’hôpital du camp de Hagadera géré par le Comité international de secours (IRC).
Selon des sources officielles, la recrudescence de la maladie a été aggravée par la saturation des nappes phréatiques causée par les pluies liées à El Nino (un réchauffement cyclique d’un courant de l’océan Pacifique qui provoque une série d’anomalies météorologiques tout autour du globe, comme des inondations non saisonnières et des sécheresses).
Les efforts destinés à contenir la propagation de la maladie dans le complexe sont très larges. Parmi eux, l’hygiène est l’un des piliers de la réussite.
Le HCR et ses organisations partenaires ont distribué des savons, désinfecté les maisons et les latrines et mené une campagne de promotion de l’hygiène dans les cinq camps. Isaq Abdi, réfugié somalien de 43 ans, fait partie des équipes chargées de désinfecter les habitations des réfugiés.
« La pulvérisation fonctionne bien », explique Abdi, qui, au sein de l’équipe de la Société de la Croix-Rouge du Kenya, estime avoir désinfecté 200 latrines et 200 maisons dans le camp Ifo 2. « Les gens apprécient notre travail. J’aime ce que je fais car j’aide ma communauté en empêchant les maladies, mais je reçois aussi une indemnité », ajoute-t-il.
Le HCR s’efforce aussi d’augmenter le nombre de latrines dans le camp, même si la baisse des financements ces dernières années a ralenti le mouvement.
Le premier cas de l’épidémie actuelle de choléra à Dadaab a été signalé le 18 novembre dans le camp Ifo 2 : il s’agissait d’un garçon de 10 ans qui, ayant joué dans une flaque d’eau stagnante, en aurait peut-être avalé un peu. Il a été soigné et guéri depuis.
Le HCR continue d’éduquer les enfants, les parents et la communauté au risque encouru en nageant dans les mares d’eau boueuse dans les camps et aux environs. Lorsque c’est possible, ces mares sont comblées. Les stations de radio FM locales diffusent souvent des messages de sensibilisation pour les communautés.
Le premier camp, Hagadera, a été installé à Dadaab en 1991, quand les réfugiés fuyant la guerre civile en Somalie ont commencé à franchir la frontière vers le Kenya. Un deuxième afflux important a eu lieu en 2011, avec l’arrivée de quelque 130 000 réfugiés fuyant la sécheresse et la famine au sud de la Somalie.
Par Assadullah Nasrullah à Dadaab, au Kenya