Angola : Le HCR distribue de la nourriture et des articles de secours aux réfugiés de RDC

Un agriculteur prospère se réjouit d'avoir pu échapper à la flambée de violence qui a poussé plus de 20 000 personnes à fuir la République démocratique du Congo (RDC).

Des femmes et des enfants congolais arrivent au poste-frontière de Chissanda, dans la province angolaise de Lunda Norte, après avoir échappé aux attaques des milices dans la Province du Kasaï, en RDC.   © HCR / Pumla Rulashe

DUNDO, Angola – Le chef Kazenzi Kamwenza n'aurait jamais pensé que les violences dans le Kasaï gagneraient Kamako, son village natal situé à quelques kilomètres de la frontière entre la RDC et l'Angola. Le danger imminent l’a forcé à réunir en toute hâte les neuf membres de sa famille pour les conduire au sud, de l'autre côté de la frontière.

« Je pensais rentrer chez moi après quelques heures, » dit-il. « Parce qu'après tout, c'est quand même là-bas que nous avons notre vie et tout ce qui la constitue. »

L'espoir de rentrer rapidement chez eux s’est hélas amenuisé à mesure qu'ils prenaient conscience que ce retour était de moins en moins possible. Le centre de réception de Moussunge où ils sont maintenant logés est surpeuplé, chaud et sec. Il est souvent pris dans les tourbillons de fumée des feux préparés en plein air par les réfugiés pour faire cuire leur repas.

« La situation dans la région congolaise du Kasaï continue de déraciner des milliers de civils, » explique @iBabarBaloch (en anglais : https://t.co/6IEGrRY7Fe pic.twitter.com/uX7tTDr8lV) — UNHCRNews (@RefugeesMedia) 12 mai 2017

Depuis leur arrivée, le chef Kamwenza a bien du mal à nourrir sa famille régulièrement.

« Ce qui m'obsède le plus, c'est que j'ai laissé chez moi des champs entiers de manioc alors qu’ici, ma famille a faim, » dit-il.

Tout le monde est d'accord pour dire que Kazenzi Kamwenza était un homme prospère dans son village. Il employait des travailleurs dans ses champs de manioc pendant que sa femme tenait l'épicerie du village. Avec les recettes tirées de ses champs, il pouvait prêter de l'argent aux villageois qui le remboursaient avec intérêt.

« Être réduit à néant par un conflit qui nous tient en otage depuis le mois d'août l'an dernier, c'est une pilule bien amère à avaler, dit-il d'un air misérable. « Si un homme ne peut pas nourrir sa famille, alors quelle sorte d'homme est-il ? »

Kazenzi Kamwenza et les siens comptent parmi les 3000 nouveaux arrivants en Angola durant les derniers jours. Plus de 20 000 déracinés congolais ont trouvé refuge en Angola depuis le début du mois d'avril, a fait savoir le HCR dans un point de presse présenté ce jour.

La fille du chef Kazenzi Kamwenza avec une assiette de légumes donnés à la famille par un voisin compatissant avant les distributions de nourriture du HCR.   © HCR/Pumla Rulashe

L'armée angolaise transporte les nouveaux arrivants des postes-frontières jusqu'aux deux centres de réception de Cacanda et Moussunge. Tfumba Soleso, 29 ans, et ses trois enfants ont passé quatre jours à courir à travers la brousse avant d'être ramassés à la frontière.

« On a entendu parler des milices de Kamuina Nsapu pour la première fois quand ils nous ont dit de partir parce qu'ils allaient tuer les gens, » raconte Tfumba. « Quatre ou cinq jours après, ils sont revenus et ont brûlé nos maisons, c'est à ce moment-là qu'on a décidé de s'enfuir. »

Il y a deux semaines, le HCR a expédié une équipe d'urgence à Dundo pour coordonner une réponse multifonctionnelle alliant d'autres institutions spécialisées des Nations Unies, des organismes d'aide et le Gouvernement angolais. Cette collaboration permet de répondre aux besoins immédiats des réfugiés et de leur fournir de la nourriture, un abri et des articles de première nécessité.

« Si les enfants ont au moins pu avaler quelque chose avant d'aller dormir, je me sens un peu plus calme. »

« Depuis notre arrivée il y a deux semaines, nos efforts pour obtenir la réinstallation d'urgence des réfugiés vivant dans les centres de réception ont porté leurs fruits, » déclare le Dr. Asis Das, responsable de la santé publique du HCR en Angola. Le HCR travaille actuellement avec les autorités angolaises pour trouver un site de réinstallation adéquat à au moins 50 kilomètres de la frontière.

Asis Das indique que les distributions de nourriture du HCR sont arrivées à temps étant donné que la farine de maïs, les haricots, le sel et l’huile sont achetés à des fournisseurs locaux à Dundo. Juste à ce moment, la fille aînée du chef Kawenza revient avec une assiette de légumes pour sa famille.

« Ma femme est gênée de demander de la nourriture, mais si les enfants ont au moins pu avaler quelque chose avant d'aller dormir, je me sens un peu plus calme, » confie-t-il.

Kazenzi Kawenza se dit reconnaissant d'être en sécurité et d'avoir un abri et de la nourriture. « Que ce soit le Gouvernement angolais, le HCR et tous les autres, on ne pourra jamais vous remercier assez. »