Italie-Tchécoslovaquie
Quand Mussolini
décidait de l’issue des rencontres
Par Etienne Labrunie
En 1934, le Mondial est organisé dans l’Italie fasciste. Joueurs nationalisés et arbitres à la solde du Duce portent la sélection transalpine vers la victoire finale.
Luis Monti a du mal à quitter le Stade national de Rome, rebaptisé sans sourciller Stade du Parti national fasciste. Pour la deuxième fois en quatre ans, le milieu de terrain de l’Italie vient de sauver sa peau en finale de Coupe du monde. Benito Mussolini avait été très clair avant le match : « C’est la victoire ou la mort. » Dans un télégramme lu aux joueurs la veille, à la fin de l’ultime entraînement, le Duce écrit : « L’Italie doit frapper fort et faire tomber l’adversaire. Bonne chance pour demain. Gagnez ou vous êtes morts ! »
Pas une première pour Luis Monti. Il y a quatre ans déjà, pour la première édition de la compétition en Uruguay, sous le maillot argentin, il s’était vu menacé très directement et personnellement de mort. « Si l’Argentine gagne, vous et votre famille mourrez », avertissait une lettre glissée sous la porte de sa chambre d’hôtel. Menace renouvelée à la mi-temps du match. Son équipe s’incline (2-4) contre l’Uruguay et le maître à jouer de l’Albiceleste est au centre de toutes les critiques. « Qu’est-il arrivé à Monti ? », titre en une « La Nacion ». La presse, comme ses coéquipiers, n’est pas au courant de la missive reçue. « Luis Monti était effrayé. Il était paralysé pendant le match, ce qui fait qu’on a clairement joué à 9. C’est pour ça qu’on a été battus si nettement », racontera son coéquipier Francisco Varallo.