Le naufrage d'un bateau dans le Golfe d'Aden fait plus de 100 morts

Suite au naufrage d'un bateau de passeurs lundi dernier, 107 corps ont été retrouvés jusqu'à présent le long des côtes du Yémen. Le nombre de morts pourrait encore augmenter. Beaucoup de personnes continuent en effet à risquer leur vie pour effectuer cette traversée du Golfe d'Aden à bord de bateaux de passeurs, dans l'espoir de trouver plus de sécurité et d'opportunités économiques.

Après l'issue d'un périple mortel à travers le Golfe d'Aden, des corps de Somaliens et d'Ethiopiens sont retrouvés sur les côtes yéménites.  © HCR/SHS

ADEN, Yémen, 16 février (UNHCR) - Plus de cent corps ont été retrouvés après le naufrage d'un bateau de trafiquants en début de semaine dans le Golfe d'Aden - ce sont les dernières victimes causées par cette dangereuse traversée entre la Somalie et le Yémen.

Le Gouvernement yéménite et le bureau de l'UNHCR au Yémen ont confirmé jeudi que 107 corps avaient été retrouvés jusqu'à présent le long d'une partie isolée de la côte du Yémen, suite au naufrage en mer d'un des quatre bateaux qui tentaient de s'approcher des côtes lundi. Des survivants ont déclaré qu'au moins cinq personnes étaient portées disparues.

Selon des témoins, le bateau de passeurs ayant chaviré transportait 120 Somaliens et Ethiopiens. Suite à l'accident, un second bateau clandestin, transportant aussi 120 personnes, a contraint tous ses passagers à sauter par-dessus bord, puis a pris à son bord les passeurs du premier bateau avant de reprendre la direction du Golfe d'Aden, abandonnant 240 personnes en haute mer.

Les survivants ont expliqué qu'ils sont restés dans l'eau pendant plusieurs heures avant que les militaires yéménites ne viennent à leur secours. Un responsable militaire a déclaré que les efforts de secours avaient été très difficiles car les victimes dérivaient à au moins 500 mètres des côtes. L'équipe des secours militaires a enterré 29 corps près de la plage. Plusieurs autres corps ont échoué près d'une route en construction entre Aden et Mukalla. Les employés d'une société de construction ont indiqué avoir enterré 78 corps.

Au total, 235 personnes, qui étaient à bord des deux autres bateaux de trafiquants ayant approché le Yémen, sont arrivées saines et sauves jusqu'à la côte.

« Les Somaliens ont déclaré avoir fui leurs maisons pendant et après la fin des hostilités récentes entre les forces gouvernementales et l'Union des Tribunaux islamiques », a indiqué vendredi Ron Redmond, le porte-parole de l'UNHCR lors d'une conférence de presse. « Beaucoup d'entre eux ont déclaré qu'ils avaient essuyé des tirs de milices armées et que leur argent et leurs biens avaient été volées aux points de contrôle tenus par les mêmes milices. »

Il a ajouté qu'au cours du mois dernier l'UNHCR avait enregistré l'arrivée de 1 776 Somaliens et Ethiopiens ayant fait le voyage à bord de 20 bateaux. Avec ce dernier accident, au moins 136 personnes sont mortes en tentant cette traversée périlleuse ; bien d'autres sont toujours portées disparues. L'année dernière, le bureau de l'UNHCR au Yémen a rapporté que quelque 27 000 personnes avaient tenté le dangereux voyage, avec pour résultat 330 morts et 300 autres personnes portées disparues.

« Chaque année, des milliers de personnes traversent le Golfe d'Aden, la Méditerranée et d'autres mers, fuyant les persécutions dans leur propre pays ou recherchant de meilleures opportunités économiques », a indiqué Ron Redmond. « L'UNHCR a essayé maintes fois de promouvoir une action locale et internationale pour mettre fin aux pratiques violentes des passeurs clandestins et attirer l'attention sur les conditions de vie dans les pays d'origine qui amènent les personnes à prendre la décision de partir. Malgré ces efforts, le nombre de personnes quittant leur foyer ne cesse d'augmenter. »