85 000 personnes déplacées en dix semaines alors que les combats font rage au Yémen

Ceci est un résumé des déclarations du porte-parole du HCR Cécile Pouilly – à qui toute citation peut être attribuée – lors de la conférence de presse du 09 février 2018 au Palais des Nations à Genève.

Rahaf Ali Bedaish, 8 ans, porte son petit frère de 2 ans, Ahmed, devant leur tente dans l'installation de Dharawan. Originaires du gouvernorat de Taizz, ils sont déplacés depuis le début du conflit.   © HCR/Mohammed Hamoud

Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, s’inquiète du regain de violence dans tout le Yémen qui provoque une augmentation des déplacements depuis de nombreuses zones proches des lignes de front. Selon les données du HCR et de ses partenaires, plus de 85 000 personnes ont été déplacées dans l’ensemble du pays depuis le 1er décembre 2017.

La côte ouest du Yémen continue d’engendrer la majorité des nouveaux déplacements, soit 71% ou 61 000 personnes originaires des gouvernorats d’Al Hudaydah et de Taizz.

L’escalade militaire actuelle sur la côte ouest force des centaines de personnes à fuir leur foyer chaque jour, notamment en provenance des districts d’Al Khawkhah, Al Garrahi et Hays dans le sud du gouvernorat d’Al Hudaydah, ainsi que de Mokha et Mawza dans le gouvernorat de Taizz.

La majorité de ceux qui fuient la violence sur la côte ouest se dirige vers Abyan, à l’est, où plus de 21 000 personnes ont fui, tandis que d’autres tentent de trouver refuge dans d’autres parties des gouvernorats d’Al Hudaydah et de Taizz. Environ 13 600 personnes ont été nouvellement déplacées à l’intérieur du gouvernorat de Taizz et plus de 12 300 personnes à l’intérieur du gouvernorat d’Al Hudaydah, tandis que d’autres fuient la côte ouest à travers le pays vers Lahj, Al Maharah, Aden, Ibb, Dhamar, Hadramaut et Shabwah.

Le HCR s’inquiète particulièrement pour ceux qui restent dans les zones proches des affrontements à Taizz et Hudaydah. Avec la poursuite des combats dans ces deux gouvernorats, la situation continue de se détériorer rapidement, exposant les personnes à la violence et aux maladies, sans accès aux services de base.

La plupart des déplacés dans les gouvernorats d’Al Hudaydah et de Taizz restent hébergés par des proches ou des amis, coincés chez eux ou dans des grottes tandis que les affrontements terrestres, les bombardements aériens et les tirs isolés font rage autour d’eux.

En plus des nouveaux déplacements depuis la côte ouest, le HCR observe également un pic des nouveaux déplacements depuis d’autres zones situées près des lignes de front, y compris les gouvernorats yéménites frontaliers d’Al Jawf et Hajjah, ainsi qu’à Shabwah dans l’est.

L’intensification des opérations militaires à Al Jawf, en particulier les combats dans les districts de Bart Al Anan et Khabb wa ash Sha’af, ont engendré le déplacement de plus de 8 000 personnes à l’intérieur du gouvernorat.

A Hajjah, qui accueille déjà 19% des 2 millions de déplacés internes au Yémen (soit 376 000 personnes) et qui constitue le gouvernorat dont 19% des déplacés internes yéménites sont originaires, les embrasements permanents ont contraint près de 2 000 personnes à fuir leur foyer dans le gouvernorat ces dernières semaines.

Plus à l’est, à Shabwah, des opérations militaires ont  forcé près de 8 000 autres personnes à fuir.

Les principaux besoins des déplacés et des autres populations touchées par le conflit demeurent l’accès aux abris, aux soins, à la nourriture, à l’eau et à l’assainissement. Afin de répondre aux vagues de nouveaux déplacés, le HCR fournit une aide d’urgence qui comprend un mélange d’abris et de produits domestiques essentiels pour aider les personnes à faire face au déplacement.

Depuis le début du conflit, plus de 1,1 million de personnes dans l’ensemble des gouvernorats du Yémen affectés par le conflit ont reçu des articles essentiels du HCR comme des matelas, des nattes, des seaux, des couvertures, des ustensiles de cuisine, etc.

Le Yémen constitue la plus importante crise humanitaire au monde avec plus de 22 millions de personnes dans le besoin et les besoins continuent d’augmenter. La crise est alimentée par la poursuite du conflit, l’effondrement de l’économie et la diminution des services sociaux et des moyens de subsistance.

Le HCR s’inquiète que les financements destinés à la réponse humanitaire n’arrivent encore qu’au compte-gouttes, l’escalade du conflit conduisant à de nouveaux déplacements importants en ce début d’année.

Pour 2018, le HCR réclame près de 200 millions de dollars pour répondre aux besoins humanitaires prioritaires critiques mais il démarre l’année avec seulement 3% de financements disponibles. Le HCR réitère son appel à la communauté internationale afin d’engager des fonds pour la réponse humanitaire au Yémen.

 

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