50 000 ou 500 000 euros, les raisons du coût controversé de la nouvelle vaisselle de l’Elysée
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La Matinale du 21/06/2018
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50 000 ou 500 000 euros, les raisons du coût controversé de la nouvelle vaisselle de l’Elysée

DERRIERE LE CHIFFRE - La révélation d’une commande de vaisselle « à 500 000 euros » a provoqué une controverse, alors que l’Elysée évoque une facture de 50 000 euros.

Le Monde | • Mis à jour le | Par

Le palais de l’Elysée.

« Peu importe le prix pourvu que nos majestés de l’Elysée se restaurent en toute dignité » : le député de La France insoumise François Ruffin a ironisé, mardi 19 juin, lors des questions au gouvernement, sur un service de vaisselle de 1 200 pièces, commandé par l’Elysée, dont le coût a été estimé par Le Canard enchaîné à 500 000 euros. Le montant de cette facture a été contesté par l’exécutif, qui évoque une enveloppe de 50 000 euros.

  • Combien coûte ce service d’assiettes ?

Le Canard enchaîné a estimé la facture totale à 500 000 euros : le calcul a été réalisé en multipliant le coût de revient des pièces réalisées à Sèvres (408 euros en moyenne, selon le rapport d’activité 2016 de l’institution) par le nombre d’assiettes commandées. Il s’agit d’un service de prestige, baptisé Bleu Elysée, composé de 900 assiettes de présentation et 300 assiettes à pain, réalisé par la manufacture nationale de Sèvres. Destiné aux dîners d’Etat, il remplacera les assiettes commandées par les présidents René Coty et Jacques Chirac (que l’on peut voir ici).

Chaque assiette aura un motif unique, inspiré d’un détail du plan du palais présidentiel et imaginé par l’artiste Evariste Richier, a expliqué Romane Sarfati, directrice générale de la Cité de la céramique Sèvres et Limoges (qui comprend la manufacture de Sèvres) dans Le Figaro, en précisant qu’il est trop tôt pour en connaître le prix : « Nous sommes au tout début du projet et nous n’avons pas encore calculé de prix de revient. Il dépendra notamment du temps passé à sa réalisation. »

  • Qui va payer pour cette vaisselle ?

Depuis sa création en 1740, la Manufacture de Sèvres est un établissement lié au pouvoir politique. Qualifiée de royale, impériale, puis nationale au fil des régimes, c’est aujourd’hui un service à compétence nationale, comme la Manufacture des Gobelins ou les Archives nationales. Elle est rattachée au ministère de la culture, qui verse à la Cité de la céramique une subvention de 4 millions d’euros (sur 7 millions de budget total, dont 1,7 million d’euros de vente de produits). Le coût de ce service d’assiettes sera bien à la charge du contribuable mais ne figurera à aucun moment dans le budget du palais présidentiel, car l’ensemble est pris en charge par le ministère de la culture.

Créer des pièces pour la table de l’Elysée fait partie de ses missions, donc la fabrication de ce service n’engendrera pas de coût supplémentaire pour l’Etat. « Commander un tel service, c’est assurer des commandes pendant des mois et des mois à la Manufacture de Sèvres », a ainsi justifié le secrétaire d’Etat à l’action et aux comptes publics, Olivier Dussopt, sur LCI.

En revanche, une enveloppe de 50 000 euros a été attribuée aux deux artistes finalistes qui ont réalisé des esquisses et au lauréat qui a conçu le projet. Cette somme, versée par le ministère de la culture, est celle sur laquelle l’Elysée a communiqué.

Ce découpage budgétaire est critiqué par la Cour des comptes, qui avait recommandé dans un rapport que les objets et meubles mis à disposition de l’Elysée soient intégrés au budget de la présidence et non de la culture.

  • Le budget de l’Elysée a-t-il augmenté sous la présidence Macron ?

Le secrétaire d’Etat a ensuite précisé que « le président a diminué le budget de l’Elysée et de la présidence de la République, donc pas de faux procès ». Si le budget de Brégançon a effectivement baissé (150 000 euros, contre 200 000 euros les années précédentes), celui de la présidence de la République a augmenté de 3 % en 2018 et s’établit à 104 millions d’euros, dont les deux tiers pour la rémunération du personnel. Cette hausse a été votée par les députés après quatre ans de gel de crédits, non pas pour financer de la vaisselle ou une piscine mais pour des dépenses de sécurité.

La polémique sur le coût élevé des assiettes élyséennes s’est doublée d’une autre controverse, car Emmanuel Macron a demandé l’installation d’une piscine au fort de Brégançon, résidence d’été des présidents de la République depuis 1968. Olivier Dussopt a assuré que cette dépense « anecdotique » n’augmenterait pas la somme allouée pour l’entretien annuel du bâtiment.

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