Non, le Brexit ne va (toujours) pas financer le système de santé britannique
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Non, le Brexit ne va (toujours) pas financer le système de santé britannique

Theresa May promet d’augmenter le budget de la NHS grâce à un « dividende Brexit » : l’argument des antieuropéens, développé en 2016, est de plus en plus bancal.

Le Monde | • Mis à jour le | Par

Theresa May a offert un beau cadeau d’anniversaire au système de santé britannique, le NHS, qui célèbre cette année ses 70 ans. La première ministre britannique a promis dimanche une hausse du budget de 20 milliards de livres sterling par an (23 milliards d’euros) jusqu’en 2023-2024, financée en partie grâce aux économies réalisées par le Brexit.

Ce qu’elle a dit :

« En quittant l’Union européenne et en arrêtant de payer d’importantes sommes chaque année à Bruxelles, nous aurons plus d’argent à consacrer à des priorités, comme le NHS. »

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Pourquoi c’est faux

Reprendre l’argent versé à Bruxelles pour sauver le système de santé était l’argument-phare des partisans du Brexit, lors du référendum de juin 2016. Une idée simple, déclinée sur des tracts, des affiches et même un bus, et d’autant plus séduisante que le NHS, fierté des Britanniques, est à bout de souffle. Sauf que le calcul était faux, comme l’avait d’ailleurs reconnu Nigel Farage, l’un des leaders de la campagne antieuropéenne, juste après le vote.

A l’époque, les partisans du Brexit affirmaient : « Nous envoyons à l’Union européenne 350 millions de livres par semaine, finançons plutôt la NHS. » Deux ans plus tard, Theresa May propose davantage, puisque 20 milliards de livres par an correspondent à 384 millions par semaine.

Contribution théorique au budget européen

La simulation des pro-Brexit avait été démontée à plusieurs reprises : elle se basait sur la contribution théorique au budget européen — 18 milliards de livres —, mais n’avait pas soustrait le rabais britannique ou l’aide versée par Bruxelles aux agriculteurs ou aux régions pauvres. Le « coût de l’UE » redescendait alors à 7 milliards de livres, soit 136 millions par semaines.

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Deux ans après le vote, les « économies réalisées » par la sortie de l’UE, le « dividende Brexit », semblent avoir fondu, voire disparu entièrement :

  • les Britanniques sont tenus de financer le budget de l’UE durant toute la période de transition, jusqu’à fin 2020 ;
  • au moment de partir, ils devront aussi verser un chèque de départ de 39 milliards de livres sterling ;
  • par ailleurs, l’Institute for Fiscal Studies estime que le Brexit pourrait coûter 15 milliards de livres à l’économie britannique.

Theresa May a reconnu dans un discours, lundi 18 juin, que les économies du Brexit ne suffiraient pas à financer les 20 milliards de livres injectées dans le NHS, et que les Britanniques devraient « contribuer un peu plus », avec des impôts supplémentaires. En fait, cela risque bien d’être l’unique source de contribution.

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