Primaire de la droite : Frédéric Lefebvre veut être candidat, un affront de plus pour Nicolas Sarkozy
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Élection présidentielle 2017

Primaire de la droite : Frédéric Lefebvre veut être candidat, un affront de plus pour Nicolas Sarkozy

Le député n’est pas parvenu à réunir les parrainages nécessaires, mais il entend se présenter en tant que président d’un microparti.

Le Monde | • Mis à jour le

Le député n’est pas parvenu à réunir les parrainages nécessaires mais entend se présenter en tant que président d’un microparti.

La règle était pourtant claire : chaque candidat Les Républicains devait réunir le soutien de 2 500 adhérents à jour de leur cotisation et de 250 élus, dont 20 parlementaires, pour participer à la primaire de la droite et du centre pour la présidentielle de 2017, primaire qui aura lieu le 20 et 27 novembre. Mais Frédéric Lefebvre, qui n’a pas réussi à obtenir les parrainages nécessaires, s’est affranchi de cette règle en se déclarant candidat de son microparti, Nouveaux Horizons. La validation de sa candidature par la haute autorité reste néanmoins peu probable.

M. Lefebvre estime n’avoir pas pu être en mesure de se présenter sous l’étiquette du parti Les Républicains, car Nicolas Sarkozy lui aurait réservé un « traitement personnel » pour l’en empêcher.

« Il a essayé de me mettre des obstacles suffisamment importants pour m’empêcher de réussir, avec comme point d’orgue le gel de mon investiture. Je suis le seul député Les Républicains à qui on a fait ça. Et ça a été fait pour quoi ? Pour intimider les parlementaires qui souhaitaient me soutenir. Sarkozy est même allé proférer “je vais m’occuper de lui et de son investiture !”. »

Pourquoi cet acharnement de la part du président des Républicains ? « Je ne sais pas, vous n’avez qu’à lui demander », balaie M. Lefebvre, visiblement agacé.

C’est donc au titre de Nouveaux Horizons, microparti qu’il a lui-même fondé en 2012, qu’il s’est déclaré candidat pour « renverser le système ». Le député se pose ainsi en victime et en pourfendeur d’un « système, sans visage, qui est le fruit d’une dérive : le pouvoir, depuis trente ans, il est parisien, il est autocentré, il est énarchique. Il faut bien comprendre, le système, il tient toutes les clés du pouvoir : les banques, les boîtes du CAC40, les cabinets ministériels. Ce sont eux qui dirigent ».

« De la petite politique »

Les 3 500 adhérents revendiqués et un parti quasiment sans ressources financières suffiront-ils ?

« Vous savez, peu importe le nombre, ce que je souhaite, c’est qu’on refasse de la grande politique et qu’on cesse de tromper les gens. Prenez le numéro de la gauche et de la droite sur la déchéance de nationalité : la droite exige que ça soit dans la révision constitutionnelle, la gauche du coup, se déchire. Mais une fois que le président de la République tient bon et la met dans la révision constitutionnelle, la droite comme par hasard… dit qu’elle votera contre ! C’est absurde et hypocrite. Cela uniquement dans le but de lui tirer le tapis sous le pied, pour qu’il se casse la gueule. C’est de la petite politique. »

Fustigeant le système politico-médiatique, l’ancien ministre entend être « le porteur de l’histoire » de sa famille politique face aux dérives identitaires qui la traversent.

Assumant pleinement ce positionnement, il forme le vœu d’un « réveil citoyen et politique », tout en voulant imposer les thèmes de revenu universel et d’économie collaborative lors de la primaire de la droite. A condition toutefois de pouvoir y participer.

Ce qui semble hautement compromis, d’après un organisateur de la primaire, qui considère qu’il y a « plus de 99 % de chance que sa candidature soit jugée irrecevable par la Haute Autorité. Il y a des procédures, et il ne les a pas respectées ».

Est-ce le signe d’un parti verrouillé par son chef ? Frédéric Lefebvre l’assure. Il s’oppose à cette pratique du pouvoir, car, pour lui, « l’objectif de la politique, c’est d’additionner les différences. Des sensibilités différentes, comme celle de Nathalie Kosciusko-Morizet et la mienne, doivent pouvoir s’exprimer dans ce parti ».

Deux grilles de lecture seront probablement avancées dans les jours à venir afin d’analyser cette candidature : soit elle est l’œuvre d’un homme isolé n’ayant plus rien à perdre, soit elle est l’œuvre d’un homme déterminé à porter ses idées jusqu’au bout. Quoi qu’il en soit, l’ancien lieutenant a ici marqué une rupture définitive avec Nicolas Sarkozy. Désormais, il a fait le choix de le regarder, droit dans les yeux. « Il ne m’arrêtera pas. » Le verdict de la haute autorité est attendu le 21 septembre.

Pierre Bussière (« Le Monde » Académie)