Pétrole : l’OPEP, sous la pression de Trump, décide d’une modeste augmentation de la production
Partager
Tweeter
Énergies

Pétrole : l’OPEP, sous la pression de Trump, décide d’une modeste augmentation de la production

L’accord trouvé vendredi à Vienne pourrait correspondre à une augmentation d’un million de barils par jour à partir de juillet.

Le Monde | • Mis à jour le | Par

Les pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ont finalement accepté, vendredi 22 juin, de relever leur production, sous la pression du président états-unien, Donald Trump, qui estimait que la stratégie du cartel pétrolier avait trop fait monter les prix du pétrole.

Les Saoudiens s’étaient décidés à augmenter la production pour faire baisser les prix, mais l’Iran s’est opposé à cette stratégie. Jeudi soir, à Vienne, le ministre du pétrole iranien a claqué la porte d’une réunion préparatoire, pour signifier son désaccord quant à une hausse de production.

Il a fallu une négociation serrée dans les couloirs feutrés du secrétariat de l’OPEP, vendredi matin, pour trouver une formule qui convienne aux différents pays de l’organisation, et qui recueille l’assentiment de son puissant partenaire russe.

Respecter l’accord de novembre 2016

Le cartel est donc parvenu à un accord qui ne mentionne pas le volume de la hausse de production, même si le ministre du pétrole saoudien, à la manœuvre dans les négociations, a estimé qu’elle serait équivalente à un million de barils par jour.

Pour arriver à ce tour de passe-passe, l’OPEP a trouvé une astuce. En novembre 2016, l’Organisation, la Russie et plusieurs autres pays producteurs de pétrole s’étaient mis d’accord pour réduire la production de 1,8 million de barils par jour, pour faire remonter les prix mondiaux du pétrole, qui s’étaient effondrés. Mais la déroute pétrolière et économique du Venezuela, ainsi que les difficultés en Libye et en Angola, ont amené le cartel a largement dépasser ces quotas de réduction, passant à 2,8 millions de barils par jour de réduction, au lieu de 1,8 million prévu.

Résultat : ce nouvel accord de juin 2018 consiste surtout… à respecter l’accord de novembre 2016. « Nous avons collectivement décidé que nous devons atteindre cet objectif à 100 % », a expliqué le président par intérim de l’OPEP, l’Emirati Souhail Al-Mazroui.

Il a admis qu’il y avait « des différences entre certains pays » du cartel, et que cela ne permettait pas de préciser une répartition des hausses de production. Interrogé à plusieurs reprises sur le sujet, M. Al-Mazroui s’est contenté de répondre qu’il s’agissait d’un « objectif collectif » et qu’il représentait déjà « un défi » pour certains pays.

« Ce n’est pas transparent »

Ce qui veut dire que certains pays – comme l’Arabie saoudite – peuvent augmenter leur production de manière significative pour répondre à la demande du marché, alors que d’autres, qui ne peuvent pas extraire plus – comme le Venezuela ou l’Iran – n’auront pas à le faire. D’autant que l’OPEP ne s’est dotée d’aucun instrument de contrôle du respect de ses engagements.

Autrement dit, l’Arabie saoudite pourra afficher une augmentation de la production et l’Iran pourra affirmer que le contrat de novembre 2016 est toujours en vigueur. De quoi contenter tout le monde au sein du cartel.

« De fait, cet accord laisse les Saoudiens produire autant qu’ils veulent. Le seul problème c’est ce que ce n’est pas transparent », confiait un très bon connaisseur du cartel. « S’il n’y a pas de détails spécifiques sur la hausse de la production, il n’est pas sûr que cela plaise beaucoup aux marchés », estimait ainsi l’analyste Cornelia Meyer. De fait, le prix du baril a continué à augmenter pendant l’annonce de l’accord trouvé à l’Opep, signe que cette hausse de production ne sera peut-être pas suffisante pour faire baisser les prix.

Mais il n’est pas sûr que Donald Trump se satisfasse d’un accord moins décisif que ce qu’il espérait. Le président américain a réagi dans la foulée sur Twitter : « Espérons que l’OPEP va accroître sa production de manière significative. Il faut faire baisser les prix ! ». Une manière de continuer à mettre la pression sur les Saoudiens et leurs partenaires.

Lire aussi :   Pétrole : l’Arabie saoudite et la Russie font front commun face à l’Iran