Dans la nuit du 13 au 14 juin 2017, un terrible incendie ravage la tour HLM Grenfell, située dans un district de Kensington et Chelsea, l’un des plus riches de Londres. Soixante-dix-neuf personnes y perdent la vie, dont bon nombre d’immigrés et de réfugiés. L’incendie devient le symbole des excès de la déréglementation et ajoute aux tensions politiques qui agitent le Royaume-Uni depuis le référendum sur le Brexit. L’enquête publique sur les causes de cette tragédie a débuté le 21 mai.
Une dizaine de jours plus tard, la London Review of Books publie un long article tentant de faire la lumière sur les événements de juin 2017, mais aussi sur ses suites. La revue bimensuelle est connue pour être un lieu de débats, proposant régulièrement, outre de longs papiers critiques sur l’actualité éditoriale, des textes de réflexion ou des enquêtes signées par des intellectuels ou des écrivains.
L’article sur la tour a ainsi été confié au romancier écossais Andrew O’Hagan, publié en France chez Christian Bourgois. Ce type de commande est typique d’une tradition littéraire anglo-saxonne qui mêle sans sourciller l’essai personnel et l’enquête journalistique. Andrew O’Hagan est un familier du genre : pour la même revue, il a enquêté sur le New Labour ou la fin de la vie privée.
Aucune « intention de tuer »Ce nouvel article ajoute à la controverse entourant l’incendie qui a dévasté la tour londonienne. Certains ont dénoncé des erreurs factuelles dans l’article, d’autres ont contesté les propos qui leur étaient attribués. Enfin, l’avocat représentant Behailu Kebede, l’homme chez qui l’incendie a débuté, a démenti l’information selon laquelle il aurait pris soin de préparer une valise avant de prévenir ses voisins. La version en ligne a été corrigée afin de retirer ces allégations.
La thèse que défend Andrew O’Hagan fait, elle aussi, débat. Son article réhabilite le conseil municipal de Kensington et Chelsea, cible de critiques depuis un an : la...